I. Presse écrite
1. Fabrication et distribution
- AFP : modernisation = privatisation. Alertés par le rapport Giazzi (lire plus bas « états généraux et « généreux » de la presse », l’Intersyndicale de l’AFP, comme on peut le lire ici même, se prononçait clairement, dès le 19 septembre : « Non à la privatisation de l’AFP ! ». Le 1er octobre, c’est au tour de la Société des journalistes de l’Agence de lancer « un avertissement sur la transformation de l’agence de presse en société anonyme »). Cause toujours… Le 25, le syndicat de journalistes SNJ-CGT alerte : « Nicolas Sarkozy [s’attaque] à l’AFP en lançant le chantier de la privatisation » de l’agence. En effet, Pierre Louette, son Pdg, a reçu mandat de la part de son actionnaire (L’Etat) de « créer un "actionnariat stable" ». Ce qui est sans ambiguïté : « "faire avant la fin du premier trimestre 2009 des propositions en vue d’une modernisation du statut de l’Agence" ».
- Agences de presse privées. Autre pierre dans le jardin de l’AFP et nouvelle brique dans la verticalisation de la chaîne de l’information au bénéfice des groupes privés : NextRadioTV (qui est propriétaire de BFM, RMC, La Tribune et dont les recettes publicitaires ont augmenté sur neuf mois (selon La Tribune du 21 octobre) crée RMC Sport, « une agence de presse multimédia spécialisée dans le sport ».
- Les NMPP toujours en lutte. En amont de l’inquiétude de la profession de journalistes (27000 précaires – pigistes, CDD renouvelés ad vitam, correspondants locaux chassés du statut de journalistes …) le syndicat général du livre et de la communication écrite CGT (SGLCE-CGT) se bat contre le plan de modernisation imposé par Lagardère (Défi 2010) : le 16 septembre et le 25 octobre, les Nouvelles messageries de la presse parisienne ont débrayé.
Le camp d’en face est uni, car cette fois-ci : « Unanimes, les éditeurs de presse ont condamné la grève des ouvriers du Livre des Nouvelles messageries de la presse parisienne, qui a empêché la parution de la très grande majorité des quotidiens » (Newsletter de Cb News, 18 septembre). Enfin, le JDD (de Lagardère) a menacé les grévistes de poursuites judiciaires.
- Pub et Médias, vases communicants. On savait qu’Alain de Pouzilhac occupait la fonction de publicitaire (Havas) avant que de diriger France 24. Voilà que Robert Namias, « qui jusqu’en juin dernier assurait la direction de l’information de TF1, rejoint le groupe présidé par Maurice Lévy. L’ancien journaliste va, à compter du 1er octobre, prendre place au 133 avenue des Champs-Elysées en qualité de conseiller auprès du président du directoire. Il prend également la vice-présidence de Publicis Consultants France, entité spécialisée dans la communication corporate présidée par Eric Giuily » (Newsletter de Cb News, 23 septembre).
2. Presse quotidienne
- Il va y avoir du sport. Des nouveaux quotidiens arrivent, pour mieux nous délivrer l’information essentielle. 10 sport (3 novembre) arrive, « dirigé par Michel Moulin, ex-conseiller sportif du PSG et ancien directeur général du groupe Hersant Medias. Il a investi personnellement "quelques millions d’euros" dans le projet développé avec le groupe NextRadioTv d’Alain Weill ». Lequel a précisé « que sa participation n’était pas financière mais se limitait à un apport en nature (capital social et promotion) et en industrie (commercialisation de l’espace publicitaire) » (Newsletter de Cb News, 24 septembre). Robert Lafont (éditeur de Entreprendre, l’Essentiel de l’Auto) annonce aussi prochainement un quotidien entièrement consacré au football. Idem, pour le groupe Amaury (qui détient l’Equipe).
- Le Monde vend ses Cahiers. L’éditeur international Phaidon est tenté par la cession des Cahiers du Cinéma. Le Monde, son propriétaire actuel en phase de renflouement, estime que les « qualités » de Phaidon sont « autant d’atouts pour assurer, dans le respect de la dimension sociale de l’entreprise, la pérennité et le développement des Cahiers du Cinéma » (Newsletter de Cb News, 15 octobre). Alain Minc joue encore dans la partie, prévoyant « 150 emplois supprimés [au Monde] si la recapitalisation est reportée d’un an » (AFP, 23 septembre). A noter que Prisa qui lorgne sur Le Monde a besoin d’argent (« une dette de 4,8 milliards d’euros ») : « Quatre fonds d’investissements, trois américains et un français, sont en train de négocier leur entrée au capital du groupe de presse espagnol » (Newsletter de Cb News, 16 octobre).
