Les obsessions islamiques d’Ivan Rioufol
Ivan Rioufol, éditorialiste au Figaro, est l’un de ceux-là. Lorsque l’on parcourt le « bloc-notes » qu’il alimente régulièrement, on ne peut qu’être frappé par sa focalisation sur l’islam et sur les musulmans, qui tourne en réalité à l’obsession. Dans un billet au titre évocateur (« Le vrai clivage politique passe par l’islam », 12 septembre 2014), il explique ainsi ce qui suit :
Le vrai clivage ? Ce n’est plus la droite contre la gauche ; cette opposition-là ne produit que de vaines disputes. Ce pourrait être les libéraux contre les dirigistes ; cependant, ce serait considérer l’économie comme la clef de voûte des crises. Or l’inquiétude identitaire, née du rouleau compresseur de la mondialisation, est celle qui, partout, réveille les peuples. Les Écossais, par exemple, semblent attacher de plus en plus de poids à leur libre destin, en dépit des surenchères de Londres pour tenter de faire échec au prochain vote sur l’indépendance. En France, un même désir de retour à la nation originelle fédère de nombreux citoyens, par-delà les partis. Mais c’est l’islam qui, en l’occurrence, sert de révélateur à la fracture politique. Celle-ci oppose ceux qui défendent la pérennité de l’unité nationale aux partisans de sa dissolution dans la « diversité », au prétexte d’une culpabilisation occidentale enfouie .
On ne peut être plus clair. Questions économiques et questions sociales sont reléguées au second plan, au profit des questions identitaires dont l’islam serait le révélateur. Avec une telle vision du monde, nulle surprise à ce que Rioufol ait multiplié, au cours des dernières années, les déclarations et écrits agressifs à l’égard de l’islam, rendu responsable de tous les maux de la société française. Avec quelques morceaux de bravoure, comme cet appel solennel aux « musulmans modérés » :
Nombreux sont les musulmans qui ont choisi le monde libre, et qui rejettent l’obscurantisme et sa barbarie. À eux de se mobiliser pour réformer le Coran, dont 700 versets appellent à la violence. [1]
Nulle surprise, non plus, à ce qu’il reprenne à son compte les thèses de Renaud Camus, écrivain d’extrême droite condamné pour provocation à la haine et à la violence contre un groupe de personnes en raison de leur religion :
Le phénomène le plus spectaculaire et le plus occulté est celui que l’écrivain Renaud Camus nomme Le Grand Remplacement (Éditions David Reinharc) ; c’est-à-dire les substitutions de population qui s’opèrent, avec la stupéfiante abdication de tous, dans certaines villes et certains territoires et qui tournent le dos au processus d’assimilation constitutif de l’unité nationale. [2]
Ivan Rioufol n’a pas peur des parallèles douteux. Ainsi, lorsqu’en octobre 2010 certaines manifestations lycéennes sont émaillées d’incidents (destruction de mobilier urbain, affrontements avec la police), il évoque des « intifadas à la française », avec un vocabulaire qui, là encore, ne laisse planer aucun doute :
Les encapuchonnés ne défilent pas pour défendre la retraite à 60 ans, ni même le système de protection sociale qui a pu attirer leurs parents ou leurs grands-parents. Ils ont là pour en découdre avec la République, sa culture et ses symboles les plus visibles : les forces de l’ordre, les écoles. C’est ainsi qu’un collège a été incendié au Mans. Les scènes de guérillas urbaines qu’ils reproduisent ressemblent beaucoup aux images d’intifadas des jeunes Palestiniens s’affrontant aux forces israéliennes.
