Plantu a encore frappé. Avec son sens inné de l’actualité il ne pouvait manquer LE sujet que les médias ont érigé, le temps d’un week-end, en enjeu central pour l’avenir du pays : l’ouverture des commerces le dimanche.
Admirons plutôt :
Certes, la charge est un peu violente, mais Plantu n’en est pas à son coup d’essai contre le syndicalisme – et plus précisément la CGT qui se trouve au gré des circonstances du côté des tortionnaires et des persécuteurs. Aujourd’hui, les cégétistes sont associés aux extrémistes religieux brimant les femmes, forcément musulmans dans la logique islamophobe qui gouverne les médias dominants [1] ; en 2004, ils étaient comparés aux militaires états-uniens torturant les prisonniers irakiens :
C’est de l’humour, va-t-on dire... Cela reste encore à voir. Car Plantu lui-même ne se considère pas uniquement comme un caricaturiste, mais plutôt comme un éditorialiste : « Je suis un dessinateur qui se prend pour un journaliste dans un monde médiatique où beaucoup de journalistes se prennent pour des caricaturistes. »
Caricature de journalisme au moins autant que journalisme caricatural, il est un titre qui, ces dernières semaines, a fait ses preuves… jusqu’à l’overdose :
Des « Unes » pouvant paraître aussi détestables politiquement qu’irresponsables journalistiquement, mais qui ont au moins le « mérite » de s’inscrire pleinement dans la ligne éditoriale assumée par Valeurs actuelles…
C’est là que réside tout le problème : s’il marque à sa manière la réorientation de la ligne éditoriale du Monde que nous avions notée il y a déjà un an, puis à nouveau il y a moins de six mois, le dessin de Plantu va plus loin en mêlant à l’anti-syndicalisme patronal la haine anti-musulman. À ce titre, il apparaît en quelque sorte comme un édito de Valeurs actuelles publié dans Le Monde.