- Libération regarde vers le web et augmente son prix papier. Tendu sur sa conversion en média global, Libération a de nouveau reconfiguré son site pour « accentuer sa présence sur le web ». Le quotidien la doublera déjà certainement, en lançant par ailleurs pour bientôt « le premier "Facebook de l’information" » (Newsletter de Cb News, 30 septembre). Mais surtout, parce que « l’information a un coût et que l’indépendance n’est pas gratuite », le quotidien s’appuie sur cet argument pour augmenter son prix et sans doute plutôt pour ne pas dire qu’il pallie la chute de ses ventes « de 8,5 % sur les huit premiers mois de l’année par rapport à 2007 » (Newsletter de Cb News, 16 octobre). Enfin, toujours sans complexes, Libération a publié un numéro en papier magazine entièrement financé par Chanel : « Nous réalisons le 24 octobre grâce à notre partenaire annonceur, un Libé exceptionnel sous un format magazine, pour, nous l’espérons, le plus grand plaisir de nos lecteurs". » nous tartine le communiqué (Newsletter de Cb News, 24 octobre).
- Le Figaro - entoilé heureux - souhaite converger. Au mois de juin 2008, lefigaro.fr est devenu le premier site d’information en France dépassant pour la première fois celui du Monde. Du coup, Pierre Conte, son directeur général adjoint explique dans son journal (16 juillet) que « la mutation opérée vers le numérique […] nous amène naturellement vers l’audiovisuel ». Parallèlement : « il reste enfin à monétiser encore mieux l’audience que nos sites génèrent. Pour cela, il faut développer de nouveaux formats publicitaires avec une meilleure personnalisation des cibles et accélérer encore notre présence dans l’e-commerce. ».
- Le Figaro et son plan de réorganisation. Les élus du comité d’entreprise (CE) ont émis le 21 septembre « un avis négatif sur le plan de réorganisation ». Avis motivé : 45 journalistes ont décidé de quitter l’entreprise dans le cadre de ce plan de départs volontaires, qui entraîne une réorganisation jugée coûteuse par le SNJ qui déplore « "qu’on ait recours à 14 embauches extérieures pour assurer la réorganisation de la rédaction après les départs", au lieu de privilégier des promotions en interne » (Newsletter de Cb News, 22 septembre). Dans la foulée, la CFDT, CFTC, SGJ-FO, SNPEP-FO ont demandé « un audit sur le coût réel et l’efficacité du plan de départs volontaires qui s’est achevé fin juin, ainsi que ses conséquences humaines dans l’organisation quotidienne du travail » (Newsletter de Cb News, 29 septembre).
- La Tribune réduit sa distribution et se relooke. La Tribune, rachetée en février par la holding d’Alain Weill News Participations, va voir, sur décision de ce dernier, « le nombre des points de vente [...] réduit considérablement ». Objectif : « Tous rentables. ». Pronostic : il « verra ses pertes (17 M€ en 2007) "très fortement réduites en 2008" » (Newsletter de Cb News du 1er septembre). La Tribune tente également la relance avec une nouvelle maquette (Newsletter de Cb News du 27 octobre).
- Liaisons dangereuses : Beytout (Les Echos) et Olivennes (Nouvel Observateur) suspects. Le SNJ des Echos, suspicieux, « a fait part de "sa très grande réserve" à propos de la collaboration de Nicolas Beytout [1] avec i-TELE pour laquelle il va animer une émission hebdomadaire ». Selon le SNJ (communiqué du 11 septembre), Beytout « peut être amené à discuter d’importants contrats publicitaires avec de gros annonceurs, sans qu’il soit exclu a priori de voir leurs dirigeants invités à cette émission, ce qui justifie de nouvelles craintes ». Autre confusion des genres : selon Marianne.fr (24 septembre), « Quelques mois auront suffi à Denis Olivennes pour s’imposer comme le patron du Nouvel Observateur. De fait, il est aujourd’hui le super directeur de la rédaction de l’hebdomadaire. Des journalistes évoquent un putsch sur la rédaction et redoutent certains conflits d’intérêts. L’exemple de Nicolas Beytout aux Echos n’apaisera pas leurs craintes » .
