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Précarité généralisée et licenciements à Radio France (Sud Radio France)

Nous publions ci-dessous deux tracts, datés des 4 et 9 juillet, du syndicat Sud Radio France. Ils alertent sur la situation sociale au sein des différentes stations qui composent le groupe public. Loin de tenter de résorber la précarité généralisée qui règne à Radio France – avec nombre de salariés permanents en CDD d’usage (CDDU) ou sous statut d’intermittent du spectacle –, la nouvelle direction en profite au contraire pour procéder à des licenciements en nombre.



Le premier texte reproduit ici, daté du 9 juillet expose la situation qui prévaut pour l’ensemble des salariés, tandis que le second, qui était paru le 4 juillet, revient plus en détail sur le parcours du combattant des jeunes journalistes qui souhaitent avoir le privilège d’appartenir au vivier dans lequel les rédactions en chef de « la maison ronde » puisent lorsqu’ils ont besoin d’un pigiste ou d’un journaliste en appoint pendant quelques jours, semaines, ou mois.



Deux textes qui témoignent de pratiques de gestion du personnel consternantes de la part d’un groupe public qui devrait être exemplaire en la matière. Sans compter que cette stratégie gestionnaire malthusienne et court-termiste ne peut que nuire, à plus ou moins longue échéance, à la qualité des programmes…



CDD d’usage (CDDU). En finir avec les abus  !




En quelques semaines de présence, les nouveaux dirigeants de Radio France ont révélé leurs méthodes et leur philosophie.

Toutes chaînes confondues, les producteurs délégués et les collaborateurs spécialisés d’émission sont les premiers à en faire les frais. Début juillet, ils sont encore nombreux à ne rien savoir de leur avenir.

La palme du cynisme revient sans doute à la direction de France Musique. Après une présentation chaleureuse et volontairement rassurante de la nouvelle directrice face à l’ensemble des collaborateurs de la chaîne, les rendez-vous individuels se sont tenus courant juin.

Le processus a débouché sur une dizaine de licenciements après des simulacres de concertation. Les annonces ont été faites en un temps record, avec une absence de motivation pour justifier des décisions prises. Ainsi des professionnels expérimentés, avec parfois de nombreuses années d’ancienneté, ont appris fin juin de leur directrice totalement inexpérimentée dans le domaine de la radio, qu’ils ne figureraient plus sur la grille de la rentrée.

Radio France s’était pourtant engagée à respecter un délai de prévenance de deux mois pour mettre fin aux collaborations sous contrat à durée déterminée d’usage constant. Pour France Musique, au delà de la méconnaissance totale de l’univers de la radio, la nouvelle direction brille par sa violence et sa brutalité. Les dégâts humains sont immenses. Les personnes licenciées se retrouvent exclues de l’entreprise. Elles découvrent concrètement l’ampleur du préjudice lié au statut de CDDU, avec des questions d’une grande complexité à dénouer, en matière d’indemnisation, de chômage, de retraite...

Un très beau texte des techniciens et techniciennes de la chaîne a d’ailleurs dénoncé les méthodes employées et a révélé le désarroi des équipes. Cette nouvelle direction est totalement discréditée.

Alors que la question de la permittence est au cœur du conflit portant sur les annexes 8 et 10 de l’UNEDIC, Radio France refuse d’ouvrir une négociation spécifique sur les CDDU, sur la base du rapport parlementaire de 2013. Ce dernier invitait les entreprises à négocier pour l’intégration des salariés en CDDU occupant des postes par nature permanents.

Radio France ne respecte pas la loi et les nombreuses jurisprudences, mais comble de l’absurdité du système en place, les collaborateurs en CDDU qui renoncent à une action en justice, Obtiennent leur CDI le jour de leur licenciement !

Les épargnés d’aujourd’hui seront peut-être demain directement concernés. Seule une action d’envergure permettra aux salariés de l’ensemble des chaînes de faire valoir leurs droits. Les personnels doivent se mobiliser, c’est une priorité de la rentrée de septembre.

Sud Radio France est engagé dans ce combat.

Paris, le 9 juillet 2014



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Salariés précaires. Refuser l’arbitraire




L’appel des précaires journalistes lancé dans le cadre du CCE du 25 juin rappelle que Radio France exploite à grande échelle un dispositif honteux.

Il ne faut pas rater une occasion de dénoncer, de se mobiliser pour mettre fin à un système organisé visant à maintenir des salariés dans la précarité.

