Accueil > Critiques > (...) > Le photojournalisme

Gamma en danger de mort (SNJ)

Prestigieuse agence de photojournalisme fondée en 1966 par Raymond Depardon, Gilles Caron, Hubert Henrotte, entre autres, Gamma est rachetée à la fin des années 90 par Hachette-Filipacchi-Médias, puis cédée en 2005 à Green Recovery, un fond d’investissement français spécialisé dans les restructurations et le rachat des entreprises en faillite. Green Recovery a regroupé Gamma et les autres agences photographiques qu’il possède sous la holding Eyedea (soit un fonds de plus de 30 millions d’images, selon leur site - lien périmé). Fin juillet 2009, Eyedea Presse a été déclarée en cessation de paiement et placée en redressement judiciaire avec une période d’observation de six mois.

Nous publions ci-dessous un communiqué du SNJ, daté du 13 septembe 2009, concernant le « plan de continuation » de la direction d’Eyedea, qui prévoit le licenciement trente-trois salariés, dont les treize photographes de l’agence. Depuis, le 16 septembre, le comité d’entreprise d’Eyedea Press, qui coiffe notamment l’agence Gamma, placée en redressement judiciaire, a donné un avis défavorable au plan social de la direction qui prévoit 32 licenciements dont les 14 photographes de Gamma. (Acrimed)

Le 16 septembre prochain, la direction de Eyedea Presse, propriétaire de Gamma, doit présenter, devant un comité d’entreprise extraordinaire, un plan dit « de continuation » de l’agence sans aucune concertation avec ses salariés.

Ce plan, s’il allait jusqu’à son terme, entérinerait une véritable mort de Gamma puisqu’il prévoit le licenciement de ses treize photographes et de vingt autres salariés nécessaires à son bon fonctionnement.

Fondée principalement par des journalistes qui en ont fait pendant des dizaines d’années sa réputation, sa crédibilité dans le monde entier, l’agence risquerait alors de finir en simple « banque d’images » rentable à souhait pour des exploitants qui n’ont que ce mot d’ordre à la bouche.

Ce patrimoine a été construit par des journalistes courageux, audacieux et rigoureux qui savent que la photo est essentielle à l’information.

Les salariés de gamma accusent leurs différentes directions de mauvais choix éditoriaux et de mauvaise gestion conduisant inéluctablement au but caché recherché, c’est-à-dire de mettre en évidence une absence de rentabilité.

La direction actuelle ne semble pas s’en émouvoir et entend même, publiquement, dénier aux photographes et à tous les autres journalistes leur qualité en proclamant haut et fort qu’ils ne pourraient même pas bénéficier de leur statut de journaliste, notamment dans les dispositions du licenciement !

Pour le Syndicat National des Journalistes (SNJ), premier syndicat de la profession, les photographes, sur le terrain, sont les témoins incontestables des événements qu’ils relatent, ils en apportent les preuves aux citoyens. Ils sont plus que jamais indispensables dans une ère où les faux-semblants se multiplient.

Le SNJ interpelle les pouvoirs publics. Ils ne peuvent laisser faire cette mise à mort. Les agences photos sont indispensables à l’information et au pluralisme. Il existe des moyens d’action et des possibilités d’intervention.

L’agence doit vivre.

Le SNJ, solidaire de ces confrères, s’y emploiera et fera respecter l’intégralité de leur statut de journaliste.

Paris, ce 13 septembre 2009

 
Acrimed est une association qui tient à son indépendance. Nous ne recourons ni à la publicité ni aux subventions. Vous pouvez nous soutenir en faisant un don ou en adhérant à l’association.

A la une

Médias français : qui possède quoi ?

Vous avez dit « concentrations » ? Nouvelle version de notre infographie.

Louis Sarkozy : le capital médiatique s’hérite aussi

Le journalisme politique dans sa bulle.