Les sections syndicales SNJ des quotidiens Centre Presse, L’Indépendant et Midi Libre, de même que les sections SJ-CFTC Midi Libre, CFDT, CGE et FO de L’Indépendant dénoncent la suppression de 50 à 58 postes au sein du groupe des Journaux du Midi telle qu’annoncée ce jeudi 24 octobre 2013 par le président du directoire de GSO Olivier Gerolami, lors d’un comité de groupe. Ces suppressions de postes comprennent entre 35 à 40 CDD ou intérimaires, ainsi que 15 à 18 départs non remplacés (démissions, ruptures conventionnelles, départs à la retraite…)
Après une saignée il y a un an, qui a mis les services et les rédactions dans une situation exsangue, les salariés ne voient plus le bout du tunnel. Ils sont excédés, épuisés.
Les fermetures annoncées des agences Midi Libre de Narbonne et Carcassonne dans l’Aude et de Rodez en Aveyron sont une atteinte de trop à l’emploi, aux conditions de travail, au pluralisme et à l’identité des titres. Et, au final, à la qualité de l’information.
Les syndicats signataires de ce texte s’opposent aux fermetures de ces trois agences. Ils ne supportent plus d’être considérés comme la principale variable d’ajustement. Ils refusent le message délivré par les actionnaires, lequel pouvait se résumer d’un indécent "marche ou crève".
Saint-Jean-de-Védas, le 24 octobre 2013
SNJ Centre Presse, SNJ Midi Libre, SNJ Indépendant, SJ-CFTC Midi Libre, CFDT Indépendant, CGE Indépendant, FO Indépendant.
Complément d’information par la section SNJ Centre Presse Aveyron (14 novembre)
De Nice à Rennes et de Reims à Bordeaux, en passant par Montpellier et Clermont-Ferrand, un vent mauvais comme jamais souffle sur nos entreprises de presse quotidienne régionale et départementale.
En Aveyron, c’est Midi Libre qui ferme son agence historique de Rodez, mettant définitivement à mal l’indépendance et l’identité de chacun des titres de ce groupe. Et tant pis pour ce pluralisme que voici peu encore nos dirigeants se vantaient de considérer comme un principe intangible.
Cette casse de l’information de proximité se traduit bien évidemment par une nouvelle saignée dans les effectifs (c’est sa raison d’être). Après le douloureux plan social qui s’est soldé l’an dernier par des wagons entiers de départs dits "volontaires", c’est maintenant aux salariés les plus précaires que la direction a décidé de s’en prendre : CDD, pigistes, intérimaires.
Dans cet odieux jeu de massacre, ce sont les rédactions des trois quotidiens qui se retrouvent les plus exposées et les plus fragilisées. Ce qui annonce d’ores et déjà une nouvelle dégradation de leurs conditions de travail, car parions qu’on ne manquera pas de leur demander, une fois encore -une fois de trop- de faire plus (du multimédia par exemple) avec moins.
Oser cette nouvelle attaque contre nos capacités de production d’information, situées au cœur de l’activité de notre groupe et grâce auxquelles celui-ci dégage toujours la majeure partie de son chiffre d’affaire, représente donc pour la section SNJ de Centre Presse Aveyron une très lourde erreur stratégique.
Mais nous avons beau le leur dire et le leur répéter, nos dirigeants restent sourds, ne sachant que rabâcher qu’il faut bien réagir en urgence aux chutes accélérées de la diffusion comme au décrochage des recettes publicitaires.
Nous ne vendons pas des savonnettes !
Pas plus que ce n’est en saignant le malade qu’on le soigne, ce n’est pas en vidant nos rédactions de leurs substances humaines qu’on parviendra, sinon à les redynamiser, du moins à les maintenir dans un état de fonctionnement supportable.
