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Critique des médias sur le Web (janvier-février 2009)

Après « L’actualité des médias », « Lu, vu entendu » et « Dessine-moi les médias », Acrimed inaugure une nouvelle série d’articles : une sélection aussi régulière que possible d’articles de critique des médias parus sur le Web et disponibles gratuitement. Nous avons choisi ceux qui nous semblaient les plus intéressants (et les moins conjoncturels), que nous approuvions totalement ou pas leur contenu.

Cette sélection a été établie grace à l’irremplaçable rubrique « médias » de Rezo et à notre propre portail. Sa présentation et son contenu seront progressivement améliorés. (Acrimed)

Janvier 2009

 Je ne lis plus Charlie Hebdo par Claude Semal (Imagine) - Spinoval. Passons sur sa pédanterie (ce mec est ontologiquement incapable de signer un édito sur la production betteravière sans citer trois fois Spinoza, Nietzsche et Montaigne) et ses haines rabâchées (ses perpétuelles attaques contre Noam Chomsky dépassent l’entendement). Il incarne surtout, je crois - comme Serge July en son temps à Libération -, la figure du « rebelle » recyclé qui, au terme d’un tête-à-queue idéologique jamais explicité, est passé du côté du manche, du pouvoir et de la société du spectacle.

 Le trimestriel XXI démontre qu’un journalisme de qualité est rentable (Journalistiques) - Pendant que les responsables, globalement incompétents, de la presse écrite quotidienne quémandent de l’argent au pouvoir politique et tandis que des regroupements de journalistes préparent l’avenir en scrutant attentivement leurs rétroviseurs, les créateurs de XXI enregistrent un phénomène à peine croyable : la qualité paie puisque leur trimestriel est rentable au bout d’un an. Et c’est du papier. (...)

 Les revenus web du LA Times couvrent la totalité de la masse salariale de la rédaction du journal (E24.fr) - Au détour d’une phrase, Stanton en a profité pour annoncer que les revenus du site web latimes.com finançaient désormais la totalité de la masse salariale de l’équipe éditoriale du LA Times. C’est-à-dire, non seulement celle du site internet du journal (ce qui suffirait à faire saliver bon nombre de sites français), mais aussi celle du quotidien papier. Soit près de 700 personnes, d’ailleurs regroupées au sein d’une même rédaction, depuis juillet 2008 (...)

  Le Monde braque Télérama par Fernand Nouvet (L’Humanité) - Le Monde a besoin d’argent frais. Et utilise, une fois de plus, une recette facile : prendre un titre qui fonctionne bien, Télérama, et le confier aux usuriers. C’est dans un contexte difficile que le groupe Le Monde s’apprête à lancer, lundi, une nouvelle formule de son quotidien. Il négocie en effet un prêt de 25 millions d’euros auprès de son banquier historique, BNP Paribas, et Natixis pour traverser la crise économique.

 Le « banquier de Poutine » reprend France-Soir . Tout le monde s’en fout (Marianne2) - Le tribunal de Lille a autorisé Alexandre Pougatchev, le fils d’un milliardaire russe, ultra-nationaliste, proche de Poutine à prendre 85% du capital du journal France-Soir. L’occasion de s’interroger sur le tout récent intérêt des milliardaires, notamment russes, pour une presse en pleine crise. Simple philanthropie ? On aimerait tant y croire (...)

 Gag ? Les chaînes privées, victimes de la crise financière, appellent l’Etat à l’aide (Télérama.fr) - Les contribuables français au secours des chaînes privées, comme pour les banques et l’automobile ? C’est (vraiment) ce que réclame Nicolas de Tavernost, patron de M6 (avec Canal et TF1 pas loin derrière). Même si “tout devient possible”, là, franchement, c’est limite...

 Vénézuela : Teodoro Petkoff, une gauche comme il faut (Risal) - La presse internationale a un faible tout particulier pour Teodoro Petkoff. Chaque fois qu’un média hors du Venezuela veut publier une déclaration contre Hugo Chavez, il interviewe l’ex-guérillero et ex-communiste. Ça ne loupe jamais. Et Petkoff dit ce que les médias veulent entendre.

