« Nous avons des propositions »
Je voudrais commencer par citer un grand penseur contemporain qui a tout dit sur la question des médias. Et plutôt que de le dire à sa place, je lui donne la parole.
Pourquoi les minorités - qui sont parfois des majorités, sociales, politiques, idéologiques - sont-elles si peu visibles dans les médias ? Tout simplement « parce qu’elles n’ont pas trouvé leur public », dit le grand penseur. Mais est-ce qu’elles ont les moyens de rencontrer leur public ? Évidemment, poursuit le grand penseur contemporain que je ne me lasse pas de citer : « Tout citoyen peut créer un journal : en conséquence les journaux sont nombreux et se font concurrence entre eux ». […] « Chacun, en France, peut créer son propre journal, sans capitaux importants, avec l’assurance d’être diffusé […]. Cette démarche est si aisée qu’il s’en crée plusieurs centaines par an. » Le grand penseur que je cite encore, pour tenter (mais difficilement je dois dire…) de m’approprier ses propos, poursuit. Certes il existe des « citoyens » d’un genre un peu particulier. Je cite : « Les citoyens fortunés sont des citoyens comme les autres. Mais ils ont plus de moyens… » Voilà !
Ce grand penseur qui réforme la gauche depuis qu’il est né, avec des poussées d’acné régulières tant son adolescence se prolonge, c’est Laurent Joffrin [qui écrit ça dans son impérissable ouvrage Média paranoïa] [1].
Tout va bien dans le monde des médias ! Le pluralisme, l’indépendance de l’information, la qualité de l’information : tout va bien !
Le penseur en question d’ailleurs nous a bien désignés. Quand je dis « nous », je ne parle pas simplement pour Acrimed ou pour le pôle de radicalité qui s’est rassemblé dans la critique des médias. Non ! Je parle de vous ! Vous êtes des paranoïaques ! Tout va bien ! Si vous élevez la voix, c’est que vous souffrez d’un syndrome de persécution.
Et comme je partage assez largement le diagnostic que Serge [Halimi] nous a proposé - avec quelques nuances qui nous permettront de poursuivre une conversation que nous avons déjà depuis plus de quinze ans -, j’ajouterai ceci : si cette critique radicale n’avait pas existé, la situation serait encore pire.
Pourtant le compte n’y est pas.
Certes, « Nous avons des armes » (pour reprendre le titre du collectif animé par Gilles Balbastre), mais nous avons aussi des propositions. Et ces propositions, il faut combattre, et sans doute combattre longtemps, pour qu’elles se réalisent.
Un certain nombre d’entre elles ont figuré dans les débats qui ont précédé. Des revendications à très court terme, qui ne coûtent pas un centime d’euro. Par exemple, adopter la loi sur le secret des sources (que le gouvernement a bloquée alors qu’elle était déjà amendée en commission). Par exemple, sur le statut juridique des rédactions. Que ce soit même (mais je vais y revenir) quelques réformettes (Oh ! qui ne résolvent pas le problème) d’aides à la presse. Non, non ! Pas seulement ces objectifs là, mais des objectifs qui se situent au niveau d’une appropriation démocratique des médias.
Je voudrais en citer simplement quelques-unes. Sans détailler, surtout après plus de six heures de discussion, ce serait lourd à digérer, plus lourd à digérer que les pâtisseries d’Acrimed [2].
Pour un Conseil national des médias… de tous les médias
Mais enfin… On nous parle d’un « quatrième pouvoir ». Il paraît que les médias « constituent un "quatrième pouvoir" ». On peut avoir des doutes, tant ce pouvoir est subordonné, tantôt à la gauche beige et tantôt à la droite kaki. Mais enfin disons : « c’est un "quatrième pouvoir" ». La phrase ne veut rien dire. Si les médias peuvent et doivent être un quatrième pouvoir, le pouvoir des médias doit être constitutionnalisé. Par conséquent il faut – et ce sera difficile à obtenir – remplacer le CSA, organisme fantoche et organisme croupion, par un Conseil national des médias… de tous les médias, comme quatrième pouvoir constitutionnel.
Pourquoi ?
