Communiqué du SNJ
Contre le mauvais procès fait au Syndicat de la magistrature
Le Syndicat de la magistrature (SM) fait, à propos de l’affaire du « Mur des cons », l’objet d’une attaque en règle qui concerne tout le mouvement syndical, et conduit le Syndicat national des journalistes à prendre fermement position sur l’effervescence médiatique soulevée par ce non-événement.
Première organisation de la profession et initiateur de la Charte d’éthique professionnelle des journalistes (1918/ 1938/2011), le SNJ rappelle que l’utilisation d’images volées dans un lieu privé, en l’occurrence les locaux du SM, est contraire à la déontologie professionnelle la plus élémentaire. Conformément à cette charte, « un journaliste digne de ce nom [...] proscrit tout moyen déloyal et vénal pour obtenir une information », et « n’use pas de la liberté de la presse dans une intention délibérée ».
Or, on ne peut que s’interroger sur l’intention qui sous-tend et la publication des photos de ce mur et le traitement qui en est fait dans la presse :
- Est-ce par hasard si cette affaire vise un syndicat dans une période extrêmement conflictuelle sur le plan social ?
- Est-ce par hasard si cette polémique vise un syndicat de magistrats dont les positions progressistes gênent souvent les pouvoirs en place ?
- Est-ce par hasard si on oublie de rappeler que cette pseudo-information a été produite par un site connu pour ses sympathies « conservatrices » ?
- Est-ce par hasard si on oublie que ces photos ont été exposées dans un lieu privé ?
- Est-ce par hasard si on oublie de rappeler que les magistrats ne sont soumis à une obligation de réserve que dans l’exercice de leur profession et sont pour le reste des citoyens à part entière ?
- Est-ce par hasard si on oublie de rappeler que ce qui se passe dans un local syndical ne regarde que les membres de ce syndicat ?
- Enfin, est-ce par hasard si cette affaire survient dans un temps judiciaire lourd d’affaires épineuses, du « cas Cahuzac » à la mise en examen de Nicolas Sarkozy dans l’affaire Bettencourt, procédure contestée par l’ancien Président de la République ?
Le Syndicat national des journalistes appelle tous les confrères à se poser les bonnes questions, à ne pas céder à la pression de la course à « l’audimat » et à refuser de participer à une manipulation de l’opinion qui flatte les pires instincts au mépris d’un traitement pondéré, équilibré et serein de l’information.
Face à une campagne qui vise à nier le respect de la stricte indépendance et de l’autonomie absolue du mouvement syndical, le Syndicat national des journalistes apporte son plus total soutien au Syndicat de la magistrature auquel est fait ce mauvais procès.
Paris, le dimanche 28 avril 2013
Communiqué du SNJ-CGT de France Télévisions
Au pied du mur…
Jeudi 25 avril, le 19/20 de France 3 a programmé un reportage sur la polémique née du « Mur des cons » du Syndicat de la magistrature, réputé avoir été filmé en caméra cachée par un magistrat hostile, puis diffusé sur le site Atlantico. Surprise, au dernier moment le reportage est déprogrammé et remplacé par un « off ».
Motif : le directeur de la rédaction vient d’être informé que le document en question aurait en réalité été filmé par un rédacteur de France 3, le commentateur du reportage ! Le tournage aurait eu lieu après une interview officielle au siège du syndicat, profitant de l’absence momentanée de la syndicaliste ! Le JRI de l’équipe a vu son confrère opérer, on reconnaît d’ailleurs à la marge des images diffusées ce JRI et le preneur de son !
Assez troublant pour que la direction bloque la diffusion du sujet, idem dans le Grand Soir 3, malgré les dénégations du rédacteur, qui affirme ne pas être l’auteur des images.
Si les faits se sont déroulés comme le raconte le JRI, l’affaire pose en effet des questions professionnelles élémentaires :
- Pourquoi le rédacteur n’a-t-il pas demandé au JRI de filmer ce qu’il souhaitait filmer ?
- Pourquoi n’avoir pas proposé ce document à sa rédaction, à laquelle il est lié par contrat d’exclusivité ?
- Pourquoi, tout en faisant semblant de la découvrir sur Atlantico, avoir choisi de sensibiliser lui-même la rédaction de France 3 à l’importance politique de cette affaire, dont tous les observateurs soulignent qu’elle tombe à pic pour Nicolas Sarkozy au moment où il tente de faire annuler sa mise en examen ?
L’enquête de la direction apportera sans doute très vite des réponses… Mais en attendant, France 2 continue d’utiliser ces images en toute incohérence éditoriale..
Ce vendredi, le 13 h souligne la « tempête politique » causée par ce document « camera cachée » à nouveau siglé « site Atlantico », avec une interview de Nadine Morano récusant par avance les décisions rendues par des juges syndiqués, en qui elle a perdu confiance. Ce sujet est diffusé en toute connaissance de cause, avec le feu vert de la direction de France 2, pourtant avertie dès hier soir de l’incertitude de source de l’info.
S’il n’est pas dupe aujourd’hui de la façon dont les politiques comptent utiliser ces images, le SNJ-CGT demande à la direction de France Télévisions de procéder à une enquête complète sur l’origine des images diffusées à l’antenne. S’il s’avère que cette campagne a été purement et simplement fabriquée, en instrumentalisant la rédaction, nous voulons savoir par qui et pourquoi.
Paris, le 26 avril 2013