I. Financements
1. Taxes et profits
– Abolition de la taxe sur le CA des opérateurs. Journalistes et gouvernement contre Bruxelles.
La Fédération Européenne des Journalistes (FEJ), soutenue par le SNJ-CGT, s’élève contre la décision de la Commission de Bruxelles « d’exiger que la France et l’Espagne abolissent les taxes spécifiques sur le chiffre d’affaires des opérateurs des télécommunications » servant à financer le service public. Si le France s’exécutait, elle entrainerait dégradation du « financement du service public suffisant pour assurer un journalisme de qualité et offrir des conditions de travail décentes pour les journalistes. » Reste que le gouvernement français a exaucé leur vœu, pour des raisons plus budgétaires que sociales (ou pluralistes) : « Il ne faut pas s’attendre à ce que le gouvernement supprime la taxe […] actuellement en discussion. C’est d’ailleurs quasiment impossible. D’une part, cela impliquerait de supporter sur le budget une dépense supplémentaire de 300 millions d’euros. D’autre part, cela obligerait le gouvernement à rembourser les sommes déjà versées par les opérateurs, soit environ 600 millions. » (Le Figaro, 30 septembre). « Dès lors, la commissaire Neelie Kroes n’a plus d’autre choix que de traduire la France devant la Cour de justice de l’Union européenne » (AFP, 26 octobre 2010).
– Augmentation de la TVA des opérateurs : le gouvernement cède à Bruxelles.
Pour des raisons tout aussi budgétaires, le gouvernement sait obéir à Bruxelles. La Commission européenne accusait celui-ci d’appliquer une TVA de 5,5% sur 50% de l’offre Triple play (téléphone, Internet, TV) des opérateurs, en arguant que l’audiovisuel ne « représente qu’un tiers de l’offre et non la moitié ». De fait, le gouvernement a « tout bonnement voté le passage, vendredi, de l’ensemble des abonnements Triple play à une TVA à 19,6% à partir du 1er janvier 2011 » (Le Parisien 22 octobre). Le site d’information de TF1 parle d’un « coup de bambou » pour Free, Orange, Bouygues et consorts. Free envisage « tout bonnement » d’augmenter de 3 euros son abonnement.
– Taxes sur les TV privées et la presse écrite : le gouvernement est plus conciliant.
D’abord pour l’audiovisuel privé qui ne connaît pourtant pas plus la crise que les opérateurs privés avec l’adoption d’un amendement (présenté par les députés UMP, précise Le Figaro du 22 octobre) pour réduire la taxe sur le chiffre d’affaires publicitaires des chaînes privées historiques (TF1 et M6) de 0,75 %, passera à 0,5 %, et à 0,25 % pour leurs chaînes de la TNT.
Pour la presse (privée), « un amendement prolongeant d’un an la réduction d’impôt dont peuvent bénéficier les entreprises qui investissent au capital de société de presse » (même source). Ce qui tombe bien à l’heure ou Bolloré lorgne sur Le Parisien, et le Crédit Mutuel va monter dans le capital de l’Est Républicain (lire plus bas).
Et, enfin, un autre amendement, pour soutenir ces groupes privés et enrichir leur machine à fabriquer de l’information, abaisse fortement la TVA de leurs activités internet de 19,6 % à 2,1 %. À moins que ces « cadeaux fiscaux » (Patrick Bloche, député PS) les invitent plutôt à sécuriser et augmenter les emplois ? On n’ose le croire…
2. Monétisation du web et financement
– L’union fait le flux (et le flouze).
Le Syndicat de la presse quotidienne régionale (SPQR) a tiré le premier en annonçant le lancement d’un kiosque numérique mutualisant la vente des publications régionales et de leurs contenus. Devrait suivre le Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN). Quant au Syndicat de la presse magazine (SPM), il observe, pour suivre le mouvement… Le but de ces regroupements est de « conserver le contrôle de leurs contenus en ligne et leur monétisation » face à Google et ses comparses : pour « garder la maîtrise de leurs fichiers d’abonnés tout en leur évitant de reverser une partie de leurs revenus à des acteurs de l’Internet » (Le Figaro, 21 septembre).
– Google finance ses leviers de croissance.
