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Lu, vu, entendu : C’était l’été

Lecture estivale – Diversité hebdomadaire – Le régime de Laurent Delahousse - Bakchich ratisse très large – Pas tous des voleurs, mais… – 11 septembre : Le portail Orange teste vos angoisses – Etc

 Lecture estivale

David Pujadas déclarait il y a quelques mois : « La durée du JT est passée de 36 à 32 minutes, mais le mouvement était enclenché bien avant  : le journal durait 43 minutes il y a quatre ans. Notre vision reste la même : faire des choix et approfondir. Eviter de saupoudrer les sujets . » (Le Nouvel Observateur, 22 janvier 2009). Moins on a le temps, plus on approfondit !

A l’approche de l’été, dans son livre, Je suis bien plus petit que mes rêves, paru en juin aux éditions First, Gérard Holtz, qui a présenté il y a longtemps le JT, fait implicitement la leçon à Pujadas qui pense faire de l’information : « Il faut dire que la télévision est un media d’émotion bien davantage que d’information. Un media chaud à consommer sans attendre, souvent sans recul, sans temps d’assimilation. L’information à la télé, c’est un bombardement d’images qu’on n’a pas le temps d’approfondir ni de relire, avec des reportages qui font en général de une à trois minutes et ne laisse aucun espace à la réflexion. Le JT s’adresse à l’émotion, au ressenti de l’instant » (p.85). Moins on a le temps d’approfondir, moins on prend de temps.

 Diversité hebdomadaire

Soldes d’été : la même semaine, la concurrence fait rage

Chaque année, c’est un produit d’appel obligatoire : lire par exemple « Une audacieuse priorité pour quatre périodiques : les prix de vente de l’immobilier

En 2008, c’était au mois d’avril : y a plus de saisons ! Et ils étaient au moins quatre : qu’attendent les autres ?

 Laurent Delahousse privé de repas et de connivence

Pendant les vacances de Colombe Schneck, la présentatrice de « J’ai mes sources » sur France Inter, sa remplaçante estivale, Elsa Boublil, reprend le flambeau ou, plus exactement, la brosse et le cirage pour lustrer le « portrait » d’ « hommes et de femmes de médias » : un quart d’heure d’entretien dégoulinant de complaisance avec les omniprésents habituels. On retiendra pour l’anecdote cet échange, diffusé le jeudi 13 août, et les savoureuses nuances de Laurent Delahousse, présentateur des journaux du weekend sur France 2

- Elsa Boublil : « Et à force de les fréquenter, ces hommes et ces femmes politiques, vous n’avez… vous ne craignez pas le terme “connivence”, qui est répandu actuellement dans les médias ? »

- Laurent Delahousse : « Je les fréquente pas, dans le sens où je déjeune et dîne très, très peu. Dîne jamais, déjeuner parfois , mais très, très rarement. Mais en même temps c’est à la fois une source d’information inouïe , la possibilité d’avoir des portes pour avoir d’autres interviews, d’autres rendez-vous, et d’apprendre un certain nombre de choses, et en même temps, ça peut bien évidemment créer une connivence. Voilà y’a des hommes et des femmes politiques avec qui vous êtes finalement plus proche, vous avez déjeuné avec eux, ils commencent à vous connaître, ça fait plusieurs fois que vous les recevez… Mais attention, c’est-à-dire que honnêtement, y’a une vraie… j’en suis pas encore dans la connivence . J’suis parfois même un peu… on me dit… pas agressif, mais… j’aime bien ! » (rire)

Comme si la connivence, socialement déterminée, ne l’était que par le nombre de repas pris en commun ! Comme si le journalisme de fréquentation pouvait être une « source d’information inouïe » !