- Bolloré a besoin d’intelligence. « On va aller sur un journal payant dès qu’on pourra. Il pourrait être conçu suivant le modèle d’Il Foglio, un journal de gens intelligents », déclare Vincent Bolloré. CB News du 30 septembre, qui transmet cette précieuse information, précise le volume requis pour s’adresser à ces « gens » : « Il Foglio est un journal de quatre pages , qui se veut le quotidien de l’intelligentsia de droite italienne. »
- Gratuits : Formule nouvelle et naissance. « Le vrai problème des quotidiens n’est pas la distribution, mais leurs contenus inadaptés et la défiance du public envers les journalistes » (Afp, 11 septembre) pense Jean-Pierre Bozo, Pdg de 20 Minutes dont il change la formule en novembre : « l’illustration aura une plus grande place [et] la place faite à l’information locale sera renforcée, ainsi que la couverture des sujets économiques » (Le Figaro du 4 septembre). Par ailleurs, et vers le mois de mars, pour compléter l’offre des deux quotidiens gratuits Direct Matin Plus et Direct Soir, Bolloré envisage « de lancer un hebdomadaire gratuit du week-end, baptisé "Direct week-end" » (CB News du 30 septembre). Un quotidien payant pour les gens intelligents, et des gratuits pour les autres…
2. Presse Régionale
- Ouest-France va licencier. Ouest-France « envisage de supprimer d’ici la fin de l’année quelque 120 à 130 emplois techniques et administratifs dans le cadre du plan de modernisation sociale de la presse quotidienne régionale aidé par l’Etat. » (Newsletter de Cb News, 3 septembre). Ces employés ne pourront guère se reconvertir dans un média du Grand Ouest : le groupe Ouest France est en situation monopolistique après avoir racheté tout ce qui ressemble de près ou de loin à un média dans la région.
- Les DNA aussi… « Treize des quinze journalistes de la rédaction mulhousienne des Dernières Nouvelles d’Alsace ont voté une grève illimitée, hier [le 29 septembre]. Ils protestent contre un projet de restructuration qui devrait être discuté aujourd’hui en comité d’entreprise extraordinaire. Il comprendrait une baisse de 50 % du nombre de pages consacrées à l’actualité locale. Mais surtout, selon une source syndicale, il prévoirait une réduction de moitié des effectifs de l’agence "avec un plan de mutation dans l’entreprise pour sept ou huit journalistes" » (20 minutes.fr, 30 septembre).
- La Provence à l’ère Hersant. « Hersant Média reprend en main La Provence » (Les Echos du 24 juillet) : le 15 juillet, Didier Pillet, président de La Provence et du Groupe Hersant Média « a décidé le départ du chef de service "faits divers" pour "problème de compétence" ». Conséquence : « La rédaction grince des dents et, plus encore le Syndicat national des journalistes (SNJ) est également monté au créneau en soulignant "l’interventionnisme du PDG" », écrit Le Figaro du 15 juillet, dont la rédaction sait à quoi s’en tenir puisqu’elle « dénonce l’omniprésence de Serge Dassault » (lemonde.fr, 8 octobre).
3. Magazines
- Evaluation salariale, victoire historique sur Wolters-Kluwer France. Les syndicats CGC-CFDT-FO- SNJ/CGT annoncent une « première historique » en France : « Le TGI de Nanterre a jugé illicites les critères d’évaluation des salariés mis en place par le groupe Wolters-Kluwer France (Liaisons Sociales quotidien et magazine, Entreprise & Carrières, la Semaine sociale Lamy, ASH...). Ce jugement constitue une avancée pour tous les salariés confrontés à des systèmes de notation basés sur des critères comportementaux et non-professionnels. »
- Acquis sociaux en danger à L’Express . Sitôt la loi démantelant le principe des 35 heures votée (début juillet), la direction du Groupe Express Roularta a annoncé son intention de dénoncer les accords. Lire ici même, motion et communiqué du 9 septembre : « Contre le projet de remise en cause des 35 heures par le Groupe Express Roularta. Résultat : Les salariés du groupe ont débrayé le 12 septembre et la direction a dû reculer. Provisoirement ?