Google, dit-on, « a des relations tendues avec plusieurs groupes de presse » et va donc chercher du contenu ailleurs. Pour ce faire, il brandit le drapeau habituel : « le journalisme est essentiel à la bonne marche d’une démocratie ». Et annonce qu’il offre « cinq millions de dollars (3,6 millions d’euros) pour encourager l’innovation dans le journalisme en ligne […] destinés à des associations à but non lucratif » (AFP, 27 octobre). Aux associations en somme ?
– Rue 89 soutient en se soutenant.
On n’est jamais mieux servi que par soi-même ? Coïncidence ou air du temps, Rue89 va lancer jaimelinfo.fr une « une plate-forme de contributions volontaires, en ligne, sous la forme d’un réseau social », qui a pour ambition de permettre aux « internautes de soutenir financièrement leurs services d’informations en ligne préférés. ».
– Bolloré met un autre doigt dans la bourse.
Vincent Bolloré va introduire en bourse sa filiale Euro Media Group, qui se définit sur son site comme un « acteur majeur du marché européen de la prestation technique audiovisuelle avec un chiffre d’affaires estimé à 300 millions d’euros annuel et une position de leader sur le marché en Allemagne, Royaume-Uni, France, Pays-Bas et Belgique ». Rappelons que le groupe Bolloré est déjà coté au palais Brongniart (Les Echos, 27 octobre).
II. Agences et presse écrite
1. Agences
– Ça déménage à l’AFP.
Le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) a bloqué pour quelques jours, après consultation des journalistes, le projet de déménagement pour une annexe proche de 300 salariés de l’agence (sur 1200). Ce blocage a suscité la colère d’Emmanuel Hoog, PDG de l’AFP, qui a mis sa démission dans la balance pour forcer au vote positif du CHSCT. Pour Le Figaro (8 octobre), le blocage « pourrait bien en réalité être l’arbre qui cache la forêt. "Après un an de gel des salaires, des primes et augmentations, certains réclament l’ouverture de négociations sur les salaires (pour rejoindre les indices de la presse quotidienne) et sur l’emploi", suggère un salarié . Avec toujours en toile de fond le délicat sujet de la réforme du statut. Si Emmanuel Hoog rejette toute idée de doter l’AFP d’un capital, une réforme, notamment de sa gouvernance, serait bien à l’étude au ministère de la Culture. »
2. Presse quotidienne nationale
– Le Monde paré pour la recapitalisation ?
Le 28 juin dernier, la Société des rédacteurs du Monde (SRM) et différentes sociétés de personnels votaient pour l’offre de reprise présenté par l’attelage constitué par Matthieu Pigasse (vice-président pour l’Europe de la banque Lazard et détenteur à titre personnel de son hobby Les Inrockuptibles), Pierre Bergé (mécène de « gôche ») et Xavier Niel (cofondateur du groupe multimédia Iliad et de l’opérateur Free) [1]. Le 21 septembre, 76 % la même SRM confirmait ce choix en assemblée générale à 91,61% en votant la perte de contrôle du Monde Partenaires et Associés (LMPA) dans Le Monde SA (LMSA) ; et 90,7% ont approuvé le principe d’une recapitalisation de LMSA que s’apprête à abonder à hauteur de 110 millions, le trio Pigasse & Co. Ce dernier, pour s’attirer les bonnes grâces de la SRM s’était par ailleurs engagé à doter le journal d’un « pôle d’indépendance » avec « minorité de blocage ». Chose faite, avec la création d’une société en commandite simple appelée « Le Monde Libre » (ça ne s’invente pas…), qui détiendra entre 50 et 66% du capital avec un « comité d’éthique » (attendons de voir sa composition…) qui « aura un droit de regard sur les décisions qui mettent en jeu les valeurs du groupe » (lesquelles ?). À noter que « Le Monde Libre » entraîne la dissolution l’association Hubert Beuve-Méry et le transfert de ses parts (Libération, 21 septembre).
– Le Monde encore en questions.
