L’émission « Eclectik » du samedi 29 novembre a permis d’entendre des excuses en bonne et due forme, sans ambiguïté ni faux-fuyant qui tentaient explicitement d’expliquer ce qui s’était passé sans le justifier.
Cette mise au point est suffisamment exceptionnelle dans des médias prompts à se satisfaire de simples « rectificatifs » pour qu’on donne à l’entendre (sans le rappel de l’extrait du reportage mis en cause que nous avons transcrit dans notre précédent article).
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A la suite du « correctif » du soir présenté le 22 novembre par Denis Astagneau, nous écrivions : « Qui croyait et croit encore être en droit d’attendre des excuses, ou à tout le moins des explications, devra se satisfaire de ces pitoyables “précisions” ». Nous nous sommes trompés.
… Quoique. En effet, la chronique du médiateur, Pascal Delannoy, lors du journal de 13 h, ce même 29 novembre nous réservait des excuses beaucoup plus embarrassées, destinées à relativiser l’erreur commise.
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« Cette semaine, Pascal, vous revenez sur l’interview de l’une des personnes mise en examen dans l’affaire des sabotages à la SNCF »
- Pascal Delannoy : - « Effectivement beaucoup de courriels cette semaine autour d’une interview passée samedi dernier sur France Inter, tout est parti d’un entretien avec Bertrand. Alors Bertrand, c’est un de ceux qui font partie de ceux qui ont été mis en examen dans l’affaire des sabotages à la SNCF. Première diffusion le matin, sur France Inter ,dans l’émission de Rébecca Manzoni, Eclectik, puis reprise d’un extrait dans le journal de 13h, mais plusieurs auditeurs se sont manifestés, depuis, trouvant que le témoignage, finalement, n’était plus, dans sa deuxième version, celle de 13h, fidèle à l’original. C’est par exemple Laurent qui écrit : « pourquoi avoir dénaturé ce reportage ? Ce grand écart est choquant car il prend ce jeune homme en otage en lui prêtant bien des intentions ». Alors voilà pour le reproche qui revient souvent. Pour bien comprendre ce qui s’est passé ce jour –là, j’ai demandé à Denis Astagneau, journaliste et rédacteur en chef ici à France Inter et qui présentait les journaux ce jour-là, de répondre à ces auditeurs. Bonjour Denis »
- Denis Astagneau : -« Bonjour Pascal, bonjour à tous »
- Pascal Delannoy : - « Que s’est-il passé exactement ? »
- Denis Astagneau : - « Alors on a écouté le matin le témoignage de cette alternative donc sur Eclectik, l’émission de Rébecca Manzoni, et on a trouvé que c’était très intéressant parce qu’on n’en avait pas entendu encore des gens de cette mouvance de parler de leurs convictions. Bon , on a dit, bah tiens, c’est très intéressant, mais on va le reprendre donc dans le journal de 13h ; mais si l’interview était en longueur dans l’émission de Rébecca Manzoni, dans le journal de 13h , évidemment, on avait une longueur limitée, longueur limitée à 8 minutes, même un peu moins, et puis en plus on devait, on doit toujours quand on fait une interview dans un journal faire une interview d’un seul interlocuteur, là y avait plusieurs interlocuteurs qui intervenaient dans cette séquence ; on a dit, bon ben, on va prendre 1 interlocuteur, c’est sans doute notre faute, ça a été de couper trop court et effectivement de dénaturer sans doute les propos de ce jeune homme ou en tous cas des gens qui étaient interviewés à ce moment là, parce que au moment où le militant dit et où on lui pose la question des armes et où il dit « les armes, pourquoi pas… »
- Pascal Delannoy : - « Un autre intervient »
- Denis Astagneau : - « Voilà. Un autre militant intervient et dit « des armes psychologiques, des armes politiques », mais évidemment, là, si on coupe avant, on a l’impression que ce militant dit : « des armes pourquoi pas ? des armes, des fusils etc »
Denis Astagneau omet, une fois de plus de mentionner ce passage du reportage initial :
- Une militante : - « Clairement, on ne prône pas la lutte armée . Justement, quand on faisait… on regarde les erreurs du passé, on regarde les erreurs de la RAF, ou des brigades rouges qui se sont mis en groupuscule armé, ça non ».
- Thomas Chauvineau : - « C’est pas ce que vous avez envie de faire. »
- La même : « Non ».
Mais poursuivons…
- Pascal Delannoy : - « Donc vous reconnaissez qu’il manquait, quoi ? 20, 30 secondes pour qu’on ait la bonne explication, et le bon témoignage »
- Denis Astagneau : - « Oui, 20, 30 secondes, voilà, il aurait fallu dire, y a plusieurs interlocuteurs etc., ça changeait un tout petit peu, vraiment oui c’est vrai, on n’aurait peut-être pas dû reprendre ce témoignage tout simplement, il était plus à sa place en longueur dans une émission que court dans un journal où c’est forcément, les paroles sont sans doute beaucoup plus choc »
- Pascal Delannoy : « Puis c’est dommage parce que vous avez Internet et un site où on peut tout entendre et réentendre »
- Denis Astagneau : - « Alors d’abord j’ai passé un rectificatif dans le journal du soir à la demande de la rédaction de l’information mais ça me semblait tout à fait justifié parce que même à l’antenne, à l’écoute, ce témoignage me paraissait tronqué et donc j’ai passé un rectificatif dans le journal du soir, que, évidemment, les auditeurs qui n’avaient pas entendu ni Eclectik ni le journal de 13 h ont sans doute mal compris, mais moi j’ai voulu m’excuser d’avoir tronqué cet interview »
- Pascal Delannoy : - « Et je répète qu’il y a un endroit où on peut tout écouter »
- Denis Astagneau : - « Et puis c’est vrai j’aurais dû envoyer tout simplement sur Internet, franceinter.com, pour que les auditeurs puissent écouter cet interview en entier »
On n’y avait pas pensé : il suffisait d’envoyer l’interview sur le site de France Inter…
Mieux vaut réécouter sur notre site (au début de cet article) la mise au point d’Hélène Jouan.
Henri Maler
- Transcription de Nadine Floury.
NB. Le « fichier son » original de l’intervention d’Hélène Jouran nous est parvenu par un courriel en provenance du comité de soutien aux inculpés de Tarnac. Merci à son auteur anonyme, du moins pour nous.