Que la direction de France Inter décide de transformer le 7-10 en 6h30-10, c’est son droit, même si on peut s’interroger sur la raison de ce changement, sinon celle de s’aligner purement et simplement sur la concurrence. Sur la demi-heure concernée, les sacro-saints chiffres d’audience ne sont pas catastrophiques au point de justifier en milieu de saison des décisions qui paraissent improvisées, fluctuantes et sans lien avec un raisonnement de fond sur l’outil radiophonique.
Mais le plus inadmissible, c’est la méthode. Le service des sports découvre qu’il n’y a plus de JDS [1], puis peut-être que oui, mais pas comme ci, plutôt comme ça... Simon Tivolle apprend la suppression de sa chronique à l’avant-veille des vacances de fin d’année, avec entrée en vigueur de la décision au 4 janvier, sans avoir au préalable reçu la moindre critique, sans avoir été averti d’une réflexion en cours sur la matinale, sans aucune proposition sur ce qu’il fera par la suite. C’est le degré zéro de la gestion des ressources humaines. Cette méthode, déjà expérimentée lors du dossier Frédéric Pommier en juillet [2], bafoue ouvertement l’ADN de France Inter.
Pourquoi avoir attendu le tout dernier moment ? « Parce qu’on avait des journées très chargées et qu’on a pris du retard », explique Philippe Val. L’argument est inacceptable. Nous sommes nombreux à avoir des journées très chargées. Philippe Val concède en outre que s’il n’a absolument rien proposé à Simon Tivolle, celui-ci « n’a pas démérité, on va lui proposer des choses à la hauteur de ce qu’il sait faire »… La belle affaire.
Faisant semblant de ne pas comprendre l’indignation que ces méthodes suscitent, le Directeur de France Inter ne s’engage même pas à respecter à l’avenir un délai de prévenance acceptable. Il y a donc tout lieu de redouter que cela ne se reproduise, que ces décisions soient de simples "hors d’œuvre" : le climat délétère qui régnait lors de l’annonce de ces changements, les déclarations sibyllines lâchées au détour d’interviews nous font craindre le pire. Attention : les décisions à l’emporte-pièce ne sauraient prendre le pas sur notre différence éditoriale, incarnée par les journaux, les rendez-vous, les émissions qui font notre fierté et notre raison d’être.
Notre travail connait depuis deux ans une vraie adhésion du public. Serions-nous assez fous pour scier la branche sur laquelle nous sommes tous assis en déstabilisant une rédaction, une radio qui marche ?
France Inter n’est pas un jouet aux mains de la Direction. Si cette dernière ne nous respecte pas, elle verra se dresser devant elle un mur.
21 Décembre 2009