Le 22 février, Libération a consacré un événement à l’ouvrage écrit par Marcela Iacub, chroniqueuse régulière du journal.
Il est exceptionnel de déroger à la règle déontologique longtemps en usage à Libération, selon laquelle on réserve un traitement minimal aux ouvrages de nos collaborateurs.
Cette règle historique a un sens : éviter une confusion entre information et auto-publicité.
Toute dérogation doit donc être exceptionnelle, et justifiée par un traitement éditorial ad hoc, afin que le lecteur soit convaincu que nous ne sommes pas juge et partie. Le choix doit être soigneusement argumenté.
Dans le cas présent, même si les journalistes ayant participé à l’événement le jugeaient justifié en raison de la qualité du livre, le lecteur pouvait difficilement comprendre notre décision de faire trois pages sur cet ouvrage qui a déjà fait la une du Nouvel Obs.
Dès lors, on lui permet de conclure, au choix :
- que nous faisons du sensationnel ;
- que nous participons à une opération de communication ;
- que nous sommes suivistes ;
- que nous nous adressons à un cercle parisien dont il est exclu ;
- que nous faisons la pub d’une collaboratrice.
Cette faiblesse éditoriale est d’autant plus regrettable que Marcela Iacub a plusieurs fois écrit sur DSK dans sa chronique, pour systématiquement le défendre, alors qu’elle avait, ou venait d’avoir une relation avec lui. Il y a là une rupture de confiance avec le journal et les lecteurs.
Par ailleurs, dans sa chronique du 6 octobre 2012, elle a annoncé la « fin des poursuites » contre DSK. Or, ces poursuites continuent. Cette erreur, commise par une juriste présentée comme « scrupuleuse », est pour le moins surprenante.
Marcela Iacub aurait évidemment dû s’abstenir d’écrire sur DSK dans sa chronique de Libé.
N’importe quel journaliste dans sa situation serait aujourd’hui dans une position très difficile.
Le fait d’être « écrivain » ne suffit pas à se libérer de certaines règles élémentaires du journalisme dès lors qu’on intervient comme chroniqueur dans un journal.
La question de la poursuite de la chronique de Marcela Iacub doit être posée, de même que celle du traitement des livres écrits par des collaborateurs de Libé, salariés ou non.