Comparaison n’est pas raison, mais il y a, dans ces insurrections ethniques d’une jeunesse de culture souvent musulmane, le même rejet d’un État vu comme colonisateur et oppresseur. Les ensauvagés, chaque fois plus intrépides et organisés, rappellent l’échec de leur intégration. [3]
Face à de telles « intifadas », que faire ? Évidemment, selon Rioufol, prendre modèle sur l’État mateur d’intifadas :
Le déclin de la France exacerbe, chez ses fossoyeurs, la détestation d’Israël. Cette nation renaissante est également honnie des désabusés. La gauche xénophile est en première ligne pour accabler l’État hébreu. Il est vrai qu’il défend tout ce qu’elle-même a renié : la préservation des racines, la transmission de la mémoire, le culte du héros, la fierté nationale, la protection des frontières. Face au pacifisme des "humanistes" – naguère, ils furent nombreux à rejoindre Vichy et la collaboration –, la démocratie israélienne ne craint pas de recourir à la guerre s’il le faut. Là où l’État, culpabilisé par les minorités militantes, recule devant les intimidations du totalitarisme islamiste importé dans les soutes de l’immigration musulmane, ce petit pays assiégé se bat pour préserver son identité retrouvée. Il ose dire : non. Un mot que la France dépressive va devoir s’approprier pour renaître à son tour. [4]
En bombardant les banlieues avec du phosphore blanc ?
Il s’agit donc de faire preuve de fermeté, de dire « non » et, surtout, de ne pas se laisser abuser par la tentation antiraciste. En effet,
l’idéologie antiraciste est une plaie pour la démocratie. Elle détourne les mots et les regards au profit de minorités protégées qui tentent de subvertir la République avec l’appui de faiseurs d’opinion somnolents . [5]
Heureusement, nous rassure l’éditorialiste, le Front national est là :
À droite comme à gauche, les élites ont avalisé un multiculturalisme de fait, en renonçant à maîtriser l’immigration de masse et à l’intégrer dans la société d’accueil. Toutefois, l’irrésistible ascension de Marine Le Pen les oblige à ouvrir les yeux et à prendre position. Lui laisser le thème de la nation et de sa protection serait lui offrir la victoire en 2017. Déjà, les derniers sondages la mettent largement en tête au premier tour. [6]
Une « irrésistible ascension » qui, pour Ivan Rioufol, exige de tendre la main au FN :
Les réalités politiques obligent à plus de modestie vis-à-vis du FN et, probablement, à des compromis ou des rapprochements. L’erreur qui démange la droite centriste serait de continuer à décréter le FN infréquentable en dépit des nouveaux électeurs qui le rejoignent : ce serait là le meilleur moyen de radicaliser une frange de plus en plus importante d’un électorat qui en a assez d’être méprisé. Si les divergences avec le FN ne manquent pas sur le plan économique (son idéologie antilibérale contredit son pragmatisme sociétal), des convergences existent sur les risques du communautarisme, de l’immigration de masse, de l’oubli de soi, etc. Sarkozy ne pourrait surprendre que s’il décidait de jeter des ponts, en rompant avec l’ostracisme qui n’accorde d’ouvertures qu’à la gauche. [7]
La boucle est bouclée.
Éric Zemmour, évidemment
Nul besoin de s’étendre longuement sur le « cas » Éric Zemmour, tant sa médiatisation à outrance a permis à chacun de mesurer non seulement la profondeur de sa pensée mais aussi, et surtout, sa capacité à reprendre à son compte une large partie des idées et du programme du Front national tout en se défendant de servir les intérêts de ce parti.
Ainsi en va-t-il du principe de la préférence nationale, au cœur du programme du FN, et qu’Éric Zemmour aime à défendre, comme dans son dernier livre, Le Suicide français, lorsqu’il évoque la loi Pleven (1972) qui punit « la provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence » visant des individus ou des groupes « à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race, ou une religion déterminée ». Commentaire de Zemmour :
Personne ne remarqua le glissement opéré par la loi qui n’interdisait pas seulement toute discrimination en raison de l’ethnie, de la race, de la religion, mais y joignait aussi l’appartenance ou la non-appartenance à une nation. […] Ce principe de non-discrimination entre Français et étranger interdit toute préférence nationale ; ruine toute séparation entre l’extérieur et l’intérieur ; sape les fondements de la notion de frontière entre le dedans et le dehors ; assimile le patriotisme au racisme ; interdit à un Français de préférer un compatriote à un étranger. La Loi Pleven est potentiellement, sans que personne en ait pris conscience à l’époque, la dissolution programmée de la nation française dans un magma planétaire .