  Bakchich ratisse très large

Vu sur la page d’un article (à charge) de bakchich.info sur Dieudonné, en face du sous-titre « Dieudonné ratisse large », cette annonce :

Quelques heures plus tard au même endroit : ... à 23h22

Les annonces renvoient à une page de Google, où l’on peut lire les précisions suivantes :

« Que sont les annonces Google ?
Les annonces Google sont diffusées à travers le Web, sur les sites qui utilisent le programme Google AdSense pour diffuser des annonces. Notre objectif est de rendre ces annonces aussi utiles et intéressantes que possible pour chaque internaute. Les annonces que nous diffusons ont parfois un rapport direct avec le contenu de la page que vous êtes en train de consulter. Elles peuvent également avoir pour objectif de refléter vos centres d’intérêt, déterminés en fonction du contenu des pages des sites Web participants auxquels vous avez accédé précédemment. »

Un rapport direct avec le contenu ? Selon l’article, Dieudonné s’est rapproché de l’islam radical. Et d’un « site de rencontre matrimonial musulman » ? Selon article, Dieudonné se serait rapproché de personnalités qui seraient favorables à « l’éradication d’Israël ». Donc ? Donc « Apprenez l’hébreu sur Internet »…

Les charmes de la publicité sur internet...

 Le site du nouvelobs contribue au débat démocratique

Vu sur nouvelobs.com, le 30 août 2009 :

On attend avec impatience l’analyse des résultats par une star de la sondologie.

 Les calomnies d’Alexandre Adler (nouvelle saison)

Dans Le Figaro du 31 juillet 2009, Alexandre Adler, chroniqueur dans ce quotidien comme il l’est sur France Culture, instruit ses lecteurs sur « Ce que révèle l’affaire Fofana » (c’est le titre du jour), et conclut ainsi sa leçon :

« Il faut […] affronter un phénomène nouveau et inquiétant, celui de la négation pure et simple de l’existence de l’antisémitisme, voire des juifs eux-mêmes. Plus radical et axiomatique que tous, le philosophe Alain Badiou considère, dans un récent libelle, que l’expression « juifs » ne serait qu’une convention sémantique manipulée par des idéologues troubles qui ne veulent que séparer « les juifs » des Autres, au seul bénéfice d’un État israélien, lui-même condamné sans appel au nom d’une vulgate bien connue.

Nous passons ici de la relativité restreinte à la relativité générale : pas de peuple juif, pas d’antisémitisme. C’est l’esprit du verdict du procès Fofana. Après la bombe atomique vient la bombe à neutrons, qui ne conserve que son pouvoir mortel de radiation. Après l’antisémitisme violent comme un vomissement des Proudhon, des Drumont et des Bernanos, voici venu l’antisémitisme insinuant et presque invisible des Badiou. Pour mesurer son pouvoir de radiation, lisez donc une certaine presse hebdomadaire. »

Alain Badiou, sous le titre « L’air de la calomnie » réplique en ces termes dans Libération du 7 août 2009 :

« La rumeur la plus insistante et qui porte tous les espoirs de la clique dont je parle est que je serais antisémite. Pour qui m’a lu et suivi, c’est totalement invraisemblable. Mais les sicaires intellectuels de la réaction préfèrent la tirade de la calomnie dans le Barbier de Séville à la révolte égalitaire du valet dans le Mariage de Figaro. C’est leur métier.

Voici maintenant qu’Alexandre Adler, quelqu’un de bien installé s’il en est puisqu’il n’est pas facile, si grand qu’en soit le désir dicté par la raison, d’éviter de le voir et de l’entendre dans tous les médias possibles, ramasse dans le ruisseau l’imputation infâme. Il opère cette fois dans le journal, pour le coup mal nommé, Le Figaro. Partant du procès Fofana - sur lequel soit dit en passant je n’ai pas dit un mot - il conclut sur mon “antisémitisme insinuant”.

