La direction de RFI a fait le choix délibéré de consacrer ce mardi [16 juin 2009], trois heures d’émission spéciale en direct aux obsèques d’Omar Bongo, après deux heures et demie de spéciale mardi dernier à l’annonce de son décès. Record battu ! Bongo, mieux que Jean-Paul II, Senghor ou Aimé Césaire qui n’ont eu droit, en leur temps, qu’à une heure ou deux de spéciale en direct.
De Phnom Penh à Lima, d’Erevan à Oslo, aucun auditeur n’a pu échapper à cette bongomania pour laquelle les deux antennes Afrique et Monde ont été réquisitionnées, alors même que les salariés étaient dans la rue et que la radio entrait dans sa sixième semaine de grève : comme si la direction voulait donner à Nicolas Sarkozy, présent à Libreville, l’illusion d’une antenne qui fonctionne normalement.
Cela dit, sans porter de jugement sur le contenu de l’émission, est-il pertinent de donner une telle ampleur à l’événement ? Est-ce parce que deux présidents français ont fait le déplacement pour enterrer celui qui fut le symbole de la Françafrique, que RFI doit leur emboiter le pas ?
Après avoir refusé pendant des décennies d’être la voix de la France, acceptons-nous d’être aujourd’hui la voix de la Françafrique ?
Qu’avons-nous enterré ce mardi ? Omar Bongo ou l’ambition d’une radio généraliste et universaliste qui parle au monde de la France et du monde. A-t-on assisté en ce 16 juin à l’esquisse du programme final du couple dirigeant, Pouzilhac-Ockrent : faire de RFI l’appendice africain de France 24 ?
Paris, le 17 juin 2009. FO - SNJ - SNJ-CGT - SNRT-CGT