Le mépris de la reine Christine
Christine Ockrent, dans Jeune Afrique du 10 mai, le rappelle : « Le journalisme, on l’oublie trop souvent, c’est aussi prendre des risques et aller sur tous les fronts où se joue l’Histoire. Ce n’est pas un dîner en ville où l’on ricane entre people. » Le Canard enchaîné qui rapporte ces propos, commente : « Et c’est sûrement en vertu de ce principe que Christine Okrent a pris le risque d’aller, le 15 mai, au bras de son pédégé, Alain de Pouzilhac, sur un front où se joue l’Histoire : la montée des marches à Cannes… »
Dans une interview accordée au Point.fr, celle que l’on a surnommée la « reine Christine et qui est connue pour être la « reine des ménages » déclarait : « Les grévistes sont ceux qui contrôlent la situation. Evidemment, certains salariés, non grévistes mais qui soutiennent le mouvement, ne se sont pas privés de descendre au Festival de Cannes, de réaliser des reportages, d’enregistrer des débats en sachant pertinemment que tout ce travail ne serait jamais diffusé. Je ne trouve pas cela très élégant pour les invités qu’on a dérangés… ».
Réaction immédiate du SNJ, dans un communiqué daté du 19 mai :
La reine du mépris à RFI
« […] Les équipes (rédaction en français, magazines, rédactions en langues, réalisateurs et techniciens) ont eu à cœur de faire leur travail avec enthousiasme et rigueur, sans jamais avoir le sentiment de « déranger » les invités. Ces derniers étaient pour beaucoup très sensibilisés à l’avenir de RFI et tout a fait solidaires du mouvement de grève.
Si, compte tenu de la grève, la direction voulait annuler ou alléger la mission Cannes, elle le pouvait ! Ses leçons de morale condescendantes sont donc tout à fait insupportables et le vocabulaire employé totalement insultant.
Cannes est peut être un lieu de villégiature pour les membres de la direction qui ne se « sont pas privés de descendre sur la Croisette », parfois avec leur conjoint, mais certainement pas pour les salariés. Les films ont été vus, les entretiens réalisés et si certaines interviews n’ont pu être diffusées, elles seront comme tous les ans utilisées ultérieurement lors de la sortie des films.
Alors que les salariés envoyés à Cannes ont cherché à garder haute l’image de RFI et du service public de l’information, ils n’ont rencontré que le mépris de leur directrice. Le dénigrement public est-il à la base du dialogue social à RFI ? […]
De son côté, la Société des journalistes de RFI, déclare, dans un communiqué, qu’elle condamne “avec la plus grande fermeté ces accusations portées à l’encontre de nos consœurs et de nos confrères chargés de couvrir l’événement”. Considérant que “les journalistes de RFI n’ont pas de leçon d’élégance à recevoir” elle rappelle que ceux-ci “ne descendent pas au Festival de Cannes, pas plus d’ailleurs qu’ils ne s’y invitent ou n’y sont invités, mais qu’ils y sont envoyés par la rédaction afin d’y effectuer un travail”. »
La poursuite de la grève
… en deux communiqués de l’intersyndicale
* L’intersyndicale de RFI appelle la direction à prendre ses responsabilités
L’assemblée générale de ce mercredi 20 mai 2009 a voté la poursuite de la grève à l’unanimité moins deux voix.
RFI s’engage donc dans sa 9° journée de grève, sans que la direction ne daigne exprimer quel qu’intérêt que ce soit ni ouvrir des négociations dignes de ce nom. Depuis plus de deux jours, aucun rendez-vous n’a été donné par la direction. Manifestement, nos dirigeants appliquent la politique de la chaise vide.
Le PDG Alain de Pouzilhac n’est venu qu’une heure le 1er jour des négociations et depuis on ne l’a jamais revu, pas davantage la directrice générale Christine Ockrent ou Geneviève Goetzinger (directrice déléguée).
L’assemblée générale a donc appelé solennellement Alain de Pouzilhac et Christine Ockrent à s’asseoir enfin à la table des négociations et à se pencher sur les solutions à apporter pour sortir du conflit. L’intersyndicale a fait des propositions, elle attend des réponses concrètes. La direction est comptable et responsable de l’avenir de RFI, pendant la grève et après. Elle a le pouvoir de négociations et qu’elle n’ait crainte (Canard Enchaîné du 22 avril 2009) : « on ne séquestrera personne »
FO, SNJ, SNJ-CGT, SNRT-CGT - Paris, le 20 mai 2009
* Des parlementaires exigent la vérité sur l’AEF et le plan de licenciements à RFI
L’intersyndicale de RFI (FO, SNJ, SNJ-CGT, SNRT-CGT) a interpellé mercredi 20 mai les parlementaires sur le plan social en cours à RFI qui prévoit la suppression de 206 postes, dont des licenciements secs, et sur l’avenir de Radio France Internationale au sein de la holding Audiovisuel extérieur de la France (AEF), dont elle devient filiale de second rang.
A l’issue de deux heures d’entretien à l’Assemblée Nationale, l’intersyndicale a reçu le soutien des députés présents : Maxime Gremetz (GDR), François Rochebloine (NC), Didier Mathus (PS), Noël Mamère (GDR). Ils se sont engagés à demander rapidement au gouvernement des éclaircissements par tous les moyens et de l’interpeller lors des questions d’actualité. Ils vont demander la création d’une commission d’enquête sur l’Audiovisuel extérieur de la France et sur la pérennité du budget de RFI. Ils doivent aussi, dans les prochains jours, adresser une lettre aux dirigeants de RFI.
L’intersyndicale a ensuite été reçue au Sénat par Catherine Tasca (PS), vice présidente du Sénat, Serge Lagauche (PS) vice-président de la commission des affaires culturelles et Marie-Christine Blandin (Verts). Ils ont exprimé leur vif soutien aux salariés de RFI et ont publié un communiqué pour défendre les emplois qui existent, revoir les objectifs fixés pour l’AEF, et pour maintenir « la voix de la France dans les pays où elle a été retirée ». Pour eux, la radio reste un élément d’information essentiel.
FO, SNJ, SNJ-CGT, SNRT-CGT - Paris, le 20 mai 2009