On n’entendra plus la voix teintée d’accent de son Ariège natale ; on ne verra plus la moustache indignée de ses accès de fureur contre les adeptes du consensus mou dans la profession ou fustigeant les dérives de la gauche néolibérale.
Notre camarade, notre ami, Michel Naudy a mis fin à ses jours d’une balle dans la tête.
Michel faisait honneur au journalisme d’investigation, au journalisme d’analyses et d’éditos, enfonçant les clous là où ça faisait mal.
Le lutteur a décidé d’en finir.
Sa dernière apparition publique aura été pour dénoncer les « nouveaux chiens de garde » dans le film éponyme.
Les luttes, il les menait depuis sa jeunesse à l’Union des étudiants communistes.
Il les a poursuivies durant sa carrière de journaliste, troquant les assemblées générales pour la plume, comme d’autres [1] avant lui avaient « remplacé la mitraillette de la Résistance par le stylo ».
D’abord à L’Humanité, dont il eut la responsabilité du service politique, fondant parallèlement Politis, puis après 1981 à France 3, où il gravira les échelons pour devenir rédacteur en chef de la rédaction nationale et éditorialiste.
Durant toutes ces années, malgré sa grande honnêteté intellectuelle, sa rigueur, quelques-uns en interne et en externe ne lui pardonneront jamais ses engagements de journaliste-citoyen.
Il sera débarqué de son poste, trouvera refuge à France 3 Île-de-France avant qu’une nouvelle fois son magazine « Droit de regard » ne soit censuré, en mai 1995, pour avoir exprimé une critique sur la couverture par France 2 du second tour de l’élection présidentielle. C’en était trop, Michel démissionnait de ses responsabilités.
Depuis, voilà plus de quinze ans, il attendait que la direction de France 3, puis de France Télévisions, honore son contrat de travail.
Il avait postulé à différents postes de moindre responsabilité en commission paritaire. La dernière fois pour occuper le poste vacant de chef du service politique, qu’il devait une nouvelle fois se voir refuser au prétexte, selon un cadre de la rédaction nationale, qu’il « n’y avait pas besoin d’un Bretécher à la rédaction » !
Hommage du vice à la vertu.
Les nombreuses interpellations de notre syndicat pour que les directions successives lui donnent du travail s’étaient toutes avérées infructueuses.
Aujourd’hui, certains devraient avoir honte de se regarder dans une glace…
Adieu Michel, le monde du journalisme est en deuil.
Paris, le 3 décembre 2012
SNJ-CGT