Et d’abord, en guise d’information « en temps réel » :
Un titre très original
Ce titre d’un article du Figaro.fr du 31 mai, (« mise à jour de 17 h 04 ») se présente comme une dépêche de l’AFP, dont on imagine mal qu’elle ait pu écrire une stupidité aussi indécente qui, si elle devait être au prise de la lettre, relèverait de la pure désinformation. Mais sans doute ne s’agit-il que d’un effet de la précipitation des recycleurs de dépêches qu’ils n’ont pas ou qu’ils ne prennent pas le temps de lire. Une coutume du Figaro.fr, qui révise à son gré et sans le dire les dépêches de l’AFP (voir ici même).
Des rumeurs sur des rumeurs
Ce n’étaient pas vraiment des humanitaires, puisqu’il s’agissait d’« un convoi censé transporter des [...] humanitaires » (iTélé, le 31 mai 2010 à 19 h 02). Pas vraiment des « humanitaires », puisqu’ils poursuivent un objectif politique : obtenir la levée du blocus. Pas vraiment des humanitaires, puisque certains d’entre eux nourrissent d’obscurs desseins. Pas vraiment des humanitaires, puisqu’ils entretiennent des liens troubles avec le Hamas, voire avec Al-Qaida !
« Rumeurs de liens avec Al-Qaida », sous-titre Le Figaro du 31 mai, qui « informe » ainsi : « L’ambassadeur d’Israël au Danemark, Arthur Avnon, a révélé lundi que des rumeurs de liens entre la flottille et Al-Qaida étaient à l’origine de l’intervention de Tsahal. L’information n’a pas été confirmée pour le moment par des sources officielles israéliennes. » Ainsi l’ambassadeur a « révélé »… des « rumeurs » que Le Figaro « révèle » à son tour. On ne sait jamais !
Un correspondant (très) spécial [1]
Deux jours de suite, Libération a publié des articles de « Marc Semo, envoyé spécial à Tel-Aviv ». Un envoyé spécial, dit Le Robert, est un « journaliste envoyé spécialement dans un endroit pour un événement précis ».
Marc Semo a-t-il été envoyé spécialement à Tel-Aviv à l’occasion du raid sanglant de l’armée israélienne ? Nullement. Marc Semo était déjà à Tel-Aviv, où il devait intervenir lundi matin, quelques heures après le raid sanglant, au forum France-Israël : « Trois jours de rencontres, de débats et de confrontation d’idées entre personnalités influentes françaises et israéliennes, organisés par les services culturels de l’ambassade de France en Israël », pour « donner les éléments de réflexion sur les formes contemporaines de la démocratie et sur les grands défis du monde contemporain » (voir le forum-democracy2010 [lien périmé, octobre 2013]).
Plus précisément : Marc Semo a pris part, lundi matin à 10 h 35, avec, notamment, Christine Ockrent et Richard Descoings, à un débat sur « liberté et autocensure dans la presse », autour de ces deux questions essentielles : « La presse est-elle limitée dans nos démocraties ? Influence-t-elle les preneurs de décisions ? » (voir le forum-democracy2010 [lien périmé,octobre 2013]) - et noter que Laurent Joffrin a quant à lui participé, le mardi à 17 heures, à un débat sur : « Comment réanimer la vie politique ? »).
Donc (c’est scientifiquement prouvé) : Marc Semo n’était pas l’envoyé spécial de Libération à Tel-Aviv, mais bien, plutôt, l’invité spécial de l’ambassade de France à Tel-Aviv.
Une expulsion bien mal nommée
Le mercredi 2 juin, nombre de médias titrent : « Israël expulse les étrangers de la flottille ».
« Les participants au convoi humanitaire, enlevés et séquestrés par le gouvernement israélien, sont libérés et reconduits hors des frontières d’Israël », aurait été un peu plus un peu plus long, mais tellement plus exact !
Une publicité bienvenue
« L’opération une "Flottille de la paix" n’avait pas caché son intention de braver l’embargo naval de la bande de Gaza et de chercher la plus grande publicité » (Pierre Rousselin, Le Figaro).
… Alors que la seule publicité acceptable et décente est la publicité « contextuelle » parue sur le Monde.fr [2].
Un éditorial ontologique
« [...] En prenant connaissance des détails de l’arraisonnement meurtrier, on est d’abord choqués. Et cela d’autant plus qu’on se dit qu’il n’aurait, à l’évidence, pas fallu grand-chose pour que le "carnage" soit évité. Mais comment le définir ce "pas grand-chose" ? Dans quelle marge secrète aller le chercher ? Les réponses, si elles existent, ne peuvent être que d’ordre ontologique. En attendant, et tant pis pour l’angélisme, nous ne pouvons que rêver de voir un jour bannie universellement l’idée même de guerre. […] Ah ! ce serait bien si, un peu partout dans notre vieux monde, "Guerre et Paix" n’était plus que le titre d’un roman... » (Didier Pobel, Le Dauphiné Libéré).
Ah, ce serait tellement bien !
Henri Maler
P.-S. : Le poids des mots : « 9 morts » en Méditerranée et…