La présentation des invités sur le site de l’émission donne tous les signes de la respectabilité académique : « Michel Maffesoli Professeur des Universités, Membre de l’Institut Universitaire de France, Auteur de L’ombre de Dionysos : contribution à une sociologie de l’orgie aux éditions CNRS - Monique Dagnaud Directrice de Recherches au CNRS auteur de La Teuf aux éditions du Seuil et Martin Hirsch, le parti des pauvres : histoire politique du RSA aux Editions de l’Aube et Les artisans de l’imaginaire : comment la télévision fabrique la culture de masse ? aux éditions Armand Colin ».
Le passage d’un auditeur à l’antenne à la 31e minute de l’émission va faire exploser la façade de respectabilité de Michel Maffesoli qu’un arrêté daté du 1er novembre 2009, signé de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, nommait au conseil d’administration du CNRS « en raison de [sa] compétence scientifique et technologique » [1], une nomination que de nombreux chercheurs en sciences sociales n’hésitent pas à ranger dans la catégorie des décisions ministérielles les plus burlesques.
- Philippe Bertrand : « Marc-Antoine au 01.45.24.7000, merci d’avoir patienté Marc-Antoine. »
- Marc-Antoine : « Bonjour. »
- Philippe Bertrand : « Bonjour. »
- Marc-Antoine : « Moi je trouve assez savoureux que pour parler des Apéros Facebook vous ayez invité Michel Maffesoli qui anime des conférences pour la Fondation Paul Ricard, le vendeur de pastis »
[On entend Michel Maffesoli dire à voix basse : « C’est la deuxième fois qu’il vient, c’est la deuxième fois qu’il le fait »]
- Philippe Bertrand : « Ah oui, ouais ouais. »
- Marc-Antoine : « À entendre un peu les gloussements de vos invités on a l’impression qu’il a amené quelques bouteilles. »
- Philippe Bertrand [au milieu des gloussements de Michel Maffesoli et Monique Dagnaud] : « Exactement, et vous savez que je trinque, je trinque avec Monique et avec Michel, il faut pas le dire, ça ne se dit pas, je trinque avec plaisir vous savez. »
- Michel Maffesoli : « Je me souviens cher Monsieur que l’an dernier je participais à quelque chose, un autre débat sur je ne sais plus trop quoi, Woodstock, et vous faisiez la même chose en vantant une fête que vous créiez là-bas dans votre petit village qui s’appelait la "fête des Philippes", n’est-ce pas ? C’est ça ? » [2]
- Marc-Antoine : « Pas du tout. Moi, moi ce que j’aimerais demander à Philippe Bertrand, si en invitant Michel Maffesoli est-ce que vous postulez pour animer un talk show sur TF1 ou RTL ? »
- Philippe Bertrand : « D’accord. Eh bé non. Eh ben je vous réponds Marc-Antoine. Voilà, vous avez la réponse. Voilà, on reste sur France Inter. J’apprécie énormément le travail de Monique Dagnaud et idem pour celui de Michel Maffesoli. Et quand on connaît le travail de Gilbert Durand dont Michel a suivi les cours, Les structures anthropologiques de l’imaginaire. Ce qu’il peut nous annoncer sur une société aujourd’hui, alors ça va peut-être vous déranger, vous cher Empereur du téléphone, Marc-Antoine, c’est qu’aujourd’hui il y a des modifications dans les comportements, mais qui vont au delà de, du simple fait d’un comportement, mais de ce que des sociologues comme Michel Maffesoli peuvent appeler une mythologie. Et nous passons d’une mythologie de la consommation, où effectivement les politiques, mais depuis de nombreuses années, nous assènent la valeur travail, alors qu’aujourd’hui nous sommes dans, et les rendez-vous face-bookiens en sont une expression, dans le festif, dans le ludique. [...] »
France Inter choisit avec soin ses « experts » : un prétendu « sociologue », animateur de conférences pour la Fondation Paul Ricard et directeur de thèse de Germaine Hanselmann (une astrologue plus connue sous le pseudonyme d’Elizabeth Teissier) est parfait pour faire l’amuseur lors d’un apéritif estival.
Nicolas Boderault
Bonus - Pour les lecteurs friands des dérives (dont il n’est pas certain qu’elles soient anisées) de Michel Maffesoli, voici quelques morceaux choisis des propos tenus sur France Inter, en ce 20 juillet 2010, par cette étoile de la pensée et de la « post-modernité », dit-il :
« L’intelligentsia dont nous sommes [...] d’une manière animale on a envie de toucher de l’autre [...] on se touche [...] la masturbation c’est aussi une manière de jouir [...] je suis un élève de Gilbert Durand [...] en un moment où justement l’image et l’imaginaire ça sentait mauvais, c’est un peu caca [...] je ne crois pas aux lois, je suis un vieil anarchiste [...] la post-modernité [...] cette culture juvénile elle est là, indéniable, quoi qu’il y ait cette imposition morale, moralisatrice, machin-chose, mord-moi le nœud [...] ce besoin encore une fois d’être en contact avec l’autre, de toucher de l’autre [...] la post-modernité [...] la politique c’est saturé, c’est fini, il faut en faire son deuil [...] je ne pense pas qu’il y ait vraiment de la galère [...] ce que j’appelle la post-modernité [...] la post-modernité... »