Il nous avait beaucoup manqué, mais…
I. DSK, suite(s) : France-Soir, es-tu là ?
Si, par malheur pour ses salariés, la version papier du journal France-Soir risque de disparaître, les recettes qui ont assuré au quotidien « populaire » le succès que l’on sait ne sont pas perdues pour tout le monde…
… Ni pour Libé, qui peut concourir, au concours des meilleures « unes » sur l’« affaire DSK » et ses « suites », dans la même catégorie :
… Ni pour Le Figaro, qui approfondit l’« enquête sur les clubs échangistes » [1] de France-Soir, avec de nouvelles révélations :
II. Petites annonces gratuites
– Qu’on se le dise : chez Bouygues, on embauche !
Ce n’est pas tout à fait une petite annonce, mais plutôt une publi-interview avec photo, parue dans le gratuit Métro, où un jeune salarié du groupe Bouygues fait la promo du patron. Gratuitement…
Dans la livraison du 10 octobre de l’édition française de Métro, propriété à 100 % de TF1 (propriété de Bouygues), on trouve en page 18 une interview du dénommé M. B., salarié depuis peu chez… Bouygues. Le titre de l’interview est d’un optimisme qui fait chaud au cœur en ces temps de crise : « Embauché dans le BTP dès sa fin de stage ». En effet, l’heureux M. B. « n’a pas connu le chômage. Ni la recherche d’emploi, d’ailleurs : il a été embauché à l’issue de son stage de fin d’études chez Bouygues Constructions en tant qu’ingénieur de travaux », nous dit-on en introduction. L’interview proprement dite nous apprend la motivation centrale de ce jeune cadre : « Je voulais faire un métier concret, qui me permette de voir les résultats de son travail ». Mais il n’y a pas que le résultat qui compte : « C’est une profession passionnante, où les relations humaines sont très importantes… On croit souvent qu’on est là pour tirer des câbles, mais ce n’est pas le cas ! » Et… on peut inviter les copains ? Mais oui : « Une fois embauché chez Bouygues, j’ai pu constater qu’il y avait une demande énorme quand on m’a dit : “Tu peux appeler tes amis de promo car on va embaucher” ». Bref, dans cette publi-interview d’une remarquable efficacité, un salarié de Bouygues fait l’éloge de Bouygues dans une publication du groupe Bouygues. Même Dassault n’avait pas osé avec son Figaro. Mais il n’est peut-être pas trop tard. Ou nous avons oublié…
– 17 octobre 1961 : cinquante ans et 20 minutes plus tard
… 20 minutes qui, le 17 octobre 2011, accorde une place significative à la commémoration du massacre : l’événement est évoqué dans une brève de cinquante mots, consacrés, pour l’essentiel, aux déclarations de Claude Guéant, ministre de l’Intérieur. Cinquante mots et un chiffre : ce massacre a fait « deux morts ». Cinquante ans plus tard, 20 minutes en est donc resté à l’information fournie par ce qu’un « gratuit » dans son genre, s’il avait alors existé, se serait sans doute contenté de délivrer au public le lendemain du massacre : le communiqué de presse du préfet Maurice Papon du 18 octobre 1961.
II. Scoop : on ne meurt qu’une fois
Mais il faut que cela se sache…
– Bill Gates en avance
Lenouvelobs.com, ou plus exactement un blog hébergé par Lenouvelobs.com, à l’annonce de la mort de Steve Jobs, s’emmêle un peu les pinceaux :
Cruelle rencontre, cette bévue est surmontée d’une audacieuse promesse : « tout savoir avant tout le monde ». Tout et n’importe quoi ?
– Kadhafi, trois fois mort…
L’information est importante, n’en doutons pas. Mais les chaînes d’info en continu qui font des émissions spéciales sur les informations qu’elles continuent à diffuser s’exposent à donner quelque impression de… saturation.
– … et en direct ?
Une regrettable collision, « indépendante de notre volonté », sans doute. Mais indice d’un idéal journalistique ?
III. Informations triomphales
– Excès de précipitation ?
Lemonde.fr est très « primaire »
Le site du quotidien du soir a veillé tard, ce samedi 15 octobre, pour nous faire vivre en direct le second tour de la primaire socialiste. À commencer par cet événement fondateur : l’ouverture des premiers bureaux de vote, dans « certains collectivités d’outre-mer », qui fait tout naturellement la « une » :
Il faut dire que ce à quoi nous assistons, c’est un triomphe. Quel triomphe ?
La gauche irréaliste appréciera.
– L’erreur est humaine : la CNN est très humaine
... Et ne s’améliore guère en géographie. Nous avions signalé ça :
Arrêt sur images a signalé ça :
À suivre…
IV. Fascinant David Abiker
Europe 1, « Des clics et des claques », mercredi 12 octobre : retour sur la « polémique » autour de l’apparition d’Audrey Pulvar au côté d’Arnaud Montebourg au soir du premier tour de la primaire socialiste. Du débat intitulé « journalistes-politiques : liaisons dangereuses ? », on retiendra la conclusion de David Abiker, qui tient à dire « trois choses ». Il aurait mieux fait de s’arrêter à la première.
Ça ne démarrait en effet pas si mal : « la relation entre Montebourg et Pulvar est connue, et que si aujourd’hui on peut la discuter, c’est que les choses avaient été rendues publiques […] Je ne veux pas vous dire combien de bisous j’ai comptés le matin, le soir, le midi, entre des interviewers jugés totalement indépendants et leurs propres invités. Quand je dis des bisous, c’est que ça se claque la bise tous les matins, entre journalistes indépendants et politiques. Non mais, il faut le dire ! » C’est dit. Et noté.
C’était le premier point. Le deuxième, « c’est que pour l’instant on n’a qu’un seul cas d’école » : le cas où « les journalistes sont féminines et les politiques masculins ». David Abiker parvient à dominer le brouhaha des commentaires pour poser le vrai problème : « Qu’est-ce qu’elles ont toutes ces andouilles à tomber amoureuses d’hommes politiques à chaque fois qu’elles les voient ? »
« Ils sont plein de testostérone, c’est connu », commente une voix féminine dont le site Internet d’Europe 1 n’a pas pris la peine de préciser l’identité. « Bonne question », approuve quant à lui Guy Birenbaum. Et David Abiker de nous offrir sa bonne réponse : « Je renvoie aux femmes qu’elles sont fascinées par le pouvoir ! Et qu’elles se débrouillent avec ça ! »
Heureusement, la publicité a empêché David Abiker [2] de nous confier la troisième « chose » qu’il avait sur le cœur.
V. Impayable Figaro
... Qui, dans un article agrémenté d’infographies, publié le 10 novembre sur son site Internet, prétend tester la valeur des prévisions sondagières à six mois de l’élection présidentielle, en tirant le bilan des précédentes éditions. Mais, on le sait, l’amour est aveugle. Et mauvais en calcul :
- En 1965 : « De Gaulle l’emporte mais son score est très éloigné des premières prévisions faites par les sondages. »
- En 1981 : « Le favori s’incline. »
- En 1988 : Mitterrand, favori des sondages, « l’emporte dans des proportions à peu près équivalentes aux prévisions ».
- En 1995 : « En se trompant sur l’identité des deux finalistes, les sondages réalisent la plus mauvaise estimation de l’histoire des présidentielles. »
- En 2002 : « Le favori l’emporte mais les sondages se trompent sur l’identité du deuxième finaliste. »
- En 2007 : « Le favori s’incline. »
Conclusion du Figaro ? « Depuis l’élection de 1965, les sondages voient juste. Une fois sur deux. » CQFD !