La justice a débouté SUD qui s’était attaqué à l’accord journalistes CDD de 2008 et notamment à la disposition qui visait à exclure AUTOMATIQUEMENT des journalistes à l’issue de trois années de collaboration. La Direction avait étendu cette disposition scandaleuse à l’ensemble des salariés en CDD.

Il aura fallu que nous déposions un préavis de grève en juillet 2013 pour obtenir l’abandon de cette disposition pour l’ensemble des salariés en CDD, tout en rappelant que le droit du travail établit le CDI comme la norme du contrat de travail.

Une avancée qui démontre que la direction n’entend QUE le rapport de forces. Nous publions le témoignage d’un journaliste de la maison qui soutient le combat des précaires.

Le temps où les journalistes pouvaient entrer en CDI dans la carrière sur simple présentation d’un CV, sans même un entretien et parfois sans diplôme, est révolu depuis longtemps.

A présent, les jeunes gens qui occupent le planning pendant parfois 7 ou 8 ans, en collectionnant les contrats sans être sûrs d’être intégrés, vivent un parcours du combattant proche du calvaire. D’un train à l’autre, de chambre d’hôtel en chambre d’hôtel, ils atteignent 35 ans sans avoir pu construire la moindre vie privée. C’est le prix de l’instabilité.

Après le bac, beaucoup d’entre eux enchaînent 2 années de Lettres supérieures avant d’entrer dans un Institut d’Etudes Politiques. Pour mettre toutes les chances de leur côté, ils peuvent tenter un double cursus qui leur donne en plus un Mastère d’histoire, de droit ou de sciences économiques. Puis ils passent les concours pour l’accès aux écoles de journalisme reconnues par la profession : presque partout, 1.000 candidats se disputent 45 places.

Ça, c’est le premier examen, la première sélection.

Après deux années passées dans l’un de ces centres de formation, ils doivent obtenir le diplôme grâce auquel ils tenteront d’obtenir un stage d’été rémunéré dans une rédaction de Radio France.

Deuxième examen, deuxième sélection.

A l’issue de ce premier stage, il leur faut encore gagner leur inscription au planning des CDD. Ils peuvent être 50 à déposer leur candidature quand il n’y a que 5 places à pourvoir. Un jury de rédacteurs-en-chef se réunit deux fois par an et tranche.

Troisième examen, troisième sélection.

S’ils sont retenus au planning, commence alors pour eux une longue attente. Ils doivent toujours se tenir près de leur téléphone, être attentifs aux appels en provenance de la DRH de Radio France. S’ils ne répondent pas assez vite, s’ils ont accepté une pige pour un autre média (il leur faut bien manger et payer leur loyer), on leur dit que les quelques jours de contrat providentiels ont été confiés à l’un(e) de leurs collègues CDD du planning, qu’il leur fallait être plus réactif, ne pas se disperser en acceptant de travailler ailleurs que dans notre réseau. Très vite, ils surveillent toutes les consultations internes que leur indique TEXTO. Ils se portent candidats partout, sont convoqués à des entretiens ou ne le sont pas.

Quatrième examen, quatrième sélection.

Et tant que dure cette « période d’essai » sur des années et des années, tous leurs déplacements, toutes leurs affectations temporaires font l’objet d’une fiche de suivi. Chaque rédacteur en chef de chaque rédaction fréquentée y note ses remarques. Et quand on veut déstabiliser un journaliste précaire qui ne comprend pas pourquoi on ne le recrute pas après 200 contrats en CDD, 2000 jours de piges et 20 candidatures sur des postes à pourvoir, on lui balance : « Il y a ce que l’on écrit et ce qui ne se dit pas… ».

La fiche d’accompagnement, CDD après CDD, c’est le cinquième examen, la cinquième sélection.

Bref, à Bac+5 ou Bac+8, après des années d’études supérieures et d’efforts, ces jeunes gens (120 au planning actuellement) subissent un examen de passage au jour le jour pendant près de dix ans. Un examen souvent sans lendemain. Radio France finit de les former, les trouve assez bons pour les affecter à toutes les tâches, mais fait tout pour les dégoûter de leur métier.

Dans le cadre de la négociation « Contrat de génération », nous avons demandé, exigé de la direction qu’elle communique des données très précises concernant les personnels en CDD.

Dans ce cadre, un plan de recrutement devra être mis en place. D’autre part, les modalités de gestion des personnels en CDD doivent être revues afin de garantir des règles d’équité dans la plus totale transparence.

Paris, le 4 juillet 2014

 
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