Reste que le tableau est incomplet selon Libération qui pose certaines questions délicates déjà soulevées ici : « Comment va être résolu le problème des actionnaires minoritaires, Lagardère et Prisa ? Comment va se régler le problème de l’imprimerie qui plombe les comptes ? Comment remettre à plat le système éclaté des régies publicitaires ? Quelle va être la stratégie financière et éditoriale vis-à-vis du Monde interactif et du Post ? » Et enfin, petit perfidie de Libération (qui s’oublie un peu… ) : « Le Monde va-t-il recruter, dans une rédaction dont la moitié a plus de 45 ans ? »
– Laure Adler et Bernard-Henri Levy au Conseil de Surveillance du Monde ?
… Selon CB News, Bernard-Henri Lévy (alias BHL) s’est vu proposer par « les futurs propriétaires du Monde […] d’entrer au conseil de surveillance ». A priori partant, il s’engage donc à quitter celui de Libération dans lequel il siégeait (eh oui !) Selon la même source, « la SRM du Monde a entamé une démarche informelle auprès des futurs propriétaires pour discuter des nominations à venir », dont celle de Laure Adler.
– Libération recapitalisé par le BTP.
Le Monde du 19 octobre rapporte que Libération, déjà détenu à 38% par Edouard de Rothschild, « est en train de boucler son tour de table pour une recapitalisation qui devrait lui apporter 12 millions d’euros. Les nouveaux investisseurs devraient être au nombre de deux. Parmi ceux-ci, figure un chef d’entreprise qui possède notamment des activités dans l’immobilier. Son identité n’est pas révélée par la direction de Libération. » Autre information significative sur l’écosystème de la PQN : Libération « subit ainsi un effet de ciseaux : il ne peut augmenter ses recettes publicitaires, au risque de perdre ses subventions, et doit maintenir sa diffusion. »
– Le Figaro assure moins ses revenus de la presse.
Dans le cadre de la diversification des activités du groupe, le quotidien lance sur la toile « cplussur.com », un courtier en assurances en ligne. Au total, les activités Internet et hors presse (croisières, collections…) « représentent aujourd’hui 30 % de son chiffre d’affaires, estimé à 550 millions d’euros pour 2010 », précisent Les Echos (20 octobre).
– Dassault renonce au Parisien.
Le groupe Dassault qui s’était invité dans la vente du Parisien a renoncé sous l’influence de ses financiers. Bolloré et le belge Rossel sont donc les derniers prétendants connus. La Société des Journalistes (SDJ) du quotidien avertissait Dassault que « le titre ne peut être au service d’un homme, d’un clan, d’une entreprise ou d’un parti politique » (CB News, 28 septembre). La SDJ saura-t-elle le leur rappeler ?
3. Presse quotidienne régionale.
– Les journaux du grand Est au Crédit Mutuel.
Le groupe Hersant va vendre ses 27 % du groupe L’Est Républicain au Crédit Mutuel qui deviendra l’actionnaire principal et contrôlera de facto tous les journaux de l’Est de la France, de la frontière belge à la frontière italienne [2]. « L’Est de la France sous le règne du journal unique ! » souligne le SNJ-CGT (28 octobre) qui ajoute : la « banque passe de simple partenaire financier à un rôle d’outil de contrôle de l’information ». Le syndicat s’inquiète du « mauvais présage pour l’emploi dans les entreprises comme pour le pluralisme de l’information ».
– Ouest-France accusé de favoritisme.
Le SNJ-Ouest-France alerte : « En ces temps de mouvement social de grande ampleur, nos éditorialistes attitrés s’affranchissent avec constance des principes mêmes sur lesquels le journal fonde sa culture, son image et la confiance de ses lecteurs. ». Ça se passe de commentaires…. Lire la suite ici même.
4. Périodiques
– CB News perd de l’argent.
Le magazine CB News (50 employés) est en redressement judiciaire. Mais seules les activités de presse de la société sont « en lourdes pertes, [et] seraient concernées par cette mesure » (Le Figaro, 30 septembre).
– Les Inrockuptibles bien repartis ?
Relancé il y a un mois, avec une nouvelle formule - dont la posture est de gauche et la finalité consumériste, le magazine (acquis par Matthieu Pigasse de la banque Lazard) à l’air de plaire : les ventes en kiosques « ont été multipliées par quatre et les abonnements ont augmenté de 10 %. » (Les Echos, 15 octobre).