Ce n’est pas davantage en pariant sur des actions de développement, type événementiels ou partenariats, très hypothétiques "relais de croissance", que nous pourrons enfin nous extirper de ce cercle vicieux. Car, en outre, on risque fort au contraire d’abîmer un peu plus la crédibilité de nos titres de presse en les rabaissant au rang de simples "marques"... Comme si nous vendions des savonnettes !
C’est encore moins en menant sur de nouveaux supports une course effrénée autant qu’irresponsable au clic et au buzz, tout en piétinant au passage les règles les plus élémentaires de notre déontologie professionnelle (avec les effets délétères qui iront forcément gangrener nos éditions sur papier), qu’on redonnera de la valeur ajoutée à une information déjà si maltraitée !
Bref, tant que nos patrons ne résisteront pas à leur tentation mortifère de traiter l’information comme une vulgaire marchandise, nous ne pourrons que redouter que la presse, et pas seulement la presse écrite régionale, ne continue à s’enfoncer dans cette spirale infernale.
Un préalable
Or nous sommes plus que jamais convaincus qu’il existe une alternative.
Celle-ci repose sur un préalable : que nos dirigeants, enfin, daignent redescendre de leur tour d’ivoire, et ouvrent des négociations en totale loyauté et transparence. Car ils ne redeviendront audibles que lorsqu’ils auront accepté de tout mettre sur la table : leurs salaires (qu’on imagine bien gras), leurs défraiements tout aussi conséquents (ah les vertus, quand c’est pour soi, de l’auto-contrôle...), leurs avantages divers et variés (luxueuses voitures de service, appartements de fonction, gadgets divers et variés les plus high-tech et chers...)
Jusqu’à présent, pour camoufler leurs privilèges, ils se sont cachés derrière la loi qui dit qu’un revenu individuel est protégé par la confidentialité. Sauf qu’eux ne connaissent que trop les nôtres, à sans arrêt vouloir les sabrer, et qu’au nom de la confiance et de la réciprocité, rien ne les empêche, en l’espèce, de déroger à la loi... Alors, chiche
?
Quant à nos actionnaires, dont l’un d’entre eux se plaignait récemment d’être assujetti à l’ISF du fait de posséder trop de parts du groupe Sud Ouest - Midi Libre (à peine si ce n’était pas de notre faute...), là, la solution est on ne peut plus simple : qu’ils partent !
Trois leviers
En tout état de cause, ce n’est qu’une fois retrouvé un climat confiant et serein que nous pourrons commencer à discuter sérieusement. Nous pourrons alors évoquer trois leviers à même de redonner une vraie valeur ajoutée à l’information. Trois leviers que porte sur le plan national le SNJ, et contre lesquels nos patrons n’ont eu de cesse de s’arc-bouter.
Rappelons qu’il s’agit de l’annexion de notre charte déontologique 1918-1938-2011 à notre convention collective ; de la dotation d’un statut juridique à toutes les équipes rédactionnelles (pour qu’elles soient vraiment placées en situation de produire une information de qualité, complète, libre, indépendante et pluraliste) ; et enfin de la mise sous conditions déontologiques et sociales des aides publiques à la presse (plus d’un milliard par an tout de même...)
Si cette troisième mesure relève du pouvoir politique (qui commettrait une erreur historique à ne pas s’en saisir) les deux premières propositions peuvent, elles, se décliner dans chacune de nos entreprises de presse, par simple voie d’accord collectif. Il n’en tient ici qu’à nos patrons, auxquels, en plus, cela ne coûterait pas un rond...
Nous en convenons : leur mise en œuvre ne s’accompagnera pas forcément d’un retour immédiat à de bons résultats. Mais nous sommes plus que jamais persuadés que du seul fait de redonner enfin un vrai souffle à nos équipes, les diffusions ne pourront que s’en ressentir positivement... Alors, chiche encore
?
Que nos dirigeants et actionnaires sachent donc que la défense de nos emplois et la défense de la qualité de l’information représentent à nos yeux un seul et même combat. Et que nous sommes plus que jamais déterminés à le mener sans ciller !
Rodez, le 7 novembre 2013