 Bruit de fond médiatique et idéologie dominante (Crise dans les médias) - Oublions ce que nous avons vu au journal télé, ce que nous avons lu sur des sites d’information, des magazines, des "journaux papier", ce que nous avons entendu à la radio. Oublions le contenu. Ce qu’il reste : un bruit de fond, un brouhaha, une tonalité, toujours la même, quelque soit l’actualité.(...) Je relèverai six traits qui caractérisent ce "bruit de fond" perceptible dans les médias. Il y en a certainement d’autres.

 La guerre ou son image ? (Recherche en histoire visuelle) - « Jamais une photographie n’a mis fin à une guerre », tranche Korkos. Pourtant, si l’image n’était pas si dangereuse en temps de guerre, à quoi servirait d’interdire le champ de bataille aux journalistes ? A quoi bon la censure ? Pourquoi la propagande ? Certes, une photographie n’est jamais identifiable comme la cause unique de l’arrêt d’un conflit. Mais ce sont pourtant bien les centaines d’illustrations diffusées par nos médias qui informent notre imaginaire, favorisent l’acceptation d’une guerre ou la rendent progressivement insupportable.

 La guerre de l’image par Patrick Lagacé (La Presse) - Quand je suis allé à Sderot, l’armée israélienne offrait donc des porte-parole capables de s’exprimer en espagnol, en russe, en italien, en français, en grec, etc. Un Berlitz de la propagande militaire.

 Etats Généraux : éditeur en ligne, un métier à aider (AFP-MediaWatch) - Attention ! Il y a un gros risque de ne retenir des propositions, qui seront faites jeudi dans le cadre des Etats Généraux de la Presse Ecrite, que les mesures de soutien à l’imprimerie et aux kiosques, ou celles liées à la fiscalité. Ce serait tout simplement nier, ou sous-estimer, l’actuelle ampleur de la mutation historique qu’affronte la presse pour s’adapter et se réinventer à l’ère numérique.

 La pacification de Gaza par Ran Hacohen (Basta !) - Plus de 200 cadavres gisant à ciel ouvert derrière l’hôpital de Gaza, qui après plus d’un an de siège israélien, ne peut de toute façon rien offrir d’autre à ses patients que des analgésiques. Devinez quel était le gros titre du plus populaire quotidien israélien, Yediot Ahronot, le jour suivant : « Un million et demi de Gazaouis sous le feu ? » Vous brûlez, mais ce n’est pas encore gagné. Le véritable titre du 28 décembre était : « Un demi million d’Israéliens sous le feu ».

 Un journalisme suicidaire par Alain Joannes (Journalistiques) - Souvent la même information rabâchée à outrance pendant plusieurs jours est subitement délaissée sans avoir été clarifiée. Les audiences sont d’autant plus frustrées que le recyclage médiatique brasse plus de plagiat que d’éléments nouveaux. C’est, du matin au soir, la même "info" répétée avec les mêmes angles, les mêmes mots puisés dans un vocabulaire minimaliste, tandis que les commentaires et les éditoriaux ressassent les mêmes idées convenues sur les mêmes thèmes avec de pauvres métaphores desséchées.

 Recension : Les experts cathodiques. Chercheurs face à la tentation médiatique (Liens socio) - C’est précisément à ce rapport entre chercheurs et sphère médiatique dans le cas français qu’est consacré cet ouvrage de Caroline Lensing-Hebben, lui-même tiré d’un mémoire de Master 2 réalisé en 2006 à l’Institut d’études politiques de Paris [8]. C’est plus précisément les perceptions des chercheurs que l’auteure a cherché à recueillir pour éclairer cette « exploitation » réciproque

Février 2009

 Recherche : Misère de l’éditorialisme (L(B)L O G) - Depuis le début de leur mobilisation, les enseignants-chercheurs ont eu à faire face à un adversaire redoutable et plutôt inattendu : les « grandes plumes » de la presse française. Plusieurs d’entre elles n’ont pas hésité à jouer d’un ressentiment anti-intellectuel et anti-fonctionnaires pour tenter de discréditer le mouvement, au mépris de la réalité.