– Management au féminin.
Prisma Presse rénove son mensuel Management qu’il souhaite ainsi « Plus clair et plus équilibré, [car] le magazine cherche à convaincre davantage de femmes ». Avec pour « baseline » (une idée-force, disons…) : « bien vivre son job » (son travail). C’est d’actualité : sous l’impulsion de Nadine Morano, secrétaire d’État chargée de la Famille et de la Solidarité auprès du ministre du Travail et le la Fonction publique, et du CSA, « Une soixantaine de médias se sont engagés à favoriser l’intervention dans leurs émissions ou leurs articles de femmes expertes et d’augmenter leur temps de parole » (Le Monde du 13 octobre).
III. Audiovisuel
1. Télévisions
– France 2 va encore (bien) vivre de la publicité.
« Le groupe met la touche finale à sa charte sur le parrainage afin de mieux l’encadrer », relèvent Les Echos, qui précisent :« Grâce au dynamisme de ses recettes publicitaires, ses comptes seront à l’équilibre cette année ainsi que l’année prochaine ». Et, cerise sur le gâteau, le groupe devrait bénéficier d’un moratoire de deux ans sur la suppression de la publicité en journée. Résultat : en 2011 France Télévisions va « coûter », dixit le quotidien, 60 millions de moins à l’État.
– France 24 et RFI, entreprise unique qui se déchire.
La fusion entre RFI et France 24 au sein de la holding AEF (Audiovisuel Extérieur Français) entre dans sa phase finale. Si l’on en croit Les Echos (5 octobre), une « rationalisation » est en vue : « Le projet actuel prévoit néanmoins de conserver deux rédactions séparées : une pour la radio avec RFI, une pour la télévision avec France 24. [...] En revanche, les autres services seront fusionnés, comme l’administration, la distribution… Les rédactions multimédia ne feront également qu’une. » Dans le même temps, poursuit le quotidien, la « guerre de tranchée » entre le président de la holding Pouzilhac et son ennemie, Christine Ockrent, a pris un tour politique : « Alain de Pouzilhac savait ce qu’il faisait quand il a lancé sa grande offensive d’été contre Christine Ockrent. "Il n’a pas pu le faire sans le soutien de l’Élysée, estime une autre source. Son seul but, c’est de la faire partir" ». Du côté des conditions de travail, ça coince. Selon SNJ-CGT, l’exaspération des journalistes de la chaîne (qui vient de lancer une édition en langue arabe pour un budget sous évalué en regard de la charge de travail) est à son comble. Ils en ont « marre » : « marre des cadences de travail, marre des départs incessants, marre d’être brinqueballés d’une stratégie à l’autre et marre de la guerre des chefs qui pourrit la vie de la chaîne. Et derrière, c’est tout l’Audiovisuel extérieur de la France (AEF), le machin qui regroupe France 24, RFI et TV5 Monde, qui se craquelle ».
– M6-TF1 et le problème Français.
Nicolas de Tavernost, lors d’un colloque couvert par l’AFP (27 octobre), a réitéré sa complainte sur le nanisme : « Il faudrait que les groupes audiovisuels français soient plus gros, plus puissants et moins nombreux. » Selon le patron de M6, le problème est typiquement français : « Nous sommes un pays de quotas [pour favoriser la création et la diffusion des œuvres françaises, ndlr], mais c’est chez nous que les séries TV américaines marchent le mieux. Cette politique [de quotas] n’a pas eu les effets escompté. » Et de tacler la diversité : « Trop de chaînes publiques. France 4, à quoi ça sert ? ». Une complainte confirmée par le directeur général de la publicité et de TF1 distribution qui explique la panne de création : « Les règles [françaises] se heurtent sur le marché numérique à des acteurs internationaux qui n’ont pas ces contraintes ».
– M6 a menti sur son Plan de sauvegarde de l’emploi.
