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Entretien – Le journalisme de football vu par un franc-tireur : Jérôme Latta des Cahiers du football

Nous publions ci-dessous un entretien que nous a accordé Jérôme Latta co-fondateur et rédacteur en chef des Cahiers du football, une publication en ligne qui offre un traitement de l’actualité footballistique alternatif à celui des médias sportifs dominants. Il livre ici son diagnostic sur une forme de journalisme qui est devenue partie prenante d’un sport que la (sur)médiatisation a contribué à transformer en spectacle, et qui s’applique à le promouvoir comme un produit marchand. Il montre aussi qu’un autre journalisme de football est possible, que Les Cahiers du football (et d’autres) tentent de faire vivre malgré les difficultés pour trouver un modèle économique qui pérenniserait sa spécificité éditoriale.

- Peux-tu nous présenter Les Cahiers du football et son projet éditorial ?

Nous avons lancé le site fin 1997, avec deux amis. À l’époque, L’Équipe et, dans une moindre mesure, France Football régnaient sur la presse spécialisée, la presse d’information générale ne s’intéressait pas vraiment au football. Le traitement de ce sport était très pauvre, dépourvu d’esprit critique et de sens de l’humour, de toute contradiction, et en négligeait les aspects économiques, politiques, médiatiques ou sociaux. Avec l’apparition d’Internet, nous avons eu la possibilité, avec peu de moyens, de convertir notre frustration de lecteurs. Il s’agissait aussi de défendre une idée du football qui était déjà menacée, son côté joyeux, sa culture si facile à partager, ses racines populaires. Le parti pris d’une "critique des médias" est présent depuis le début, tout en essayant de montrer qu’un autre journalisme est possible. Le projet est resté le même aujourd’hui.

- Comment avez-vous réussi à durer ?

En frôlant la disparition à plusieurs reprises. En 2002, nous avons annoncé la fin de l’aventure, avant que les réactions des lecteurs ne nous incitent à nous remettre en selle – en particulier avec le projet d’une édition papier. L’équipe rédactionnelle s’est étoffée et nous avons publié en kiosques 43 numéros d’un mensuel au format tabloïd. En novembre 2009, nous avons annoncé la cessation des parutions, faute de moyens humains suffisants et en raison d’une série de déboires. Nous nous sommes alors repliés sur notre terroir d’origine, le Net.

On pourrait trouver quelques similitudes entre Les Cahiers du football et Le Canard enchaîné. Alors pourquoi ne publient-ils pas d’enquêtes, comme le palmipède ?

C’est parce que nous ne sommes pas du tout Le Canard Enchaîné du ballon rond. Au moment de la création, c’est plus Charlie Hebdo qui faisait partie de nos références. Être à la fois "satiriques et critiques" a toujours constitué le mot d’ordre, avec à la fois de l’humour et une prise de recul, et une dose de militantisme, mais pas les moyens de mener des investigations. Notre vocation est plus d’exploiter les informations que de les "sortir" : aujourd’hui, tout le monde a accès à des sources très riches.

- Les chaînes de télévision, en investissant des sommes très importantes dans les droits de retransmission des grands évènements footballistiques, se sont transformées en acteurs économiques majeurs de ce sport, et, donc, indirectement, en coproductrices des compétitions qu’elles diffusent. Le commentaire journalistique peut-il dans ces conditions être autre chose qu’une promotion aveugle d’un spectacle ?

Il le pourrait au prix d’un peu de courage éditorial et de simple déontologie journalistique, mais ce n’est évidemment pas le cas : les médias spécialisés, dans leur écrasante majorité, ont pour mission de vendre le spectacle. Impossible d’être à la fois le commercial et l’observateur impartial d’une industrie. Chez les diffuseurs, on assiste même à l’abolition du métier de journaliste en même temps qu’à celle de toute distance envers le produit. Des pans entiers de l’actualité du football sont totalement occultés sur Canal+, TF1 ou beIN Sport. Le fait que les médias d’information générale aient très peu valorisé le journalisme de sport, contrairement au Royaume-Uni, où les quotidiens ont depuis longtemps des rubriques de très grande qualité, n’a pas contribué au développement d’une vision plus distanciée et plus réflexive.

- Pourquoi les médias sportifs publient-ils peu d’enquêtes, de manière générale ?

Pour les mêmes raisons. Les diffuseurs l’excluent, les radios et la presse écrite y rechignent parce qu’il ne faut pas dénigrer le produit ou altérer son image. D’autant qu’il n’y a aucune culture de l’enquête et de l’investigation au sein du journalisme "sportif" : ce sont les autres services ou les autres médias qui doivent s’en charger. Sporadiquement, il peut y avoir une enquête spectaculaire, comme récemment celle de France Football sur le "Qatargate", mais elles ne procèdent pas d’une démarche constante de lutte contre ce qui menace le sport professionnel. Par voie de conséquence, le sport professionnel est très mal protégé contre ses dérives.