 « Christian Science Monitor » De l’encre à la Toile (Libération) - Le quotidien américain deviendra en avril le premier journal national publié strictement sur Internet, et ne gardera de la version papier qu’une parution hebdomadaire. Un choix précurseur ?

 La fin des journaux et l’avenir de l’information (novövision) - Ce livre est le meilleur que j’ai lu depuis bien longtemps. Il traite précisément de la même question qui me préoccupe sur ce blog depuis sa création : les journaux, le journalisme et même l’information, ont-ils un avenir à l’heure d’internet ?

 Les médias déconsidérés pondent dans Internet par Vladimir Marciac (Le Grand Soir) - Paradoxal postulat : Internet, ça devient crédible entre les mains de spécialistes des médias discrédités. Le laisser à une nouvelle génération de cyberjournalistes bourrés d’éthique, compétents dans le domaine qu’ils traitent, ouverts à la contestation immédiate de leurs écrits, rompus au maniement de la langue et bénévoles (donc gratuits), ce n’est pas sérieux.

  Biba  : Laisse extensible (Les Entrailles de Mademoiselle) - Cinq pages de pub plus loin, le sommaire. Bienvenue chez Biba. Au programme, se faire baiser en ayant l’air baisable, tout en travaillant son potentiel de baisabillité. Quelles positions vous permettent de vous faire baiser tout en vous musclant et en vous montrant, plastiquement parlant, sous votre meilleur jour. (...)

 L’imposture Jacques Marseille (SoBiz) - Dans les colonnes du Point, il est historien. Dans Enjeux les Echos, il est économiste. Sur le plateau d’Yves Calvi, il est historien de l’économie. On l’a aussi connu professeur, écrivain, pamphlétaire, chroniqueur. Bientôt, qui sait, tourneur fraiseur, philologue ou spécialiste des coléoptères en milieu humide. Diantre, que cet homme est multicarte

 Presse : Recherche modèle économique, désespérément... (Stratégies) - Alors que la publicité s’effondre, les éditeurs de presse réfléchissent à d’autres moyens pour rentabiliser leur activité Internet. Du commerce en ligne aux micro-paiements en passant par la revente de contenus, toutes les pistes sont bonnes à explorer.

 Les OS de l’info par Emmanuelle Anizon (Télérama) - L’info, un produit comme un autre ? On se pose la question quand on débarque chez Alain Weill, patron de NextRadioTV. Mal payés, pressurés, une batterie de journalistes y débite des news au rabais et en boucle, pour des journaux, des radios et des télés.

 Rachida Dati par Libération (Lille 43000) - C’est le roman d’une vie qui prend fin. Rachida Dati, Électre de Libération, devrait quitter le gouvernement. Il était temps de publier les dernières pages de la tragédie que le journal lui consacrait depuis deux ans. Esthétique, romantique, mais aussi fatale et dramatique, la Rachida de Libé, « femme symbole » selon Laurent Joffrin, n’aura cessé de passionner son cercle d’initiés.

 Suisse : « La presse et le pouvoir évoluent dans un monde clos » (Le Courrier) - Deux sociologues analysent les passages de journalistes entre la presse et les coulisses du pouvoir. Pour Olivier Voirol, ces imbrications risquent d’affaiblir le sens critique de la presse. Muriel Surdez craint plutôt pour l’indépendance du politique. (...)

 Procès par Bernard Langlois (Politis) - Je voudrais juste souligner à quel point me dégoûte le style de défense que s’est choisi M. K. en symbiose avec ses alliés. On attendait en effet que le ministre étranger aux Affaires (sauf aux siennes) réponde des faits précis qui lui sont reprochés : ses liens avec Bongo, avec Sassou, d’autres encore ; les amis encombrants qui gravitent dans son orbite ; les activités de sa femme à la tête de l’audiovisuel français à destination de l’étranger et l’épuration qu’elle y mène, dont sont étrangement victimes des journalistes critiques du ministre son mari

 Royaume-Uni : la grande peur de la lutte des classes par Philippe Marlière (Rue89)- La xénophobie dénoncée par le New Labour et la BBC était imaginaire. Les grévistes n’ont exercé aucun chantage sur les travailleurs italiens et portugais non-syndiqués, sous-contractés, sous-payés, ni n’ont exigé leur rapatriement. Les cibles de leurs critiques ont été les employeurs et leur course au dumping social, ainsi que le gouvernement qui les soutient dans cette entreprise