Le Syndicat national des médias CFDT de M6 dans un communiqué de presse constate que, contrairement à ses engagements, la chaîne « continue la réduction » de ses effectifs en région. Après avoir, « réduit le nombre de bureaux locaux de 12 à 5 progressivement de 2002 à 2008, puis en 2008 opéré un plan social avec suppression de postes pour 26 permanents et autant d’intermittents […] Depuis quelques mois déjà, la direction de M6 fait fi de ses engagements conserver cinq bureaux à 4 personnes) puisque, pour diverses raisons, Bordeaux et Lille ne fonctionnent plus qu’à 3 et Toulouse a fonctionné à 3 pendant trois mois. ». La CDFT précise : « Pourquoi tout cela ? Pour faire des économies, mais "surtout pas pour raisons conomiques" ! [sic] Bien sûr, après l’annonce de 84,4 millions € de bénéfice pour le 1er semestre 2010 ! ».
– L’Outremer pluriel. RFO (Groupe France Télévisions) deviendra officiellement « Outremer Première » pour DOM-TOM lorsqu’ils basculeront dans la TNT, le 30 novembre prochain. Martinique 1ère, Guadeloupe 1ère, Nouvelle-Calédonie 1ère, Wallis et Futuna 1ère, Polynésie 1ère, Réunion 1ère , Guyane 1ère, Mayotte 1ère et Saint-Pierre et Miquelon 1ère… verront « une augmentation de 25% en moyenne de leur production locale » à cet effet, et pourront « enrichir le terreau de ses programmes et multiplier les opérations de cross médias (diffusion simultanée en radio et télévision) » (CB News, 13 octobre).
– L’Outremer amer… Antilles Télévision en dépôt de bilan. L’ensemble de la rédaction d’Antilles Télévision (ATV) a été licenciée, le 12 octobre, après le dépôt de bilan de CG News (Caribean Global News), filiale du groupe HRTV (Holding Radios Télévisions [3]). L’avocat de Jean-Claude Asselin de Beauville, le président-directeur général d’HRTV, en accuserait presque les journalistes : « On n’y croit plus. Depuis janvier, Médiamétrie révèle que nous avons perdu 10 points à l’heure du journal télévisé. Nous avons du mal à remplir le JT de 23 minutes. Les journalistes refusent de faire plus d’un sujet par jour. Nous sommes contraints de faire appel à des pigistes. Il y a un manque de collaboration de leur part alors qu’au départ, ils avaient apporté leur soutien au plan de cession porté par monsieur Asselin de Beauville. Ce n’est pas de gaieté de cœur que nous en sommes arrivés là. » (France Antilles Martinique, 14 octobre). Les journalistes licenciés « ont reçu le soutien de plusieurs organisations syndicales : CSTM, UGTM, CDMT, CFDT, FO, CGTM... et le SNJ (Syndicat National des Journalistes) » et d’une « trentaine » de confrères martiniquais venus les soutenir dans les locaux d’ATV à l’initiative du Club Presse Martinique. « C’est l’agence de presse Média Caraïbes qui sous-traitera l’information sur ATV. Quatre des treize journalistes licenciés ont reçu des propositions de reclassement au sein de cette agence », indique France Antilles Martinique le 21 octobre.
Nous en étions là quand, un article paru sur le site de France Antilles le 22 octobre livrait notamment les informations suivantes : « Les téléspectateurs martiniquais ont finalement eu droit à une fin heureuse : Antilles Télévision ne sera pas liquidée. Le tribunal de commerce a prononcé hier la cession de ATV à HRTV (Holding Radios Télévisions). Jean-Claude Asselin de Beauville, le président de la société, obtient ainsi la location-gérance de la chaîne de télévision privée. Un dénouement conforme à ce qu’avaient déjà pressenti les salariés il y a deux jours lors de la dernière audience. Et qui met fin à une procédure entamée il y a un an, le 27 janvier 2009 précisément. »
2. Radios
– La RNT, je t’aime moi non plus.