- Dans quelle mesure les chaînes pèsent-elles sur le déroulement des compétitions elles-mêmes ?

Elles apportent la part la plus importante des ressources des clubs, alors les organisateurs doivent satisfaire une partie de leurs exigences, que ce soit spontanément ou en subissant le lobbying des diffuseurs. La Ligue des champions, dont le poids économique est considérable, est un produit très télévisuel : un feuilleton à épisodes multiples, beaucoup de matches, d’affiches entre les meilleurs clubs européens alignant les meilleurs joueurs. Cette influence a favorisé le développement d’un football très starifié et l’établissement d’une élite économique de clubs qui truste le sommet de la hiérarchie sportive, afin d’exacerber le spectacle. Souvent au détriment du sport, à force de surmédiatisation et de banalisation. La demande des télévisions a aussi contribué à faire grossir les compétitions et à produire un calendrier extrêmement chargé.

- Mais ce poids de la télévision a-t-il eu un effet sur le jeu lui-même ?

Indirectement : les télévisions ont enrichi les clubs les plus riches au travers de la redistribution des droits de diffusion, et ainsi contribué la concentration des meilleurs joueurs dans un petit nombre de clubs. La nécessité du spectacle a aussi encouragé la performance individuelle, le culte du geste et des superstars. Mais l’effet sur le jeu est diffus, il est plus perceptible à la marge, dans le comportement des joueurs par exemple, qui jouent littéralement avec les caméras hors des phases de jeu. C’est surtout sur la représentation du football que les télévisions ont un rôle déterminant, au travers de la mise en scène des matches – dont les effets sont souvent désastreux, avec une surenchère technologique, sans la moindre réflexion, qui finit par escamoter le jeu lui-même. À ce sujet, lire les articles de Jacques Blociszewski.

- Dans leur activité ordinaire, quelles relations entretiennent les journalistes spécialisés avec les footballeurs ?

D’un côté, il y a une tradition de connivence : historiquement, elle procédait de la proximité entre des journalistes autrefois peu nombreux et des joueurs pas encore starifiés. Aujourd’hui, cette tradition peut prendre la forme de relations personnelles plus ou moins intéressées, avec des deals implicites : tu me donnes des infos et je t’épargne ou te traite bien (au travers, pour ne prendre que cet exemple toutefois majeur, des "notes" qu’attribuent les uns aux autres le lendemain des matches). De façon plus banale, il s’agit de garder l’accès à "l’information", et le carnet d’adresses est un précieux capital personnel. D’un autre côté, il y a une hostilité réciproque croissante, qui a résulté d’une attention médiatique décuplée, pas toujours bienveillante, et de la distance toujours plus grande entre les journalistes et les footballeurs, dont la communication est de plus en plus encadrée, limitée et formatée – et en outre sous-traitée aux clubs, aux agents et aux sponsors, qui l’organisent étroitement. Il y a de la frustration chez les uns et de la rancœur chez les autres, un mépris mutuel.

- Il y a eu une dégradation ?

Ces dernières années, la tension a fait éclater des altercations violentes verbalement et parfois physiquement : entre Nasri et un journaliste de l’AFP à l’Euro 2012, les insultes ayant volé, ou entre Cyrille Jeunechamp et un journaliste de L’Équipe à Montpellier (le premier ayant frappé l’autre). Mais en filigrane, la consigne est de ne pas se fâcher avec les footballeurs, afin de continuer à décrocher des interviewes, ou simplement à les voir venir en zone mixte les fournir en déclarations. Il y a une très forte dépendance des médias spécialisés aux propos de joueurs ou d’entraîneurs, qui remplissent une grande partie des contenus – aussi creux et prévisibles soient-ils, la plupart du temps.

- Et avec les entraîneurs ou les dirigeants ?

La relation avec les entraîneurs est également compliquée : ils sont un maillon faible, le plus susceptible de sauter quand une équipe va mal. Aussi longtemps qu’un entraîneur est couronné de succès, il est loué sans réserve, mais si la fortune se détourne, il fait une cible visée sans mémoire ni miséricorde. Même s’ils le nient avec une étonnante conviction, les journalistes vont très significativement alimenter le processus qui mènera à l’éviction d’un coach, créant au passage un événement d’actualité majeure, au terme de ce feuilleton. Avec les dirigeants, les conflits sont parfois plus ouverts. Un président comme celui de l’OL, Jean-Michel Aulas, a connu une brouille prolongée avec L’Équipe, qui n’était pourtant pas d’une grande virulence. Mais c’est le même monde : la plupart des intérêts sont partagés en dehors des périodes de renégociation des droits télé.

- Plus spécifiquement, peux-tu nous donner ton point de vue sur le cas L’Équipe, son traitement des grands événements footballistiques et sa position de monopole ?

