La saison du bizutage étant ouverte, le Figaro Étudiant a cru judicieux de prodiguer ses bons conseils aux étudiants qui y sont exposés. Heureuse initiative et occasion de rappeler que ces délicats rituels d’intégration qui ont cours dans certains milieux étudiants sont « désormais illégaux » et que celles et ceux qui les perpétuent « risquent six mois de prison et 7500 euros d’amende. » Pourtant, cet article au titre déjà suspect, « Bizutage : les 5 stratégies de survie », ne fait qu’encourager ce qu’il fait mine de dénoncer…
En effet, selon le Figaro Étudiant qui s’adresse directement aux futures victimes, il n’est pas question de se soustraire aux humiliations et autres brimades qui vous sont imposées, car vous risqueriez alors de « devenir la légende honteuse de votre amphi ». D’ailleurs, « vous n’avez pas su refuser l’offre de vos nouveaux petits camarades », car « vous êtes faibles, comme tout le monde », comme tous ceux qui « n’osent pas refuser de participer de peur d’être rejeté » (sic).
Mais puisque ce « processus de classement et de domination des étudiants » au cours duquel il sera question, entre autres amusements, de « choisir qui finira la tête dans la cuvette d’immondices », est illégal, pourquoi donc accepter de s’y soumettre – même fort des conseils prétendument avisés du journal – serait-il la seule option envisageable ? Il est vrai qu’encourager la solidarité comme rempart contre ces sévices s’avérerait sans doute plus salutaire, mais ce n’est guère dans les habitudes de la maison… Le remède proposé par le Figaro Étudiant contre les bizutages est au contraire des plus classiques : à l’instar des réformes, ils doivent être acceptés comme nécessaires, quoi qu’il arrive, quand bien même ils seraient douloureux et humiliants…
Le lendemain de la parution de cet article, on apprenait sur LeMonde.fr qu’une étudiante avait été victime d’un œdème cérébral suite aux mauvais traitements qu’elle avait subis au cours d’un bizutage. Espérons simplement que du fond de son lit d’hôpital elle ne soit pas tombée par inadvertance sur l’article du Figaro…