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En bref

Débats en vue des municipales : un nouveau jeu radiophonique sur Europe1.fr

par Jérémie Fabre,

Le débat organisé par LCI, Europe 1 et Le Parisien-Aujourd’hui en France le 29 janvier dernier, avec la participation d’Anne Hidalgo (PS), Nathalie Kosciusko- Morizet (UMP), Wallerand de Saint-Just (FN), Christophe Najdovski (EELV) et Danielle Simonnet (Front de gauche) nous a valu des comptes rendus dopés au pluralisme médiatique, comme on peut le lire dans nos article précédents [1].

Le soir même Europe1.fr est revenu à sa manière sur ce débat, sous un titre qui affiche d’entrée de jeu la teneur spectaculaire de l’article : « Municipales à Paris : qui a gagné le premier débat ? ». Et le moins que l’on puisse dire, c’est que, pour désigner le vainqueur, la méthode est originale.

« Qui a gagné ? » Pour le savoir « Europe1.fr a posé la question, nous dit-on, à des observateurs avisés » réunis en jury afin… de noter la prestation des candidats à la mairie de Paris ! Un jury composé des inamovibles Arlette Chabot et Jean-Pierre Elkabbach, et des non moins « avisés » Matthieu Croissandeau (rédacteur en chef au Parisien), et Alexandre Kara (chef du service politique d’Europe 1). À ce panel de journalistes s’ajoute Charles Beigbeder, candidat dissident à droite dans la capitale, sans la moindre justification…

Nos « avisés » ne sont pas invités à évaluer et comparer les programmes politiques des candidats, mais bien leurs performances personnelles dans une confrontation commentée par des communicants comme un exercice de pure communication, voire comme une variante politique de « radio-crochet » (ou, pour être plus « moderne » de l’émission « The Voice » de TF1) : un jeu radiophonique qui permettait de désigner un « gagnant ».

Arlette Chabot, au sommet de son art, oppose, non sans lyrisme, une Anne Hidalgo « terrestre » à une Nathalie Kosciusko-Morizet « aérienne » et à un Christophe Najdovski « rafraîchissant ». Petite griffure à propos de Danielle Simonnet, d’emblée renvoyée aux lendemains hypothétiques du second tour : « Je souhaite bon courage à Hidalgo pour sa future majorité. » Et pour finir, cet éclair de génie : « Quant à Wallerand de Saint-Just, il est du FN, c’est certain. »

Jean-Pierre Elkabbach, caricature permanente de lui-même, exécute politiquement Danielle Simonnet (« pleine de contradiction et avec comme seul argument : "on détruit les caméras et on les remplace par des fonctionnaires"  ») et caresse dans le sens du poil Wallerand de Saint-Just (« il est resté très fidèle à la ligne du FN, mais sans méchanceté ni agressivité »), mais ne lui attribue qu’un misérable 2/5. Classement partisan de ses préférences partisanes avec en tête et à égalité (4,5/5) les deux « favorites » ? Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet sont systématiquement placées en tête des notes des quatre jurés journalistes, puisque selon Elkabbach elles étaient « dans leur rôle » et que, selon Alexandre Kara, elles « ont su garder leur rang » : un « rôle » et un « rang » fixés et entretenus par les médias eux-mêmes

De son côté, Mathieu Croissandeau a finement remarqué que Danielle Simonnet, « très mélenchoniste » était… « tout de rouge vêtue » et que Christophe Najdovski n’était « pas très vindicatif, mais assez sympa. ». Quant à Alexandre Kara, il a été « déçu par les hommes » qu’il a « trouvés vraiment en demi-teinte et en retrait. » En revanche, notre juré a eu droit à une « révélation »  : Danielle Simonnet, « que l’on ne connaissait pas et qui a été excellente ». Un journaliste politique qui avoue, lui, ne pas « connaître » tous les candidats mérite incontestablement le prix Albert Londres.

Qui a trouvé que « c’était très politicien » ? Le cinquième larron, lui-même candidat à la mairie de Paris : le politicien Charles Beigbeder. Mais pour faire son propre éloge, quoi de mieux pour cet homme d’affaires que de proclamer que « les Parisiens en ont marre des professionnels » de la politique et de placer à égalité à 2/5 tous ses adversaires...

Dépolitisation et personnalisation : ce journalisme politique n’est rien d’autre que celui de pseudos experts « avisés » en communication. Évaluation et notation des prestations médiatiques : ce jeu radiophonique permet d’établir un classement, qui fait la fierté d’Europe 1. Dont voici le résultat :

Qu’avons-nous appris ? Rien. La note obtenue par cet article d’Europe 1 ne vous sera pas communiquée.

Jérémie Fabre

 
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