J’ai dit organisme fantoche. Parce que, qu’on arrête de nous balader ! le CSA est nommé par le pouvoir politique. Le fond de l’affaire, c’est que toute la structure de régulation de l’audiovisuel dépend directement du pouvoir politique. Voila ! C’est un organisme fantoche. C’est un organisme croupion : qui peut penser un seul instant qu’à l’heure du multimédia, alors que les frontières entre les différents supports sont poreuses, un organisme confiné – d’accord, c’est lourd ! – à l’audiovisuel peut être un organisme de régulation de l’ensemble de l’espace médiatique ? Donc nous disons : Un pouvoir qui aurait un peu de courage – je sais que c’est beaucoup demander, vraiment… - adopterait une loi constitutionnelle. Je propose ça à ceux qui sont partisans d’une 6ème République ou d’une République sociale, peu importe : Acrimed n’a pas à se prononcer là-dessus. Mais qu’ils adoptent effectivement la constitution d’un Conseil national des médias… de tous les médias radicalement transformé dans sa composition et ses missions.
J’ai dit que je ne voulais pas être trop lourd : je me contenterai de la composition.
Qui peut songer un seul instant que la régulation de l’espace puisse se faire sans représentation proportionnelle des salariés des médias (j’ai dit des salariés, pas seulement des journalistes) qui sont pratiquement exclus du CSA ? […] Nous sommes tous partisans du rôle démocratique des médias. Mais qui peut penser que ce rôle démocratique peut être garanti quand des options en ce qui concerne les médias (leur financement, leur régulation, les projets industriels, tout ce qu’on veut) dépendent strictement du bon vouloir du pouvoir politique - c‘est-à-dire en général de sa mauvaise volonté - et d’actionnaires privés (dont Serge a rappelé la liste et le rôle de plus en plus étouffant qu’ils jouent) ? Et qui peut penser qu’un organisme de régulation démocratique des médias puisse exister sans une représentation - dont les formes demeurent à définir – des usagers des médias, c’est-à-dire des paranoïaques qui sont dans cette salle ? Entre autres ! Entre autres…
Voilà une première proposition. Je sais : elle ne figurait pas dans le programme du Parti socialiste. Je sais : elle ne figurait pas non plus dans le programme de François Hollande. […]
Pour un service public de l’information et de la culture
Deuxième proposition : l’information et la culture sont des biens communs. Qui peut penser, si peu que ce soit, qu’ils peuvent remplir cette fonction de biens communs (pluralistes, divers, variés, socialement, politiquement, culturellement) sans que se constitue un véritable service public de l’information et de la culture ?
Or un service public de l’information et de la culture devrait s’adosser à deux formes de propriété : le secteur public, aujourd’hui essentiellement secteur public de l’audiovisuel (auquel on peut, mais c’est un raccourci, rattacher l’AFP, bien que l’AFP ait un statut juridiquement hybride, mais peu importe ici…). Un secteur public, émancipé de l’État (parce que placé sous le contrôle du Conseil national dont j’ai tracé les frontières) et le secteur associatif. Deux formes d’appropriation des médias. Mais vous me direz « il y a un secteur privé » : on va s’en occuper tout à l’heure.
– Mais pour qu’un tel secteur public (notamment de l’audiovisuel : on va s’en tenir à la définition classique des médias), pour qu’un tel secteur public existe comme composante du service public (ce qui n’est pas exactement la même chose), encore faut-il réaliser quelques conditions. Or les conditions dans leur énoncé sont relativement simples.
- Primo, il ne doit pas être sous-financé. Or, si vous n’êtes pas au courant, je vous annonce que le financement public de l’audiovisuel français, particulièrement de la télévision, s’achève pratiquement en 2017. […]
- Deuxième condition : encore faut-il que son périmètre ne soit pas restreint. Or, comme vous le savez, sous l’égide d’un gouvernement… de gauche, on fusionne les rédactions de France 2 et de France 3 et on s’apprête à renvoyer France 3 au rencart. Et dans le même temps, le CSA (vous savez, l’organisme dont je parlais tout à l’heure) distribue [au secteur privé] des chaines thématiques qui diffusent des séries à jet continu de rediffusions […].
