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Censure des Nouveaux Chiens de garde à France Télévisions : son président interpellé par une députée (EELV)

Mercredi 20 novembre, Rémy Pflimlin, président de France Télévisions, était auditionné par les commissions des affaires culturelles et des finances de l’Assemblée nationale [1]. Nous reproduisons ci-dessous, avec son autorisation, la question que lui a posée à cette occasion Isabelle Attard, députée Europe Écologie–Les Verts du Calvados. Rémy Pflimlin qui ne l’a pas fait lors de l’audition, s’est engagé à ce que France Télévisions réponde par écrit. Une réponse qu’Acrimed attend avec impatience…

Monsieur Pflimlin, je ne sais pas quelle sera la durée de votre mandat comme PDG de France Télévisions. Je sais par contre pourquoi vous resterez célèbre bien au-delà. Votre plus beau titre de gloire, à mon avis, restera le refus, le blacklistage, le bannissement, du Harry Potter du documentaire, j’ai nommé : Les Nouveaux Chiens de garde, sorti en janvier 2012, réalisé par Gilles Balbastre et Yannick Kergoat, tiré d’un essai de Serge Halimi.

À ce jour, seule Canal Plus a diffusé Les Nouveaux Chiens de garde. À une heure tardive. Je précise que la direction ne l’a fait que sous la menace de résiliation des abonnés.

Dites-moi, monsieur Pflimlin. Comme moi, vous avez vu ce documentaire. Toute votre profession en a parlé, vous vous êtes forcément renseigné avant de le refuser. Quelle est la raison de la non-diffusion, par le service public, des Nouveaux Chiens de garde ?

Pensiez-vous qu’après plus de 220 000 entrées en salles, tous ceux qui voulaient le voir l’avaient vu ?

Aviez-vous peur de faire de la publicité déguisée pour les ménages des journalistes ? Vous savez, ces prestations commerciales, grassement payées, au mépris de l’indépendance et de la déontologie du journalisme.

À moins que vous ne vouliez préserver vos bonnes relations avec les grands patrons des médias, les Dassault, Bolloré, Lagardère, Pinault, Bouygues et Arnault. Il est vrai que plusieurs d’entre eux ont été vos employeurs. Et vu leur influence sur les médias français, vous retravaillerez probablement aussi pour eux à l’avenir, n’est-ce pas ?

Auriez-vous peur d’être exclu du cercle très sélect des membres du Siècle ? Il est vrai que Les Nouveaux Chiens de garde ne sont pas tendres avec ce club, ce concentré d’oligarchie, qui regroupe les élites auto-proclamées de notre pays : ministres, députés, PDG, et bien sûr, journalistes et patrons de presse.

Le Siècle fait preuve, dans son recrutement, d’une diversité remarquable. Être de droite ou de gauche n’est pas important. Si j’osais, je dirais que c’est un haut lieu de la pluralité.

Je tente une dernière hypothèse : vous êtes vexé de ne pas faire partie des nombreux membres du Siècle qui apparaissent dans le documentaire ?

Vous l’aurez compris, je ne crois pas vraiment à toutes ces propositions. Je compte sur vous pour me donner la vraie réponse.

Bien sûr, je préférerais votre engagement de programmer ce documentaire à une heure de grande écoute.

Ce serait une très belle illustration du pluralisme dont vous êtes capable, en privé.


En complément, une capture de Tweets le 20-11-2013 à 17h 20 :

 
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Notes

[1Audition que l’on peut visionner en intégralité sur le site de l’Assemblée nationale.

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