Et, face à cette « dissolution programmée » liée au refus de toute discrimination, Zemmour aime à rappeler quelques « vérités ». Ainsi, le 6 mars 2010, invité sur le plateau de l’émission « L’Hebdo » (France Ô), il déclare entre autres ce qui suit :
Discriminer c’est choisir, discriminer c’est sélectionner, discriminer c’est la liberté. On a le droit de choisir avec qui on veut travailler, on a le droit de choisir… […] C’est la vie la discrimination !
Durant cette émission, Zemmour explique en outre que les employeurs « ont le droit » de ne pas embaucher « des Arabes et des Noirs ». Il sera condamné à 2.000 euros d’amende avec sursis pour « provocation à la discrimination raciale ». Le même jour, il récidive sur le plateau de l’émission « Salut les Terriens » (Canal plus) :
Pourquoi on est contrôlé 17 fois ? Pourquoi ? Parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c’est comme ça, c’est un fait.
Nouvelle condamnation. Zemmour n’a pas été condamné, en revanche, pour cette autre saillie pleine de bon sens, au cours d’un échange avec Rokhaya Diallo lors de l’émission « Paris/Berlin : le débat » (Arte) le 13 novembre 2008 :
J’ai le sentiment qu’à la sacralisation des races de la période nazie et précédente a succédé la négation des races. Et c’est d’après moi aussi ridicule l’une que l’autre. Ça veut dire que ça n’existe pas alors qu’on voit bien que ça existe. J’appartiens à la race blanche, vous appartenez à la race noire.
Zemmour a également fait de l’islamophobie, autre thème récurrent du discours du Front national, un de ses fonds de commerce. Il y a bien évidemment eu la récente « affaire » de l’interview au Corriere della Sera, durant laquelle Zemmour évoque les dangers d’une guerre civile entre musulmans et non-musulmans en France, envisageant très sérieusement la possibilité d’un départ forcé (« par avion » ou « par bateau ») des premiers. Une déclaration qui est loin d’être accidentelle et qui vient couronner de longues années d’une islamophobie forcenée, s’exprimant notamment par la dénonciation d’une invasion musulmane, que l’on se contentera d’illustrer de quelques exemples. Le 20 février 2010, Éric Zemmour devise ainsi avec son compère Nicolas Domenach, dans l’émission « Ça se dispute » (i>Télé), de l’ouverture d’un restaurant Quick halal à Roubaix. La partie émergée de l’iceberg, selon Zemmour :
Pourquoi il y a une émotion comme ça ? C’est parce que sans le dire, on voit ce qui est en train de survenir : des quartiers, des villes, et bientôt des départements, des régions entières… complètement halalisés. C’est-à-dire qu’il y a tellement de musulmans dans ces coins, une telle concentration de musulmans, que tout sera halal.
Et, plus récemment (juin 2014), lors de la même émission de « débat », à propos de l’attaque contre le musée juif de Bruxelles :
Vous ouvrez le Coran à n’importe quelle page, et il y a écrit il faut tuer les Juifs, il faut tuer les Chrétiens, Dieu les maudit, il faut tuer les infidèles, etc.
On ne sera guère étonné d’apprendre que lorsque certains ont demandé le départ d’Éric Zemmour de la station RTL, après qu’il a déclaré sur l’antenne de la radio le 23 mai 2012 que Christiane Taubira « a choisi ses victimes – les femmes, les jeunes – et ses bourreaux – les hommes blancs », Marine Le Pen, peu bavarde lors de l’éviction d’un Didier Porte, d’un Stéphane Guillon ou d’un Daniel Mermet, l’ait soutenu en ces termes :
Le débarquement d’Éric Zemmour de la station de radio RTL constituerait une grave atteinte au pluralisme des opinions dans les médias.
Et une perte certaine pour le département « service après-vente » du Front national.