- Troisième condition, qu’on énonce rarement. Et il faut avoir le courage de l’énoncer. Tant que le secteur public (qui tente et qui parfois parvient, il faut le reconnaître, à se différencier un peu du secteur privé de l’audiovisuel) sera condamné à se battre avec les mêmes armes, émoussées par le sous-financement, émoussées par un périmètre restreint, et à combattre avec les mêmes moyens que la principale chaine de télévision européenne - j’ai nommé TF1 -, alors la bataille est perdue d’avance.
On peut toujours dire que l’audimat ne doit pas faire la loi, et cetera : un secteur public dans une situation concurrentielle de ce genre tend quasi inévitablement à copier, avec quelques éléments de démarcation, ce que fait le secteur privé. Alors, il faut le dire : il faudrait avoir l’audace de mettre un terme à la privatisation de TF1. Cela peut prendre plusieurs formes ; cela peut prendre aussi la forme d’une renationalisation. Mais si on ne présente pas cet objectif que nous soutenons depuis des années – il faut le dire dans un certain désert : on passe pour des fous – alors on met un mouchoir sur l’audiovisuel public.
Et on ne peut pas se satisfaire de dire « Bon, bien, hein ! OK qu’il crève ! On va avoir les médias associatifs, indépendants, alternatifs ou du tiers secteur ! ». Parce que les médias alternatifs doivent absolument être soutenus, mais ils ne constituent pas une alternative aux médias dominants. Sauf à nourrir un mépris social absolument inconcevable, on ne peut pas faire l’impasse sur les millions d’auditeurs et de téléspectateurs qui regardent ou écoutent encore l’audiovisuel privé ou public. Et dire « dans notre coin, en élargissant peu à peu notre périmètre, on va rogner progressivement… Vraisemblablement Le Monde diplomatique, une fois qu’il aura obtenu quelques subsides complémentaires, de trimestriel passera en mensuel et, dans vingt-cinq ans, deviendra hebdomadaire. Mais à ce moment-là Serge sera à la retraite : alors c’est foutu !
[Serge Halimi : Mensuel, c’est déjà fait ! (rires)
Henri Maler : Mensuel, excusez-moi… (rires) Moi, je le lis une fois par trimestre, parce que comme le disait tout à l’heure notre « ami » dans le film de Pierre Carles [3], c’est un peu difficile à lire (rires). C’est un peu compliqué, quand même !]
Un secteur public défini ainsi, avec quelques conditions que l’on peut mettre qui ne sont pas difficiles à formuler.
– Deuxième pilier : le secteur associatif. Il y a une bonne nouvelle. Je ne sais pas jusqu’où elle ira. C’est qu’actuellement, qu’on les appelle « citoyens », « associatifs », « alternatifs » ou du « tiers secteur » (ça fait un peu abstrait, mais c’est ce qui convient le mieux), ils sont en train d’essayer de se coordonner entre eux. Et Acrimed étant un de ces sites associatifs, nous participons à cette coordination.
Il faut prendre au sérieux l’existence de ce secteur associatif. Pourquoi ? Parce qu’il est un creuset démocratique absolument indispensable. Parce qu’il est un creuset démocratique d’accès à la pratique du journalisme, si ce n’est à la carte de presse, et enfin parce qu’il entretient avec ses publics des rapports qui sont des rapports différents de la simple consommation du journal du soir de TF1 ou d’Antenne2 [France 2 !]. C’est une composante démocratique absolument indispensable.
Là aussi le compte n’y est pas. Pour que ce secteur associatif se développe, il faut proposer que soit créé un statut de la presse - des médias - sans but lucratif. C’est une proposition qui a été formulée il a plus de quarante ans par un bolchévique extrêmement dangereux qui s’appelait Hubert Beuve-Méry, ainsi que par les sociétés de journalistes.
