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Modeste contribution au « bêtisier du sociologue », de Nathalie Heinich

par Henri Maler,

Dans un ouvrage qui vient de paraître et que nous n’avons pas encore lu – Le bêtisier du sociologue -, Nathalie Heinich, tente, semble-t-il, de proposer une sociologie de la bêtise. Nous nous permettons, modestement, de contribuer à la constitution de son corpus, dans l’hypothèse où elle publierait une édition revue et augmentée de son traité.

Voici ce que nous avons lu sur le site « Conspiracy Watch, observatoire du conspirationnisme et des théories du complot », sous la signature d’une sommité de la sociologie contemporaine.

« Bon, d’accord, les sociologues-du-soupçon déploient un peu plus de subtilité dans leur entêtement à ne-surtout-pas-croire-ce-qu’on-leur-dit. Encore que : la diabolisation des médias est devenue le cheval de bataille d’un certain nombre d’entre eux, qui se sont fait une spécialité de traquer toutes les vilenies commises par ces ennemis de classe que sont les journalistes, « nouveaux chiens de garde » à la solde du « pouvoir », comme chacun sait. Il existe même sur Internet un site spécialement dédié à cette revigorante activité : on y prend le contre-pied du rapport naïf à l’information, qui y voit le miroir du monde, en décryptant le fonctionnement des médias selon une grille exclusive : « ils » nous mentent, « ils » nous manipulent. Entre le reflet fidèle du miroir et l’opacité absolue de l’écran, il doit bien y avoir quelques degrés intermédiaires – mais cela, c’est juste le réel ; et le réel, n’est-ce pas, c’est tellement moins excitant que le fantasme du complot ! »

Quel est ce site ? On se le demande… Peut-être, après tout, s’agit-il du site d’ « Arrêt sur images »…

Quoi qu’il en soit, Nathalie Heinich, grande prêtresse de la « neutralité axiologique » (l’absence de jugement de valeur) dans les travaux sociologiques – et de l’austère rigueur que requiert la science, trouvera dans les phrases qui précèdent de l’eau, certes boueuse, apportée à son moulin….

… Même s’il faut avouer qu’elle est elle-même l’auteur de cette contribution – neutre et élégante, précise et argumentée - à la bêtise la plus bête qui soit.

Une bêtise qu’un serviteur patenté de la sociologie, Emmanuel Lemieux [1], s’est chargé de vulgariser en ces termes dans la revue Sciences humaines [2] sous le titre croquignolet : « Nathalie Heinich, croqueuse de bêtises » :

« Le goût des généralités (la vulgate autour de concepts comme « la société », « le pouvoir » ou encore « le social »), le politiquement correct, le refus a priori de considérer la neutralité comme une visée légitime, et la pauvreté des arguments à l’appui de ce refus, constituent autant de machines intellectuelles à cracher du bubble-gum sociologique. Bêtise forte : celle qui fait passer du doute scientifique à l’esprit de soupçon, si ce n’est de complot. Exemple : « La diabolisation des médias est devenue le cheval de bataille » d’un certain nombre de Torquemada sociologues, à l’instar des universitaires réunis dans l’Acrimed. « Le réel est tellement moins excitant que le fantasme du complot ! »

Rappelons à tous ceux qui ne bénéficieraient pas de l’érudition d’Emmanuel Lemieux que Tomás de Torquemada (1420-1498) fut le premier Grand Inquisiteur de l’Inquisition espagnole, connu notamment pour son rôle dans la persécution des Juifs d’Espagne.


Ainsi, c’est la Science qui vous l’enseigne : Acrimed est un repaire de conspirationnistes débiles. Pas encore antisémites, mais cela ne saurait tarder ! Bourdieu lui-même d’ailleurs…


 
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Notes

[1À ne pas confondre avec le sociologue Cyril Lemieux, son frère.

[2En page 19 du n° 211, janvier 2010.

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