Titre choisi par L’Équipe :
Confondant allègrement égalité des performances sportives, égalité de participation à l’activité sportive, et égalité de la médiatisation des compétitions, Pierre Ménès a remporté haut la main le grand prix de la beaufitude sexiste (à égalité avec Vincent Moscato, comme on peut le lire ici-même).
Le début peut à la rigueur passer pour anodin… Encore que ce soit une vision du sport bien étroite et mercantile qui sous-tend le propos de Pierre Ménès. Certes, les femmes n’atteignent pas, dans la plupart des sports, le niveau de performance athlétique des hommes, mais le rappeler avec force comparaisons n’est que la manifestation triviale d’un machisme mal assuré.
Et surtout, l’inégalité des performances ne justifie en rien les inégalités dans la pratique des sports (dont Ménès ne parle pas) et l’inégale médiatisation des compétitions sportives, selon qu’elles sont masculines ou féminines. Tant il est vrai que la qualité d’un spectacle sportif (étant entendu que faire du sport un spectacle est problématique, surtout quand il est mercantile) repose bien entendu sur autre chose que de simples exploits physiques (avec « supériorité masculine » garantie), mais sur la dramaturgie inhérente au sport de compétition (que l’on a par ailleurs le droit de critiquer, voire de détester). Et de ce point de vue, les compétitions féminines n’ont rien à envier à celles des hommes et pourraient, voire devraient bénéficier d’une médiatisation équivalente.
Après avoir proclamé qu’« il faut apprécier le sport féminin » (notamment le tennis), puis déclaré que le foot féminin, qui, dit-il, s’il « n’était pas risible, mais presque », il y a 25 ans, « a fait des progrès » depuis, Pierre Ménès se lâche :
Avec cette saillie, « T’avais des grosses dondons qui étaient certainement trop moches pour aller en boîte le samedi soir », on atteint un sommet de misogynie et de caricature rarement vu. Heureusement que le chapeau de cet article rappelle que Pierre Ménès « défend le sport féminin »... sinon on n’aurait pas compris.
Et puisque les basketteuses ne savent pas « dunker » (marquer un panier au basket en sautant pour projeter le ballon dans l’arceau, à une ou deux mains ), l’inégalité des performances clôt le débat sur l’égalité dans la pratique du sport et dans sa médiatisation !
Après un paragraphe de philosophie du sport et quelques contorsions, retour à la case sexisme lourd.
Où l’on apprend que, tout compte fait, le foot est un « sport de mecs » et que la championne de tennis Maria Sharapova n’a pas un palmarès à la hauteur de son physique. Sur le physique, laissons à Pierre Ménès ses commentaires ; mais la championne a quand même gagné tous les tournois du Grand Chelem [1]. Le pire suit immédiatement : vu qu’elle est une « bombe atomique », les gens « s’entretueraient encore plus pour la voir ». Autrement dit, « Sois belle – selon les critères esthético-érotiques de Pierre Ménès – ou disparais du spectacle marchand du sport ».
Et pour faire bonne mesure, après le sexisme tristement ordinaire, une touche de xénophobie, car « si c’est pour voir jouer "Glougloutova" contre "Dondonovski" » [2]… Les dondons qui répugnent tant à Pierre Ménès sont de retour, mais étrangères.
Après ces commentaires dignes de certains piliers de bistrot, mais certainement pas du journalisme, Pierre Ménès paie sa tournée à tous les machos.
Henri Maler, avec Olivier Le Roux (et grâce à un signalement sur Twitter d’Antisexisme)