Qu’est-ce que ça veut dire « un statut de médias sans but lucratif ». Il faudrait détailler les conditions de définition de ce statut : j’ai promis que le pudding ne serait pas trop lourd. Mais c’est au moins ceci : ce sont des médias dans lesquels les bénéfices ne sont pas redistribués à des actionnaires. C’est-à-dire que quand il y a des bénéfices (et c’est rare qu’il y en ait beaucoup), ils servent à payer des salaires (si on veut avoir des salariés) et à faire des investissements en infrastructures, en moyens matériels (une imprimante qui fonctionne ou des choses comme ça, rudimentaires).
Et évidemment, pour peu que l’on conserve un système d’aides à la presse - ce sera ma troisième proposition – si cette aide à la presse (je parle de l’aide directe) doit être recentrée, s’il faut la consacrer à des médias, alors, il y a un critère qui est un critère très simple : l’essentiel des aides à la presse devrait aller aux médias sans but lucratif. Et les autres ? Qu’ils se démerdent !
Voilà une deuxième série de propositions : un service public de l’information et de la culture, adossé à deux formes de propriété, disposant des moyens et du périmètre qui leur permettent d’exister.
Troisième point (et ce sera le dernier avant quelques réflexions générales) : les aides à la presse.
Pour une refonte des aides à la presse
Alors un certain nombre de choses ont déjà été dites… dans l’article de Pierre Rimbert que mentionnait Serge Halimi [4]. Sans entrer dans les détails (parce ce que c’est un débat rapidement technique). Mais le principe d’aides à la presse ne met pas les médias en situation de dépendance économique ou politique pour peu qu’existe un organisme qui, lui, soit effectivement indépendant.
Actuellement, c’est un système qui est un système à la fois opaque, injuste et surtout totalement inefficace. De quelque façon qu’on présente ces aides, plus de 80% de ces aides sont des aides à la diffusion. Qu’elle prenne la forme du taux de TVA (parce que je suis désolé de le dire, mais le taux de TVA est une forme d’aide à la diffusion) qu’il s’agisse de l’aide postale, de l’aide au transport SNCF, de l’aide au portage, de l’aide dérisoire accordée à la réforme du régime des kiosquiers, l’essentiel de ces aides sont des aides à la diffusion. Le problème, c’est que le système est un tel empilement de mesures dérisoires [disparates] qu’elles se contredisent entre elles. Et donc chaque média fait son marché.
Et comme il y en a un que j’aime beaucoup, parmi tous les médias je crois qu’il est particulièrement apprécié au sein d’Acrimed – je veux dire Le Point… qui ne supporte pas que les gens soient assistés. C’est quand même un média qui est assisté de façon tout à fait considérable (je n’ai pas les chiffres sous les yeux) et qui en plus est rusé. C’est-à-dire que, pour ne pas être confronté au principe de solidarité dans la diffusion les médias qui a été adopté après la dernière guerre, il se soustrait au principe de solidarité en étant diffusé par les « Messagerie lyonnaises de presse » [5]. Mais cela ne les empêche pas de présenter la sébile sous le nez des Ministères pour demander quelques euros supplémentaires, pour l’aide au portage, pour l’aide à la poste, etc.
Ce système est un système complètement obsolète. Par conséquent la proposition qui consiste à dire (une proposition qui figure dans le « plan Rimbert ») qu’il faut une mutualisation des infrastructures de production, d’impression et de diffusion est une mesure de salubrité publique.
Ensuite, le système ne peut être que transitoire. Pourquoi ? Parce qu’il n’est pas certain - je vais m’arrêter là (le débat est en cours au sein d’Acrimed et je ne veux pas outrepasser mon mandat)… la question est de savoir si même des aides [publiques] à la presse se justifieraient. À titre transitoire, pour leur éviter de mourir tous, en même temps et du même coup, je veux dire les grands médias, on peut essayer de maintenir un certain nombre de choses. Mais ce qui est sûr, c’est que ce que l’on s’apprête à nous proposer, c’est la énième fabrication de rustines. Alors évidemment, il y a des rustines plutôt sympathiques. Par exemple une rustine qui permettrait au Monde Diplomatique d’obtenir trois francs six sous, trois euros six sous, d’aides supplémentaires. Il y a quelques brèches qui vont être ouvertes pour les médias associatifs, mais certainement pas à la hauteur de leurs besoins.