Même si le groupe Amaury l’a plusieurs fois défendu de façon peu loyale, le monopole de L’Équipe peut difficilement être reproché au journal et à ses journalistes. Et rien ne dit que la concurrence aurait amené de la qualité ou de la diversité. Les expériences récentes ont plutôt indiqué l’inverse, avec le modèle de quotidiens sportifs low-cost tenté par Aujourd’hui Sport, Le Sport et Le 10 Sport, qui ont tous été des échecs éditoriaux et économiques. Il reste qu’au nom du prestige du journal, des valeurs dont il se réclame et d’un peu d’ambition éditoriale, L’Équipe aurait pu endosser un rôle de vigie, de lanceur d’alerte, d’observateur critique des évolutions alarmantes du football. Au lieu de quoi, il est resté le spectateur au mieux passif, parfois complice, de ces évolutions que ses journalistes avaient sous le nez.

- Qu’est-ce qui explique cette passivité ?

Il y a probablement plusieurs facteurs, parmi lesquels l’argument classique "Ça n’intéresse pas les gens", ou encore une idéologie historiquement de droite et l’intérêt partagé de voir le football se transformer une industrie du spectacle. Mais cette passivité reste de l’ordre du renoncement, même si aujourd’hui, le journal en arrive, prudemment et avec quinze ans de retard, au stade de la "prise de conscience". Sur certains sujets, comme l’arbitrage par exemple, le journal a adopté la position imbécile des télévisions. On peut d’ailleurs être particulièrement surpris de l’absence de toute critique à l’encontre du traitement télévisuel du football, alors qu’il y a de quoi redire. Mais c’est un si petit milieu qu’il faut éviter de se fâcher avec d’éventuels futurs collègues ou patrons, de compromettre des débouchés professionnels, l’accès à la lucarne : cela renforce le tabou corporatif.

- Est-ce que, pour la presse, So Foot constitue un contre-exemple ?

Oui. C’est une expérience très significative, d’autant plus qu’elle semble avoir assuré sa pérennité. Ils ont réussi à concilier un vrai projet éditorial avec un modèle économique viable. On peut leur trouver des limites ou leur adresser certaines critiques, mais il faut saluer cette réussite. Malheureusement, So Foot reste relativement en marge du milieu, et n’exerce sur lui qu’une influence limitée.

- Qu’est-ce qui explique l’immobilisme ou le conformisme général ?

Sur nos quinze années d’existence, le constat est terrible : on n’a vu que des dirigeants nommés pour formater un journalisme de marché, dirigé depuis les régies publicitaires et les services marketing, sans imagination, ne cherchant qu’à reproduire des formules éculées, à être moins-disant, à courir après la facilité. En réalité, ils ne font qu’accompagner, en l’aggravant, le déclin de leurs médias. Il n’y a aucun effort de "recherche et de développement", tant pis si c’est suicidaire dans leur situation. En presse spécialisée, la principale réponse à la crise a été d’appauvrir les contenus, d’être de plus en plus racoleur. Il y a des efforts à la marge, il y a de bons journalistes, mais aucune vision, aucun véritable projet éditorial.

- Le processus a été identique en télé ou en radio ?

En audiovisuel, alors que le nombre de canaux a explosé, la victoire du conformisme et du nivellement par le bas été totale. Il s’est agi de faire ce que faisaient les autres, parfois en pire, et en tout cas toujours avec le même casting de chevaux de retour usés jusqu’à la corde, mais bien déterminés à garder leur rond de serviette dans des talk-shows d’une médiocrité confondante. À de rares et éphémères exceptions près, on n’a rien vu de nouveau apparaître. Une large partie de la corporation est gouvernée par le copinage, et elle se blinde contre les critiques en baignant dans un sentiment d’autosatisfaction permanent. La magie de la médiocrité générale, c’est qu’elle permet à ses tenants de ne jamais en prendre conscience, tout en maintenant un niveau d’exigence très bas dans le public.

- Comment Canal+ évolue dans ce contexte ?

Canal+, qui pouvait se prévaloir d’avoir beaucoup innové et de se démarquer des autres chaînes, se contente de faire l’aumône de quelques efforts de qualité, tout se plaçant à la pointe des dérives les plus communes : déblatération, pipolisation, suivisme, niaiserie, réalisation boursoufflée, haine anti-arbitrale, mépris des supporters, censure des aspects problématiques. En termes d’audience, cela marche convenablement. Pour ce qui est de développer l’amour et la connaissance du football, c’est catastrophique. Y compris pour Canal+, à moyen ou long terme, qui ne prend pas soin de son propre marché et qui méprise le noyau des passionnés de football. Sans faire d’exploits, beIN Sport a déjà fait ressortir ce que son rival était devenu.

