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Quand Xavier Niel parle, les médias écoutent

par Sam Florent,

Le travail le plus conséquent des médias consiste à sélectionner, dans la multitude d’évènements et de faits, ceux qui feront l’actualité. Tâche ardue dans laquelle ils sont régulièrement aidés par les agendas politiques et économiques. Ils sont d’autant plus aidés quand ceux qui ont le plus intérêt à bénéficier d’une couverture médiatique savent comment la tirer à eux. Retour sur la médiatisation de l’entrée de Free sur le marché de la téléphonie mobile.

Le mardi 10 janvier 2012, le réseau social Twitter est en ébullition, les journalistes sur le pied de guerre, Xavier Niel, PDG de Free, présente l’offre du nouvel opérateur Free Mobile. Tous sont sur le coup. Dans le palmarès on trouve Lepoint.fr, avec huit articles et dépêches rien que pour mardi. Lemonde.fr, en bonne position, publie en l’espace de quelques heures quatre articles, dont certains seront repris dans l’édition papier du mercredi. L’évènement Free Mobile se trouve en « une » du journal et gagne une pleine page.

Mais la multitude d’articles publiés sur les sites du Point, des Échos, du Monde et de La Tribune ne suffisait pas. Lepoint.fr, Leparisien.fr et 20minutes.fr proposaient donc de suivre la conférence de Niel en direct. Des articles actualisés en temps réel à la vidéo du live, le paquet a été mis pour que nous ne manquions aucun détail de cet évènement crucial... Pour que nous puissions vivre la fièvre du mardi matin.

Niel a très bien réussi sa communication, il a surtout montré combien la hiérarchisation de l’information et la construction de l’actualité étaient influençables. Car on ne peut immédiatement accuser tous les médias ayant conduit à la mise de Free au premier plan de l’actualité d’avoir agi par la seule pression économique de Niel. En effet, l’arrivée d’un quatrième opérateur téléphonique sur le marché du mobile est une information économique de premier plan, surtout quand elle est révèle que les trois autres opérateurs se partageaient des marges colossales… Mais était-il nécessaire de retranscrire et commenter chaque fait et geste du PDG de Free ?

On peut cependant mettre au jour des conflits d’intérêts évidents. Que dire de TF1, d’un côté, propriété du groupe Bouygues, muet à propos de Free Mobile dans son journal de 20 heures du mardi ? Et que dire, d’un autre côté, de la couverture (excessive) du Monde quand on sait que le PDG de Free est également l’un des propriétaires du groupe de presse ?

Et quant à l’actualité économique, elle est bien souvent construite au travers du prisme néo-libéral. La « une » de La Tribune du mardi 10 janvier est assez éloquente de ce point de vue.

Bien plus que l’évènement économique en tant que tel, la médiatisation de l’arrivée de Free Mobile sur le marché de la téléphonie met en lumière l’impact que peut avoir la financiarisation des médias sur l’information (cf. TF1 et Le Monde) et les effets de la « circulation circulaire de l’information » sur ces mêmes médias…

Sam Florent

 
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