Par conséquent, il est besoin d’une refonte globale du système d’aides à la presse, ce qui suppose de mettre à plat l’ensemble du système existant.
On parle beaucoup de laïcité. Moi je suis partisan de l’application d’une forme particulière du principe de la laïcité au monde des médias. Le bon principe de la laïcité dont vous remarquerez qu’il est appliqué d’une façon évidente, c’est « à écoles publiques, argent public, à écoles privées, argent privé ». Ce n’est pas exactement ce que l’on a. C’est une bataille perdue faute d’avoir été correctement menée… en 82. Avant qu’il soit appliqué on a du temps devant nous, hein, pour que la laïcité triomphe dans ce pays. Mais là je vais bien au-delà de ce que me permet de dire ma fonction de porte-parole d’Acrimed qui n’a pas de position officielle sur la laïcité. Alors appliquons-le au monde des médias : « à médias publics et associatifs, fonds publics ; à médias privés, qu’ils se démerdent ». Et ils ont de quoi faire ! […]
Ces propositions pour quoi faire ?
Des propositions pour quoi faire ?
Ces propositions parce qu’on ne peut pas se résoudre à la situation que Serge a décrite, de risque de marginalisation par banalisation d’un certain type de critique des médias. On ne peut pas se résoudre à ce que nombres d’usagers des médias (et j’ajoute, quitte à être désagréable, d’usagers des médias qui sont en sympathie avec ce que nous faisons, Acrimed, les auteurs des documentaires, des livres, etc., etc.) se comportent en simples consommateurs de la contestation. Nous avons besoin de gens qui se comportent en acteurs de la contestation pour faire que la question des médias soit réellement une question politique : ce qu’elle ne parvient pas à être malgré tous les combats que nous avons essayé de mener.
La condition, c’est évidemment - et c’est ça qui a présidé au choix des intervenants de cette journée - c’est évidemment les syndicats de journalistes (qu’il faut renforcer) et les associations antilibérales (qu’il faut renforcer), et troisième condition, après les syndicats, les associations, évidemment Acrimed. Je n’insiste pas : les bulletins d’adhésion sont dans l’entrée. Mais comme nous ne sommes pas franchement boutiquiers, ce n’est pas l’essentiel.
Parce que la difficulté que nous avons rencontrée, malgré toutes les batailles que nous avons menées, et je ne ferai pas la liste pour n’être désobligeant avec personne, c’est que nombre d’intellectuels ont rejoint la critique des médias : c’est vrai, c’est bien. Mais nous devons dire que nous avons eu quelques difficultés à fédérer leur activité dans une action collective. [.. ;] Nous n’avons pas réussi à fédérer cette énergie-là. Eh bien, il faut le faire ! Il faudra bien, à un moment ou à un autres, que les économistes, les sociologues, les critiques des médias qui écrivent des livres, des textes, que nous nous efforçons de populariser, de vulgariser, prennent leur part du travail collectif. Mais ce n’est pas l’essentiel.
L’essentiel, c’est que sans doute trop préoccupés de passer dans les médias - dans les petits espaces qui leur sont concédés -, les associations, les syndicats et les forces politiques n’ont pas été au rendez-vous. Que voulez-vous que fassent des documentaristes, des auteurs de pamphlets… que voulez- vous qu’ils fassent pour refaire de la question des médias une question politique, si nous n’avons pas de relais. Alors les relais, ce sont évidemment les paranoïaques qui sont dans cette salle. Ce sont évidemment les intellectuels qui devraient y être, ce sont, sans nul doute, les syndicats et associations que nous avons invités cet après-midi, ce sont les forces politiques qui ont soutenu cette initiative. Mais si ne se constitue pas un Front commun sur la question des médias, ce ne sont pas seulement les quelques perspectives, que j’ai rapidement tracées qui resteront sur le site d’Acrimed ou dans une brochure : ce sont même les revendications immédiates (qui ont été énoncées cette après-midi) qui resteront lettre morte.
Oui, nous le pensons : si un autre monde est possible, d’autres médias le sont aussi, mais, pour qu’un autre monde soit possible, d’autres médias sont nécessaires.
Je vous remercie.
Henri Maler