Peut-être face au lobbying de certaines grosses radios qui veulent obtenir un lancement rapide de la Radio numérique terrestre (RNT) pour placer leurs fréquences, les autres protagonistes s’y résignent et ont décidé désormais de faire valoir leurs propres intérêts. De fait, le SNRA (Syndicat National des radios associatives) anticipe et se prononce désormais dans un communiqué : « pour un lancement "immédiat" de la RNT », estimant qu’il « s’agit d’une "absolue nécessité" ». Il souhaite néanmoins que « l’arrivée de nouveaux entrants soit limitée et demande un financement "clair et spécifique pour les radios associatives" » (27 octobre). D’autres protagonistes s’enthousiasment. Ainsi, Jean-Luc Hess, président de Radio France, a affirmé « [qu’il était] désormais devenu un "aficionado" de la RNT. J’y vois toutes les garanties d’avenir pour le service public : l’indépendance, la neutralité, la gratuité. C’est quand même très important puisque, si on considère simplement que l’avenir de la radio c’est Internet et les mobiles, il va bien falloir payer 30 euros par mois du côté de nos auditeurs pour pouvoir entendre la radio » (RadioActu, 6 octobre).
– Les places sont convoitées.
Plusieurs radios nationales et régionales (Radio Nova, Radio FG, Africa N. 1, Radio Latina, France Maghreb 2) s’étaient montrées candidates à la reprise de la fréquence laissée libre de Parenthèse Radio, en redressement judiciaire. Niet, a dit le CSA, préférant l’attribuer à Radio France (pour France Bleu Toulouse). Du coup, le Sirti « Syndicat Interprofessionnel des radios et des télévisions indépendantes) ne « décolère pas », rapporte l’AFP du 18 octobre. Selon le groupement (qui défend les « PME de l’audiovisuel ») : « la préemption d’une fréquence supplémentaire est inconcevable du point de vue de la diversité des éditeurs et du pluralisme des programmes ». Pourquoi tant de haine ?
IV Journalistes
– De la vocation et de la formation.
France Info inaugurait le 28 septembre une campagne publicitaire d’un montant de 300.000 euros (une bagatelle) sous ce slogan : « L’information est une vocation. » On veut bien le croire en ces temps précaires qui atteignent désormais les écoles de formation… À quelques jours de la rentrée, en effet, l’IFJ (Institut Français du Journalisme) a signifié en ces termes à ses 50 étudiants qu’elle mettait la clé sous la porte : « Nous avons bien enregistré votre inscription à l’entrée en première année de l’Institut Français de Journalisme. Nous sommes malheureusement obligés de renoncer à l’organisation de cette scolarité, des raisons économiques ayant contraint le Conseil d’administration d’ITFA à cesser l’activité de cette association. Conscients des difficultés que cette mauvaise nouvelle pourra représenter pour vous, nous vous proposons un rendez-vous pour envisager une solution alternative. » Réagissant dans un communiqué (22 septembre), le SNJ-CGT met en garde « les jeunes attirés par le journalisme […] au moment du choix des écoles de formation aux métiers du journalisme et, leur conseille de "se tourner en priorité vers les formations à l’université" ». On en a peu entendu parler…
À l’inverse, une autre école, le prestigieux Centre de formation des journalistes, a davantage eu les honneurs de la presse mais pas pour cause de faillite (quoique…) en recevant : « Le dirigeant de l’extrême-droite Jean-Marie Le Pen à l’invitation de sa direction pour débattre avec les étudiants » (25 octobre).
– Les coups pleuvent.
Les Echos ont été parmi les plus rares à relayer l’adresse de la Société des journalistes de TF1 au ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux pour, selon les termes du communiqué « dénoncer des actes de violence policières commis à l’encontre d’un preneur de son couvrant les manifestations du 12 octobre à Paris contre la réforme des retraites. » Mieux, « Plusieurs de nos confères, de différents médias, ont vécu des expériences similaires cette année [...]. Ces incidents nous indignent et nous inquiètent », précise la Société de journalistes de la chaîne.
– Ça vole bas.
ans la même semaine, les ordinateurs de Gérard Davet (Le Monde) et d’Hervé Gattegno (Le Point), journalistes d’investigation enquêtant sur l’affaire Bettencourt, ont été chapardés au domicile du premier et sur le lieu de travail du second. Dans la nuit du 7 au 8 octobre, soit deux semaines avant les vols des ordinateurs des journalistes du Monde et du Point, « les locaux de Mediapart ont été cambriolés. Là encore, deux ordinateurs portables ont été volés » (médiapart.com, 27 octobre). Étonnement, le site qui enquête également sur cette affaire, a attendu l’annonce du larcin des appareils du Monde et du Point pour se manifester. Tous ces supports ont déposé plainte.