Cette semaine, BVA a fait fort. Dans un article publié sur son site le 10 mai, et qui sert de résumé à un sondage effectué à la fin du mois d’avril, l’institut titre, au mépris de la réalité : « Marine Le Pen : toujours impopulaire… mais toujours en progression ». Pour l’impopularité, c’est vrai ; en revanche, pour la « progression », c’est parfaitement faux si on se base sur les chiffres de… BVA !
En effet, l’institut avait déjà effectué un sondage similaire en septembre 2013. On y retrouve les mêmes grandes questions : « Pourriez-vous voter pour Marine Le Pen à la prochaine présidentielle ? », « Vous personnellement, avez-vous une très bonne, plutôt bonne, plutôt mauvaise ou très mauvaise opinion de Marine Le Pen ? » et « Feriez-vous tout à fait, plutôt, plutôt pas ou pas du tout confiance à Marine Le Pen pour gouverner le pays ? ». La méthode de sondage est la même (par téléphone et par internet) et l’échantillon est semblable (1 049 personnes en septembre, 1 102 en avril) ; ces deux enquêtes d’opinion sont donc très largement comparables.
Sur toutes les questions posées sans exception, Marine Le Pen enregistre une très nette baisse de sa popularité. Le chiffre de bonnes opinions baisse de quatre points, celui de mauvaises opinions augmente de trois points (et même de neuf points pour les « très mauvaises » opinions). Le nombre de personnes disant pouvoir voter pour elle à la présidentielle est en baisse de six points et celui du nombre de personnes affirmant qu’ils ne pourraient « en aucun cas » voter pour elle est en hausse de six points. On retrouve les mêmes chiffres sur la confiance : une baisse de quatre points de ceux qui lui font « confiance pour gouverner le pays » et une hausse de quatre points de ceux qui ne lui font pas confiance. Vous pouvez retrouver ces données dans le tableau ci-dessous :
Pourquoi BVA a-t-il choisi de présenter Marine Le Pen comme étant « en progression » alors que, selon ses propres chiffres, elle est en très nette baisse ? Pourquoi aller chercher des données de 2011 pour faire un comparatif alors qu’il existe des chiffres de 2013 ? S’il s’agit de parler du temps long, pourquoi parler de « progression » alors que toutes les variations enregistrées sur le long terme se situent dans la marge d’erreur du sondage (établie à 2,5 points) ? Surtout, pourquoi taire cette nette et brutale chute de Marine Le Pen ?
Serait-ce qu’à quinze jours de l’unique tour de l’élection européenne, il ne faudrait pas gâcher le récit médiatique qui présente quasi systématiquement le Front National comme le futur grand gagnant de ce scrutin ?