 Pourquoi les militants délaissent les médias libres au profit des groupes capitalistiques (Libertes & Internets) - Nous sommes dans une situation difficile si l’on nous compare avec les sites d’entreprises vers lesquels les militants politiques se tournent le plus souvent. On ne passe plus ses videos sur Indymedia, mais sur Youtube. Les photos sont exposées sur Flickr. Les mouvements politiques n’annoncent plus leurs évènements sur Indymedia, il montent un groupe MySpace. Ceci est un problème général qui dépasse les cas d’Indymedia ou du militantisme de gauche, et il nous faut le confronter.

 Chaînes TV locales : David contre Goliath (le Patriote) (lien périmé) - Ces dernières années l’effondrement des télés locales et la fermeture des bureaux régionaux des chaînes nationales se sont succédés dans le département... Fonctionnement trop coûteux, mais parfois aussi en raison de choix politiques, les différentes chaines existantes ont été contraintes de laisser la place à des grands groupes qui détiennent peu à peu le monopole du droit de l’information. (...)

  Libé à un tournant critique par Clémentine Gallot (ElectronLibre.info) - À la veille d’une grève lundi, alors que ses journalistes s’interrogent et s’inquiètent sur son avenir, financier et moral, Libération en est à un tournant critique : une diminution constante des ventes, un bras de fer et une perte de confiance entre la direction et les salariés, et l’arrivée sans doute éminente d’un nouvel actionnaire dans la balance, pourraient bien tuer le journal que l’on connait.

 Christophe Barbier : l’Ikéa de la pensée (Affordance.info) - En fait Christophe Barbier qui est, soit son propre patron, soit copain avec les patrons qui l’emploient pour faire des piges ou des ménages, ne comprend pas que tous les enseignants-chercheurs ne soient pas comme lui. Et c’est là le climax de la pensée de Christophe Barbier : être dans cette déficience intellectuelle si commune à la pensée néo-libérale, déficience qui consiste à s’empêcher de penser la différence, à faire de l’ego et/ou de la singularité, des modèles ou des dogmes qui seraient suffisants à rendre compte de l’état du monde et à en dicter sa conduite. (...)

 Gaza : du plomb durci dans les têtes par Marie Bénilde (Information 2.0) - Alors que le gouvernement israélien revendique aujourd’hui le droit à répliquer « de façon disproportionnée » aux tirs de roquettes artisanales du Hamas, retour sur le traitement par les médias occidentaux d’un conflit asymétrique couvert en janvier avec une parfaite symétrie des points de vue. Ou comment une offensive massive, touchant majoritairement les civils, est vécue avec un déni absolu de toute indignation médiatique

 « Antisémitisme » : qui veut la peau de Pascal Boniface ? par Guillaume Weill-Raynal (Rue89) - Pascal Boniface : antisémite ! A défaut de reposer sur le moindre élément concret, l’accusation a au moins le mérite de la constance. Comme si la répétition inlassable d’une assertion sans fondement pouvait combler le vide du dossier d’un procès en diabolisation instruit depuis plusieurs années.

 Télévision : des catégories de la population sous-représentées (CSA) - En ne prenant en compte que les personnes dont l’activité professionnelle est explicite à l’écran, soit 45 % de la population étudiée, on observe les faits suivants : les cadres (dont les professions du spectacle et de l’audiovisuel) sont sur-représentés, avec 61 % des individus du corpus contre 15 % dans la population française (données 2006 de l’INSEE) ; les employés sont sous-représentés, avec 16 % dans le corpus (30 % dans la population) ; les ouvriers sont fortement sous-représentés, avec 2 % dans le corpus (23 % dans la population). (...)

 L’info locale n’est plus d’actualité (Télérama) - Effondrement des télés locales, fermeture des bureaux régionaux des chaînes nationales... Trop cher. Avec la crise, la situation s’aggrave encore. Résultat, c’est de plus en plus à Paris que se fabrique l’info de proximité. (...)

 
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