Ce jeudi 10 avril, sur les coups de 16h30, l’arbitrage n’est pas facile à rendre : faut-il consacrer la Une à ce fait majeur qu’est l’élection à l’Académie française d’un grand intellectuel de notre temps, Alain Finkielkraut, ou bien à la mise en examen d’un élu député et ancien maire pour achat de votes ? Le Figaro, à contre-courant, fait le pari de l’audace :
Déjà le 12 février, vers 18h, quand tombait la nouvelle de la levée de l’immunité parlementaire de Serge Dassault, Le Figaro ne cédait pas aux sirènes de l’actualité en lui préférant un sujet de fond : l’« adhésion » d’un tiers des français aux idées du Front National [1] :
Une semaine plus tôt, le 6 février vers 16h30, Le Figaro choisissait d’afficher à la Une de son site une information économique de premier plan plutôt qu’une information anecdotique sur la seconde demande de levée d’immunité parlementaire de Serge Dassault par les juges, la première ayant été refusée par le Sénat :
S’il prête à sourire, l’exemple du Figaro n’est pas totalement anodin ou singulier. Pas plus tard qu’hier, nous évoquions d’ailleurs le silence de La Dépêche sur la mise en examen de son propriétaire, Jean-Michel Baylet...
Au moment où le trio Bergé-Niel-Pigasse, déjà propriétaire du Monde, s’apprête à racheter le Nouvel Observateur et où le propriétaire de Libération voudrait transformer le quotidien en produit d’appel, ne serait-il pas temps de s’interroger sur le modèle économique pervers qui met la presse française, par ailleurs sous perfusion de subventions publiques, dans la main d’industriels ou de banquiers ?
Frédéric Lemaire
Nos remerciements à Sébastien Fontenelle.
PS : L’article publié par Le Figaro concernant la mise en examen de son propriétaire est plus explicite encore que la pudeur du quotidien à évoquer l’information en Une de son site. Un véritable communiqué de presse : « Corbeil-Essonnes : Serge Dassault conteste sa mise en examen »