Daniel Schneidermann, dans ce bref ouvrage, propose le témoignage d’un homme blessé qui prend la parole pour une profession " culpabilisée ", réduite au silence, selon lui, par le " lynchage médiatique des médias ". Ce témoignage entrelace un récit personnel sur les difficultés d’un métier (et les incertitudes d’un homme) et une amère contestation de certaines critiques récentes de ce métier. Deux livres en un, à la fois décevant et convaincant.
Décevant malgré tout, parce que des anecdotes ne suffisent pas à prendre en défaut des analyses dont le simplisme n’est aveuglant qu’à la condition de les avoir préalablement simplifiées. Convaincant malgré lui, parce que le libelle de Daniel Schneidermann, confirme involontairement les analyses qu’il combat. A ce titre, c’est un véritable document : avec " talent et sincérité " - ces deux qualités qui, selon lui, seraient les critères de sélection des journalistes dominants -, l’auteur partage les aspirations rêveuses et les illusions trompeuses sans lesquelles, semble-t-il, certaines pratiques journalistiques seraient des épreuves sans gratification.
Mais sans doute est-ce le propre de ceux qui exercent des professions intellectuelles (ou artistiques) - et parmi eux les universitaires et les chercheurs eux-mêmes, comme le montrent certaines études de Pierre Bourdieu - de se prendre pour des élus qui vivraient en situation d’apesanteur sociale…