Pour nous mettre en conformité avec deux « Unes » de votre hebdomadaire préféré…
… Nous avons décidé de renoncer à toutes les aides à la presse, directes et indirectes, officielles ou masquées, dont nous bénéficions.
Nous aussi nous sommes des « assistés », comme l’ont signalé Acrimed (dans un article malveillant) et un député du PS (cité par « Arrêt sur images »), puisque nous bénéficions de 4 800 000 euros d’aide à la presse. Et quand nous avons hurlé à la Une de notre dernière publication « Rendez l’argent ! », c’est également à nous que nous pensions. Il faut tailler dans les dépenses publiques improductives. Or nous ne sommes productifs que de démagogie.
Nous avons tenté de nous expliquer, dans un encadré qui figure fort opportunément dans le numéro où nous demandons que l’argent soit restitué [1]. À nos yeux, les aides à la presse « font souvent fantasmer » (alors qu’il va de soi que la France des « assistés » ne relève pas d’un pur fantasme). C’est pourquoi nous avons tenu à préciser ceci : « Si des quotidiens touchent des aides directes, d’autres journaux pas. Le Point a ainsi bénéficié de 4,84 millions d’euros d’aides ; mais sur cette somme, 4,62 millions viennent d’aides postales, liées au prix très élevé du courrier en France par rapport aux autres pays européens, notamment l’Allemagne. En somme,plutôt une subvention à La Poste. »
Nous avions déjà décidé de rembourser la différence entre l’aide globale (4,84) et l’aide postale (4,62). Soit environ 220 000 euros. Ou mieux, de les confier à Acrimed. Par décret de l’administration fiscale, comme cette association le signalait dans un communiqué (« Acrimed n’est pas une niche fiscale »), celle-ci ne bénéficie pas de l’autorisation de permettre à ses généreux sympathisants et adhérents de déduire de leurs impôts les dons à cette association. Pour une raison fort évidente, selon l’administration (et nous-mêmes) : Acrimed ne produit pas d’œuvres de l’esprit, mais seulement de mauvais esprit.
Mais, instruits par l’expérience de Franz-Olivier Giesbert, qui vient de quitter la direction après avoir rendu d’immenses services à la rigueur politique et intellectuelle, nous nous sommes ravisés. Nous prétendions, par un sophisme indigne de lui, que les 4,62 millions d’aides postales étaient une aide à La Poste. Nous avions omis de préciser que si les aides postales sont « en somme » une subvention à La Poste, c’est pour que La Poste nous aide !
… Et qu’elle nous aide notamment à transporter la moitié de nos pages les plus précieuses : celles qui sont dédiées à la publicité qui bénéficie, ainsi, elle aussi, de l’aide à la presse. De cette contribution publique et postale à la publicité, nous ne voulons plus. Nous renonçons donc également à l’aide postale.
Et pour que notre cure soit complète, nous nous engageons à compenser intégralement, par des augmentations de salaire correspondantes, le renoncement volontaire de nos journalistes à l’abattement fiscal qui leur est réservé [2].
En revanche, nous demanderons à notre propriétaire, François Pinault de faire un geste : avec une fortune estimée à plus de 6 milliards d’euros en 2010, il devrait pouvoir compenser un peu notre manque à gagner.
Henri Maler, directeur fictif et provisoire du Point.