- Intimidation industrielle à Auto Plus . Le 15 juillet, Eric Figliolia, journaliste du magazine Auto Plus a été placé en garde à vue à la suite d’une plainte de Renault pour « espionnage industriel », assorti d’une perquisition dans les locaux du magazine, dans le XXe arrondissement de Paris. Selon le directeur de la rédaction, Laurent Chiapello, « il s’agit d’une première dans l’histoire du journal [comme] dans l’histoire de la presse automobile » (Le Parisien, 15 juillet).
4. Internet
- Expansion de Bakchich.info. Bakchich.info a racheté Desourcesure.com et prévoit un projet de Web TV. « La fusion Bakchich-De source sûre aurait pour but de présenter sur le "marché publicitaire un produit commun" » relaie Challenges (4 septembre).
- L’économie fait vendre suite… La crise fait vendre, et l’information économique jubile…
– Naissance d’Eco89 : « La famille Rue89 s’agrandit. La naissance, dans la nuit de mardi à mercredi, d’Eco89, annoncée ici même depuis quelques semaines, s’inscrit en effet dans le développement de notre rue, née il y a près de dix-sept mois. » (Communiqué de presse, 1er octobre).
– Par ailleurs, Le Monde (22 septembre) annonce un « nouveau site français dédié à l’information économique […] en octobre. […] déclinaison hexagonale (alliance entre le norvégien Schibsted, et 20Minutes.fr) du site E24 qui existe déjà en Norvège ».
– Enfin, « Le groupe de presse financière Agefi achète Asset News, éditeur du site Newsmanagers.com, spécialisé dans la gestion d’actifs » (journaldunet, 9 septembre).
II. Audiovisuel
1. Audiovisuel public
Tandis que le Parlement est invité à adopter le projet de loi qui consacre la marginalisation et la subordination de l’audiovisuel public, les petites et les grandes manœuvres se poursuivent.
- Bruxelles la cerise sur le gâteau de la Réforme. Le calendrier de la dérégulation de la publicité votée à Bruxelles rejoindra de manière heureuse (et certainement peu fortuite) la réforme française. De fait, la transposition de la directive Services de médias audiovisuels (SMA) qui devrait être débattue au Parlement d’ici à la fin de l’année, prévoit « le passage de la comptabilisation de la durée publicitaire à l’heure d’horloge […] qui accroît pour les chaînes privées la possibilité de maximiser les écrans publicitaires en prime time ». Ajoutons « le rétablissement de la seconde coupure publicitaire dans les films » et « l’augmentation du volume de publicité sur les chaînes privées ».
- La loi de la jungle. Mais malgré tout cet arsenal qui abonde en manne publicitaire des innombrables intérêts du secteur privé (télévisions, publicitaires, producteurs, diffuseurs, télécoms…) [2], l’inquiétude se manifeste chez eux.
Par exemple, selon la Newsletter de Cb News du 25 septembre, « PQN 12 qui regroupe les douze quotidiens nationaux fera une campagne de promotion en décembre 2008 et janvier 2009 pour séduire les annonceurs actuels de France Télévision. » Le but est limpide : « profiter au maximum de la suppression de la publicité après 20heures sur le service public à compter du 1er janvier 2009 ».
Enfin, la Fédération française des télécoms qui regroupe tous les opérateurs (fixe, mobile et internet) a appelé le 24 octobre « à la sagesse du Parlement pour modifier ou retarder l’adoption du volet financier du projet de loi » de réforme de l’audiovisuel public. Un projet de loi qui, précise Le Monde qui, le 23 octobre, rapporte cet appel à la sagesse, « prévoit notamment une taxe de 0,9% sur le chiffre d’affaires des opérateurs télécoms et des fournisseurs d’accès internet pour financer la suppression de la publicité ».
- La mutation de la publicité angoisse. Même s’il faut le nuancer, un constat semble s’imposer : la publicité est en mutation profonde et fuit les grandes messes ou les formats habituels, en se diluant sur des supports et d’autres formats, moins onéreux et plus ciblés. 57,8% des foyers sont équipés en TNT, « l’équipement est devenu massif. Les régions et les catégories socioprofessionnelles qui avaient pris du retard, l’ont rattrapé », déclare Alain Méar, membre du CSA (Newsletter de Cb News du 6 octobre). Résultat, selon Les Echos du 24 juillet : « la citadelle hertzienne vacille sous les coups de boutoir de la TNT et des autres modes de consommation émergents [télévision de rattrapage] ». Et d’ajouter : « Avec leurs 22 % de part d’audience, les chaînes de la TNT deviennent donc une alternative crédible aux chaînes historiques. » Un spécialiste (Philippe Bailly, NPA Conseil) poursuit : « Au train où vont les choses, en 2009, le premier agrégat d’audience sera les “autres télés” (câble, satellite et TNT) et non plus TF1. Symboliquement, c’est important » (« Quand la TNT fait exploser le paf », Les Echos, 24 juillet). Symboliquement, peut-être… Mais mieux vaut ne pas perdre de vue que TF1 (qui attend la réforme de France Télévisions) s’est déjà mué en média global et a pris position sur la TNT. « TF1 a choisi TV Breizh comme chaîne bonus et prépare des lancements de sites » (Newsletter de Cb News, 3 septembre).