- Les services « Sports » de la presse quotidienne nationale généraliste (Le Monde, Libé...) semblent s’autoriser une plus grande liberté de ton que les médias spécialisés – tu tiens d’ailleurs toi-même un blog sur lemonde.fr. Comment l’expliques-tu ?

Disons qu’après avoir beaucoup négligé l’actualité sportive, les quotidiens dits sérieux s’y sont mis, au moment où ce domaine devenait plus "noble" (et plus rentable), en adoptant un point de vue plus distancié, extérieur, conformément à leur propre culture journalistique. L’actualité "non-sportive" du sport offre une multitude de sujets passionnants et aussi légitimes que pour n’importe quel autre domaine. Les pure players, notamment Rue89, ont également apporté une approche intéressante, plus moderne. Et il y a parfois des portes qui s’ouvrent : la proposition d’animer un blog "invité" sur lemonde.fr en est une.

- Est-ce que les sites Internet spécialisés ont fait évoluer le journalisme de football ?

Les sites professionnels ont investi les formats du web, comme l’info continue ou les lives, parfois les infographies, mais sans réelle valeur ajoutée sur le plan éditorial. Leur contenu s’étage entre le basique et le franchement médiocre, dans une logique de flux de contenus et de quête de trafic. La "marque" et les moyens économiques de L’Équipe lui ont permis d’acquérir une certaine suprématie, et il est frappant de constater que les pure players sportifs n’ont pas vraiment d’image, de personnalité.

- Et du côté des sites amateurs ou indépendants ?

Le phénomène majeur des dernières années, c’est l’émergence sur Internet toute cette mouvance de sites indépendants qui a apporté une véritable diversité et le renouvellement le plus significatif : les rédacteurs ont une très grande expertise, un ton, de l’humour, et ils explorent des terrains souvent négligés par les médias professionnels : le supportariat, la tactique, l’histoire du football et des cultures populaires qui s’y rattachent. Bref, ce qui fait que ce sport est une culture, pas juste un produit.

- Quelle influence peut avoir cette mouvance ?

En étant optimiste, on peut espérer que ces sites exercent à terme une influence bénéfique sur l’ensemble du milieu Dans certains médias, on voit arriver une génération de journalistes qui ont envie de faire autre chose, qui ont été biberonnés à So Foot ou aux Cahiers. On peut aussi espérer que les médias institutionnels finissent par recruter des talents parmi ceux qui émergent de ce côté-là. Reste à savoir si la pression du marché de l’emploi, ultra précarisé, ne les contraindra pas à rentrer dans le rang. Le problème majeur, c’est qu’il faudrait des patrons de rédaction qui aient un tant soit peu de courage et d’ambition, pour parler poliment. De ce point de vue-là, c’est la désolation.

- Dans un contexte de surmédiatisation marchande du foot, mais aussi de bouleversement de l’économie des médias, quelle peut-être la voie pour un journalisme à la fois indépendant des sociétés de spectacle sportif, moins focalisé sur l’événement et plus distant à l’égard du spectacle et de ses acteurs dominants ? Internet peut-il être une réponse ? Avec quel modèle éditorial et quel modèle économique ?

Il n’y a malheureusement pas de solution simple. Les marges se sont élargies, mais ces expériences restent la plupart du temps fondées sur le bénévolat, elles sont terriblement dépendantes de la mobilisation de leurs animateurs. Il leur est difficile de trouver un modèle économique pour se pérenniser : les ressources publicitaires sont insuffisantes à ce niveau de trafic, et le recours à des solutions payantes est difficilement envisageable du fait de l’ampleur de l’offre gratuite.

- Le financement par la publicité est-il une impasse ?

Sur Internet, la publicité oblige à faire du volume, du clic : il faut débiter de la news, reprendre n’importe quelle information, exploiter les controverses du jour, bombarder les réseaux sociaux. Et aussi accepter des formats publicitaires de plus en plus intrusifs, sans parler des liens sponsorisés et autres aliénations du contenu rédactionnel. Jusqu’à présent, cela a condamné par avance les modèles éditoriaux qui veulent privilégier la qualité à la quantité. Les formules payantes sont peut-être une solution. Pour notre part, nous avons décidé de tenter un modèle mixte, associant les revenus de la publicité (dont la présence est limitée), ceux de notre boutique (livres, t-shirts) et les dons des lecteurs, que nous venons d’inciter à souscrire des "abonnements de soutien".

- Que peut-on souhaiter aux Cahiers du football ?

Eh bien justement, que leur modèle éditorial rencontre enfin un modèle économique. Nous entrons dans un nouveau cycle, avec de nouveaux blogs et rédacteurs, encore plus d’écriture participative au travers de notre "Atelier" sur le forum, l’envie intacte de continuer l’aventure tout en en évoluant... Les prochains mois seront décisifs pour Les Cahiers.

 
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