L’Elysée et Emmanuelle Mignon semblent avoir choisi de confier les groupes de travail des Etats généraux de la presse à Arnaud de Puyfontaine, ancien président d’Emap et de Mondadori France et ancien président de l’Association pour la promotion de la presse magazine (APPM), émanation du SPMI (aspects économiques et industriels de la presse), Bruno Patino, directeur général de France Culture et ancien vice-président du directoire du groupe Le Monde, ex-président du Monde Interactif et de Télérama (réflexion sur le numérique), Bruno Frappat, président du directoire du groupe Bayard Presse (métiers du journalisme) et à François Dufour, fondateur du groupe Play Bac Presse, éditeur du Petit Quotidien, Mon Quotidien et L’Actu (presse et société).
Si ces choix sont confirmés, le SNJ-CGT considérera alors que ces Etats généraux ne sont qu’une opération de pure mystification.
Les quatre « personnalités » choisies sont toutes des patrons de presse liées à leurs organisations professionnelles dont les exigences vont toutes dans le sens d’une régression sociale et non dans le sens d’un développement du nécessaire pluralisme et d’une meilleure information.
Comment ces « animateurs » pourraient-ils rendre compte, de façon non partisane, des positions souvent antagoniques de toutes les parties intéressées à l’avenir de la presse ? Comment pourront-ils aborder sereinement le problème des droits d’auteur des journalistes alors qu’ils sont tous partisans de leur suppression au profit des éditeurs ?
Il ne manque pourtant pas de chercheurs, d’universitaires et de chercheurs qui auraient pu animer ces débats. Jean-Marie Charon, chercheur, qui vient de terminer une étude prospective pour l’Observatoire des métiers de la presse, un organisme paritaire, n’aurait-il pas été plus qualifié que Bruno Frappat pour animer le groupe de travail sur les métiers du journalisme ?
Arnaud de Puyfontaine pourra-t-il faire semblant d’ignorer la contribution de son syndicat, le SPMI, au rapport de Mme Giazzi ?
Bref, ces Etats généraux, que le SNJ-CGT a réclamés avec force à maintes reprises depuis plusieurs années, démarrent sous les plus mauvais auspices. Si cela devait rester en l’état le SNJ CGT n’y verrait qu’un simulacre de discussion et dans la droite ligne de la Commission Copé, la tenue de ces Etats Généraux se limiterait donc à entériner les concepts sarkozyens visant à mieux contrôler l’information et réduire le pluralisme au profit des seuls "amis" du chef de l’Etat à la tête des grands groupes de presse écrite ou audiovisuelle.
Le SNJ-CGT réitère sa demande d’être reçu par Mme Mignon dans les meilleurs délais.
Montreuil, le 28 septembre 2008
Voir aussi sur le même sujet un premier communiqué du SNJ du 27 mai 2008. (Acrimed)