Yves Thréard, les jeunes de banlieue, les Roms et les autres
Dernier exemple, parmi bien d’autres, Yves Thréard, du Figaro. À l’instar de ses compères Zemmour et Rioufol, Thréard reprend à son compte nombre de thématiques du Front national tout en se défendant, lui aussi, de soutenir ce parti.
Yves Thréard a une certaine idée de la France, et est en croisade contre ceux qui voudraient, d’après lui, la détruire. Et ils sont nombreux, à commencer par ceux qui interrogent son passé peu glorieux :
Comme tous les ans à la Toussaint, date qui marque le début en 1954 de la guerre d’indépendance, des officiels algériens ont exigé que la France fasse repentance pour la période coloniale. Et, comme tous les ans, des voix ici se sont élevées contre cette mise en demeure. C’est cette fois le sénateur UMP Gérard Longuet qui a répondu le premier par un bras d’honneur, en direct sur la chaîne Public Sénat. Geste filmé alors que défilait, sur l’écran, le générique de fin de l’émission. On peut contester la forme. Mais, sur le fond, on ne peut que donner raison à l’ancien ministre de la Défense. Il y en a assez de cette mode de la repentance, de cette haine de soi, née dans les années 1990 et encouragée par Jacques Chirac. Cette tendance nationale à l’autoflagellation a conduit le parlement français à s’ériger en tribunal de l’histoire, et nos responsables politiques, de droite comme de gauche, en redresseurs de torts du passé. [8]
En mai 2013, après les incidents ayant émaillé la célébration du titre national du Paris-Saint-Germain à Paris, il dégaine contre les « bandes » venues de banlieue, en des termes… choisis :
Cette émeute est le fait, pour l’essentiel, de bandes descendues de banlieue, la haine au ventre, pour défier l’autorité (la police), détruire les symboles (la capitale française), narguer les citadins (les Parisiens). De petites frappes qui se servent de n’importe quel prétexte pour se défouler. C’était le CPE (contrat première embauche) en 2006, c’est parfois le passage à la nouvelle année, avec la prise d’assaut des Champs-Élysées. [9]
Tout simplement. Un exemple exemplaire de la rhétorique consistant à opposer les « bons » et les « mauvais » Français, en stigmatisant collectivement une catégorie précise de la population, à savoir les « jeunes de banlieue ». Marine Le Pen n’en demandait pas tant… Idem lorsqu’il s’agit de parler des Roms :
Il n’est plus une région, un département, une ville aujourd’hui qui ne soient confrontés à l’installation de plusieurs campements de Roms. Violation du droit de propriété, dégradation de l’environnement, explosion de la délinquance, la France vit sur un volcan qui entrera en éruption si rien n’est entrepris pour éteindre le feu. [10]
Yves Thréard est également un adepte de l’autorité, de l’ordre et de l’État fort, très fort. Mais pas dans le domaine social… En témoigne ce commentaire plein de pudeur et de retenue quelques jours après la mort du jeune Rémi Fraisse lors d’une manifestation contre le barrage de Sivens :
C’est avec une mine contrite que Bernard Cazeneuve a annoncé, jeudi, la fin de l’usage des grenades offensives par les gendarmes mobiles. Après quinze jours d’une intense polémique depuis la mort du jeune militant de Sivens, le ministre de l’Intérieur baisse donc la garde. Il sacrifie les forces de l’ordre, qu’il désarme, pour tenter de calmer une poignée d’écologistes en colère. Une toute petite minorité a réussi à imposer sa loi une nouvelle fois. [11]
En témoigne également sa dénonciation, en 2009, de ceux qu’il appelle les « profiteurs de la crise » :
Des salariés qui séquestrent leur patron, des professeurs qui intimident leur président d’université, des enseignants qui menacent de ne pas corriger le bac, des étudiants qui empêchent le déroulement des cours, d’obscurs commandos qui sabotent des lignes de chemin de fer ou des compteurs à gaz… Des actes d’incivisme, des manifestations de violence que leurs auteurs, ou leurs inspirateurs, voudraient justifier par la crise pour rejouer les journées de Thermidor au printemps 2009. […] Il suffit de reprendre les propos d’Olivier Besancenot après les manifestations de casseurs, le week-end dernier à Strasbourg, pour comprendre : "Les autorités ont tout fait pour que ça dégénère". Voici l’ennemi : l’autorité. Autrement dit, Nicolas Sarkozy. [12]
On ne sera dès lors surpris de sa récente ode à Marine Le Pen, qui se conclut par une menace… ou un souhait ?
