L’entretien sur la réforme des retraites avait commencé depuis une vingtaine de minutes quand Jean-Jérôme Bertolus veut lancer Ségolène Royal sur l’affaire Woerth-Bettencourt, avec cette question cruciale : Eric Woerth est-il toujours le bon interlocuteur pour les retraites ? Mais Ségolène Royal refuse de répondre…
- Ségolène Royal : « Je vais vous montrer quelque chose. Quand on recherche les raisons pour lesquelles la droite agit de cette façon et quand je dis que c’est pour avantager les assurances privées, les fonds de pensions et les banques privées qui attendent, tapies dans l’ombre, de mettre la main sur ce magot des retraites privées : tous les journaux financiers de cette semaine - vous m’entendez : tous les journaux financiers de cette semaine - ont commencé à sortir des publicités et des propagandes autour de l’accès... alors regardez … J’ai enlevé le titre parce que je ne veux pas lui faire de la publicité en plus. »
- Jean-Jérôme Bertolus (étonné – ou consterné ? – par un tel « culot ») : « Vous avez découpé le journal là… »
Puis, de sorte que le téléspectateur soit bien pris à témoin : « On peut le voir à l’antenne ? ». Et l’on voit en effet que Ségolène Royal tient à la main un exemplaire de Challenge(s). Elle montre la couverture, dont elle a découpé le haut pour que le nom du journal ne soit plus visible. Sur la couverture, une photo du patron d’Axa, avec un gros titre : « Retraite ».
- Ségolène Royal : « Regardez, c’est Axa. Axa, grosse compagnie d’assurance privée. Le PDG d’Axa : ‘’Retraite : comment l’améliorer’’. C’est quand même étonnant. Il n’y aurait pas d’argent pour financer la retraite solidaire par répartition des Français, celle qui leur garantit une retraite à long terme ? Sans qu’il y ait des profits intermédiaires ? Et il y aurait de l’argent … »
- Jean-François Achilli tente de l’interrompre : « Mme Royal, on n’est peut-être pas là pour… »
- Ségolène Royal : « Attendez ! Et il y aurait de l’argent pour enrichir les banques, les assurances privées et les fonds de pensions ? ‘’Comment l’améliorer, les meilleurs placements à long terme, l’immobilier’’, d’ailleurs ça n’a pas tardé : on voit la spéculation… »
- Jean-François Achilli : « Madame Royal, je ne sais pas si nous sommes là pour découper… »
- Ségolène Royal : « Ça vous gêne ? »
- Jean-François Achilli : « Voir un de nos confrères découpé franchement oui , ça me gêne , oui… »
- Ségolène Royal : « Ça vous gêne, ça vous gêne, ça vous gêne parce que c’est la vérité des choses. »
- Jean-François Achilli : « Oui ça me gêne. Pardon de vous dire ça, hein… »
Voici à quoi ressemble une tête gênée :
Quoi que l’on pense des positions et des propositions de Ségolène Royal, elle exerce son droit d’informer (sans publicité…) quand elle met en évidence que la presse financière relance son offensive en faveur des assurances privées. Mais ce n’est pas cette offensive qui est « gênante », et manifestement, « on n’est pas là » pour en parler.
Confirmation. Au moment où s’achève la séquence consacrée à la réforme des retraites, Jean-François Achilli n’est toujours pas remis de son émotion [1].
- Jean-François Achilli : « Nous allons changer si vous le permettez de sujet ; j’espère que vous ne découperez pas nos questions — c’est étonnant hein votre journal découpé, pardonnez-moi. »
- Ségolène Royal : « Mais pas du tout. Pourquoi ? Vous plaisantez ? »
- Jean-François Achilli : « Non je ne plaisante pas. »
On ne rigole pas sur France Inter !
Franz Peultier
Face à l’odieuse censure, rétablissons la vérité.