Je pourrais, je devrais, le traîner en justice, et ma lassitude devant ces procédés de voyous me pousserait à le faire. D’autant que chaque mot de son “argument” est un mensonge pur et simple. […] Alexandre Adler devra peut-être à ma répugnance de communiste pour tout ce qui en appelle à la machine d’Etat, à l’indifférence que par ailleurs m’inspirent ses vaticinations sur tous les sujets, et aux urgences d’écriture et d’action qui sont les miennes, que je ne perde pas un temps infini dans la chicane contre lui. Je reviendrai alors simplement au plus simple, au plus franc : lui donner pour sa peine, si je le rencontre, une paire de gifles. »

Jusqu’à ce jour, Alexandre Adler n’a pas encore porté plainte pour menace de mort.

 Comment sauver Le Monde

« Citizen Murdoch, sauveur de la presse écrite ? ». C’est la question que pose et se pose Marc Roche dans Le Monde daté du 19 août 2009, dans un article fort complaisant qui s’achève ainsi : « Même ses pires critiques reconnaissent que le baron de l’encre, en marginalisant les syndicats de l’imprimerie lors du conflit de Wapping, en 1986, a sauvé la presse écrite britannique. Si de nos jours, les médias d’Albion sont à même de résister au ressac conjoncturel, c’est en grande partie grâce à la flexibilité du marché de l’emploi, pour les journalistes comme pour les ouvriers . Rupert Murdoch se verrait-il aujourd’hui en sauveteur des journaux à l’échelle planétaire ? La démonstration reste à faire. »

Sans le moindre tressaillement de plume ou dérapage de clavier, Marc Roche se félicite de la flexibilité. Lagardère sait maintenant ce qu’il lui reste à faire pour « sauver » Le Monde...

 TF1 irresponsable ou complice ?

TF1 avait diffusé des images de syndicalistes qui avaient provoqué des dégâts à la sous-préfecture de Compiègne le 21 avril dernier. Contrairement aux autres chaînes, TF1 n’avait pas flouté leurs visages. Le reportage a donc servi de preuve lors du procès, le 16 juillet, ainsi que le rapporte notamment L’Humanité du 20 juillet sous le titre « Des Conti devant la justice, pour l’exemple » : « La pièce principale du dossier est un reportage de TF1, filmé le jour du grabuge à la sous-préfecture. Les sept prévenus, qui font tous partie du comité de grève, ont été identifiés sur ces images par… la direction de Continental. « Un très bon début d’enquête ! » a raillé l’avocate de la défense, Marie-Laure Dufresne-Castets. »

Rappelons que le tribunal a prononcé, pour l’exemple, de lourdes condamnations contre six d’entre eux : de trois à cinq mois de prison avec sursis.

 Pas tous des voleurs, mais…

Sur Europe 1, du lundi au vendredi entre 13 h30 et 15h00, Jacques Pradel présente Café crimes  : une émission dédiée à la délinquance, passée, présente et à venir. Le lundi 7 septembre 2009, il recevait Roland Chatard, ancien commissaire divisionnaire, et Charles Pellegrini, l’ancien chef de l’Office central de répression du banditisme (OCRB) que le site d’Europe 1 présentait ainsi : « Grâce à leur expérience, ils vous conseillent pour vous protéger des cambriolages et des agressions »… Extrait :

