En matière de voyeurisme plus ou moins assumé, les médias n’en sont plus à leur coup d’essai. Sous prétexte d’informer et de prendre le pouls de leur lectorat, toutes les occasions semblent bonnes pour prendre part au bal des faux-culs, sans en avoir l’air… ou presque.
Ces dernières années, « l’affaire DSK » (dans sa version « Sofitel »), puis « l’affaire Trierweiler » nous ont notamment gratifiés de quelques grands moments où le néant journalistique le disputait à l’hypocrisie médiatique. Plus proche de nous, « l’affaire du Carlton » a eu un indéniable petit goût de revenez-y.
Ainsi, Le Parisien nous a offert un de ces sondages schizophrènes qui, sous couvert de solliciter l’avis de ses lecteurs, relève davantage de l’introspection inconsciente.
Car quel que soit le « grand déballage » à l’oeuvre dans le prétoire, rien n’oblige la presse a une couverture si sensationnaliste et si disproportionnée de l’affaire en question, sinon l’espoir de dynamiser ses ventes grâce à ce filon inespéré.
Pour être à la hauteur de « l’événement », Le Parisien, toute honte bue, ne semble reculer devant aucun sacrifice éditorial. Jugez plutôt : outre la soixantaine d’articles (!) parus en deux semaines seulement soit dans sa version papier soit dans sa version numérique, le quotidien sort la grosse artillerie puisque des vidéos, des visuels interactifs et même une retranscription/ analyse minute par minute du procès nous sont proposés :
Comme l’un des journalistes le dit si bien dans un moment de lucidité sinon de confession involontaire, grâce au Parisien (et à d’autres…), c’est « crudité à volonté ». Pendant ce temps-là, les divers sujets nationaux ou internationaux, sociaux ou économiques, attendront…
À noter que ce genre de pseudo-enquête d’opinion n’est pas l’apanage du Parisien puisque l’on a aussi droit, rigoureusement dans les mêmes termes, aux cris d’orfraie à peine voilés de L’Est Républicain :
En mal d’inspiration, Le Journal du Dimanche se contente pour sa part de donner plus de visibilité encore à « l’affaire » en nous gratifiant de cette « une » délicieusement ambiguë :
Échantillon non exhaustif et inachevé, malheureusement…
Thibault Roques