Les jeunes, les ruraux, les ouvriers, ils votent tous en majorité pour elle comme un seul homme.
Pourquoi ? Parce que les autres – l’UMP et le PS – sont mauvais, divisés, inaudibles. Du coup, ils lui laissent un boulevard pour s’exprimer et caresser dans le sens du vote tout ce peuple des invisibles, des déclassés, des orphelins d’une France forte et grande.
Comment fait-elle ? Par captations d’héritages.
L’héritage républicain, c’est le FN qui s’en fait le défenseur. Ainsi sur la laïcité.
L’héritage gaulliste, c’est la FN qui s’en fait le promoteur. Ainsi sur l’indépendance nationale.
L’héritage d’un État fort, stratège, interventionniste, c’est le FN qui s’en fait l’apôtre, bien mieux que Mélenchon. Ainsi en économie.
Marine Le Pen présidente, c’est possible ? On n’en est pas là, loin de là. Mais Hollande et Sarkozy qui rêvent de se retrouver contre elle au second tour de la présidentielle de 2017 seraient bien inspirés de ne pas trop faire les malins. [13]
Et on n’a pas été davantage surpris par le titre de l’éditorial qu’il a rédigé pour Le Figaro au lendemain de la mort des assassins des journalistes de Charlie Hebdo, soit 48 heures après que Marine Le Pen a proposé un référendum sur la peine de mort : « Justice est faite ».
Ivan Rioufol, Yves Thréard et Éric Zemmour ont le droit de penser ce qu’ils veulent, et même de le dire. Et il en va de même d’autres chroniqueurs et éditorialistes multicartes, que nous avons épargnés faute de place mais qui méritent eux aussi d’être reconnus comme d’excellents porteurs d’eau pour le FN. On pense par exemple à Philippe Tesson, partisan de la peine de mort pour Dieudonné (« Sa mort par exécution par un peloton de soldats me réjouirait profondément. C’est, pour moi, une bête immonde. Donc qu’on le supprime, c’est tout ! Je signe et je persiste »), amateur de comparaisons… édifiantes (« Si Valls a peur de la résurgence du fascisme, pourquoi les bourgeois catholiques n’auraient-ils pas peur des risques de dérive socialiste ? Peur contre peur. Toujours cette arrogance, cette volonté d’imposer sa vérité, ce mépris de ce que pense et de ce qu’est l’autre ! ») et amalgameur patenté (« C’est pas les musulmans qui amènent la merde en France aujourd’hui ? Il faut le dire quoi ! ). On pense aussi à Élisabeth Lévy (Causeur), à Yves de Kerdrel (Valeurs Actuelles), à Éric Brunet (RMC) et à quelques autres.
Le problème n’est pas ce qu’ils pensent et ce qu’ils disent, mais la table ouverte qu’ils trouvent dans nombre de grands médias (au-delà du journal ou de la radio qui les salarie) pour venir commenter l’actualité, parler de tout, et surtout de rien. Ils sont présentés comme des « chroniqueurs », parfois comme des « polémistes », mais jamais comme ce qu’ils sont réellement, à savoir des idéologues de la droite extrême, sinon de l’extrême droite. Sous couvert de journalisme, ces individus contribuent, grâce à celles et ceux qui les invitent et les banalisent dans le paysage médiatique, à légitimer les idées et les discours du Front national, à normaliser le parti de Marine Le Pen et à déplacer toujours un peu plus vers la droite le discours dominant. Mais, après chaque élection, ils sont toujours là, la mine grave, et se demandent : « Comment expliquer l’ascension du FN ? ». Mystère.
Julien Salingue