- Jacques Pradel : « Alors, y avait, dans le temps, Charles Pellegrini... Dans les campagnes, on dit, y a des gens qui, comme ça, un peu des vagabonds, qui passaient de maison en maison pour vendre des matelas. Et alors ils disaient : "Ben je vais examiner votre matelas." Ils avaient dans la poche une boîte avec des vers et ils les mettaient dans... "Tiens ! Ah mais regardez, madame !" Bon... Là, c’était de la vente forcée... C’était pas de... bon... de la criminalité... Mais ça fait partie du même scénario, finalement. »
- Charles Pellegrini : « Absolument. Mais bon, écoutez, il faut quand même aussi appeler un chat un chat. Moi, je n’ai jamais dit, jamais, que tous les manouches étaient des délinquants, mais il faut savoir quand même qu’il y a une délinquance itinérante : les rempailleurs de chaises, etc. et les marques dans les maisons. Il faut savoir quand même, il faut le dire, qu’une partie des gens du voyage, comme on dit pudiquement, vivent quand même de délinquance et de rapine, hein. »
- Jacques Pradel : « Oui, mais on essaye d’éviter, quoi, de désigner une partie de la population... à la vindicte de tout le monde. »
- Charles Pellegrini : « Mais, on va pas les stigmatiser mais enfin, à un moment, il faut appeler un chat un chat... Pas tous ! Il y a des communautés, il y a des gens qui travaillent, mais y a une grande partie , de par la nature même de leur fonctionnement : se déplacent en caravane, sont difficiles à saisir, habitent dans des camps, ont des identités multiples... Renseignez-vous dans n’importe quelle gendarmerie de campagne et vous aurez votre lot ! Après, de là à stigmatiser des gens, non ! bien sûr que non ! »

« On essaye d’éviter », mais… on ne réussit pas toujours. « Bien sûr que non ». Et la timide intervention de Jacques Pradel ne parvint donc pas à contenir ce qu’il avait lui-même suscité.

  Science & Vie Junior « ensorcelle » ses lecteurs

C’est un article de Jean-Paul Krivine intitulé« Science & Vie Junior accrédite les pouvoirs des sorciers ! » et publié sur le site « Science et pseudo sciences » de l’Association française pour l’information scientifique (AFIS) qui a attiré notre attention sur le numéro de septembre 2009 de Science & Vie Junior, qui annonce sur sa « Une » tapageuse un « dossier » dont le titre racoleur laisse pour le moins perplexe : « Le vrai pouvoir des sorciers ».

S’agit-il des pouvoirs qu’ils s’attribuent (comme le laisse entendre un premier article, en dépit de quelques formulations équivoques) ou des pouvoirs qu’ils exerceraient effectivement ? S’il s’agit de quelques effets constatés, faut-il les expliquer par la croyance partagée par les « sorciers » et leurs « patients » (comme cela ressort d’un second article, « La sorcellerie, pourquoi ça marche ? »). Ou faut-il accréditer l’existence de pouvoirs prétendument « paranormaux », comme on peut le lire dans les deux articles suivants qui expliquent « comment vaincre un puissant sorcier », et quelle est la « boîte à outils du parfait sorcier »  ? Finalement, la confusion est totale et le lecteur qui ne prendrait connaissance que des deux derniers articles serait finalement convaincu que la science cautionne… ce que diffuse une revue de vulgarisation scientifique, habituellement mieux inspirée ! Mais il est déjà arrivé que Science & vie, dans sa version pour adultes, fasse de même, comme on peut le lire dans la « tribune » que nous avons publiée ici même sous le titre « La revue Science & Vie envahie par le paranormal et la religion »

 11 septembre : Le portail Orange teste vos angoisses

Observé (par un correspondant) le 11 septembre 2009 à la Une du portail Orange.fr rubrique Magazine – Loisirs :

« 11 septembre : huit ans après la catastrophe, testez encore vos angoisses ! »



Tout est dans le « encore »… Cet appel est illustré par l’image suivante :

et il est assorti d’un lien vers la rubrique Psycho et tests.

A cette page, on découvre une liste de tests :

- « Calculez votre QE »
- « Avez-vous peur des séismes »
- « Le quizz du 11 septembre 2001 »
- « Gérez vos troubles du sommeil »

Et en tête de liste :

« 11 septembre, testez vos angoisses. Entre peur et crise d’angoisse, le monde moderne tremble toujours après les attentats du 11 septembre. Voici comment bien gérer vos émotions après de tels chocs. »

Nous n’avons pas cliqué, mais peut-être reviendrons-nous de temps en temps rendre visite à la rubrique tests du portail Orange...

Et pour finir…
...Vous avez entendu parler de la grippe A, vous ?

 
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