- Pouzilhac est parti négocier. Alain de Pouzilhac, président d’Audiovisuel extérieur de la France (AEF), a quitté mais « provisoirement » la tête de la chaîne d’information internationale France 24, pour « prendre une part active dans les négociations qui devraient conduire à la sortie de l’actionnaire privé TF1 du capital de France 24 » détenue en otage par TF1, qui a versé 17 500 euros au capital social et « réclamerait 45 millions d’euros pour céder cette participation ». Nonce Paolini, à la tête de la chaîne s’en explique : « A notre demande, la banque Rothschild a fait, en toute indépendance, une évaluation de France 24. La chaîne a été appréciée à 90 millions d’euros, soit 45 millions pour la part de TF1. Cette appréciation peut être discutée, mais la sortie de TF1 de France 24 ne pourra s’opérer sans compensation » (Télérama, 3 septembre).
- L’« AEF » (Audiovisuel extérieur de la France) en cale sèche. En pleine ère de mariage improbable entre la carpe et le lapin (RFI, France 24, TV5 Monde), 2009 sera « une année de rigueur pour le nouveau holding Audiovisuel Extérieur de la France », prévient La Tribune du 16 octobre. D’ores et déjà, selon la Newsletter de Cb News (28 octobre), « Alain de Pouzilhac et Christine Ockrent, ont présenté le 24 octobre dernier au comité d’entreprise un projet envisageant l’arrêt de la diffusion des programmes en six langues (allemand, albanais, polonais, serbo-croate, turc et laotien). “L’argument, c’est qu’il n’y a pas assez d’audience", a expliqué une source syndicale. »
- Tu marches ou tu dégages à France 24. En plein été, le directeur d’antenne, et le rédacteur en chef de la chaîne ont été virés. Selon Juliette Igier, déléguée syndicale SNJ-CGT, « Grégoire Deniau et Bertrand Coq se sont imposés dans cette rédaction. Ils n’étaient pas aux ordres. Sans doute que la direction attendait le bon moment pour les évincer. On évoque des tensions entre Christine Ockrent et Grégoire Deniau, l’indépendance des deux journalistes vis-à-vis du Quai d’Orsay ou un livre de Bertrand Coq dans lequel Bernard Kouchner n’était pas épargné. On se souvient également d’un passage houleux de Kouchner dans une émission de France 24 » (marianne-en-ligne, 19 septembre). Dans ce contexte et surtout parce que « le Code du travail et les Conventions collectives ne sont pas toujours respectés », un certain de nombres de salariés de France 24 ont décidé de créer une section syndicale CGT.
2. Télévisions privées
- M6 décroche en région. Les salariés des cinq antennes locales de M6, Toulouse, Bordeaux, Marseille, Lille et Lyon, étaient en grève les 18 et 19 octobre « pour protester contre la réorganisation à venir des décrochages locaux ». Selon Alain Vivier du syndicat SNJ-CGT cité par La Dépêche du Midi du 18 octobre : « Si la chaîne ne conserve qu’un ou deux correspondants par bureau, il y aura forcément des licenciements. »
- TMP, pas gagnée mais déjà préemptée. Alerte ! « À seulement 6 mois du lancement des premières offres », la Télévision Mobile personnelle (TMP) « est encore loin du succès que certains lui prédisent : selon une récente étude d’Harris Interactive, seulement 59% des personnes interrogées déclarent avoir déjà vu, lu ou entendu des informations relatives à la TMP » (mediabb.com, 13 juillet 2008). Mais il ne faut pas s’inquiéter, car Orange, par la bouche de Xavier Couture, annonce son intention de « lancer cinq chaînes cinéma » dans un projet qui, dit-il, « intègre d’origine les trois écrans -téléviseur, ordinateur, mobile- avec des fonctionnalités nouvelles » (Newsletter de Cb News, 6 octobre). Un projet qui suscite les critiques de l’Arcep (l’autorité de régulation des télécommunications) : « le président du gendarme des télécoms, Paul Champsaur […] a critiqué cette stratégie d’exclusivité. Selon lui, le jeu de la concurrence est faussé "si un gros opérateur de réseau devient lui-même acheteur et assembleur de contenus pour son usage exclusif", écrit-il dans la lettre mensuelle d’octobre » (Journal du Net du 8 octobre).
3. Radios
- la Radio Numérique Terrestre (RNT), ou comment se débarrasser des non rentables. Le CSA a reçu plus de 350 dossiers pour la Radio Numérique Terrestre qui sera lancée d’ici décembre et annonce la fin des fréquences hertziennes en 2011. « Ce grand nombre de candidatures témoigne de l’adhésion des radios à un nouveau mode de diffusion », se félicite Michel Boyon, président du CSA (Newsletter de Cb News, 8 octobre). Une « adhésion » de… ceux qui ont les moyens de s’aligner sur les contraintes techniques (normes) très coûteuses et espèrent bénéficier de la manne publicitaire. Les radios associatives, elles, sont menacées par les exigences pécuniaires du projet. Certes, « le conseil régional d’Ile-de-France va aider les radios associatives à hauteur de 1 M€ » qui devront être consacrés à l’équipement », au fonctionnement ou à la diffusion (Newsletter de Cb News du 17 octobre). Et partout ailleurs ? Lire notre article « Passage au numérique : des radios en lutte expliquent leur combat ».
- Liaisons dangereuses : France Inter édite Aubry. Le dernier livre de Martine Aubry, a été co-écrit avec le journaliste Stéphane Paoli et co-édité par les éditions de l’Aube et France Inter. Le SNJ de la station s’émeut : « Le malaise s’installe lorsque l’on découvre sur l’ouvrage le logo de France Inter. Après avoir parrainé le disque de la première dame, France Inter soutiendrait-elle le livre du maire de Lille à la veille du congrès du Parti Socialiste ? (…) Le SNJ demande donc en urgence l’organisation d’une réunion qui permette de clarifier les principes du partenariat ». Et Jean-Michel Aphatie, ex-Inter, zélateur chantant de l’éthique journalistique se gausse sur son blog : « Sans doute le fait de vivre de l’argent public oblige-t-il les dirigeants de l’entreprise publique à d’avantage (sic) de retenue et de distance dans le débat public. » (12 septembre).
Et pour finir…
– L’avenir radieux du numérique
- Le plan numérique d’équipement. Le gouvernement a présenté, le 20 octobre « les mesures phares » du plan « France Numérique 2012 », destiné à réduire la fracture « numérique » et « relancer la croissance ». Le plan vise à permettre à « "tous" d’accéder à l’internet haut débit (contre 61% actuellement) » : basculement vers la TNT, extinction de l’analogique, fréquences hertziennes libérées et partagées en 2009 entre la radio, l’audiovisuel et les services d’accès à internet, etc. (Newsletter de Cb News, 21 octobre.) En clair : équiper (ça peut rapporter gros…) pour mieux créer les conditions de développement des grands groupes de médias affranchis des limites actuelles aux concentrations : ça peut rapporter encore plus. Mais à qui ?
- Des études qui tombent à pic. L’avenir est prometteur : les Français dépensent 2 270 € par an dans les nouvelles technologies (TV, téléphonie, internet, PC, consoles de jeux...) et les médias (presse, cinéma, musique) selon une étude de Médiamétrie de septembre, soit « aux alentours de 8% de leur revenu en moyenne », et pour les plus pauvres (« ceux qui perçoivent moins de 15 000 € par an ») près de 17% de leur revenu. Mieux : les perspectives sont enchanteresses : selon PriceWaterHouseCoopers, l’industrie des médias et des loisirs va tirer l’économie mondiale au cours des cinq prochaines années. L’explosion des médias numériques et mobiles contribuerait pour un quart à la croissance globale du secteur qui pourrait connaître jusqu’en 2012 une croissance moyenne de 6,6% par an. « "Conséquence, souligne l’étude, les versions traditionnelles des activités soumises à la concurrence numérique connaissent un développement plus limité que prévu" » (Newsletter de Cb News du 17 septembre).