« Charlie » et ses suites
Charlie à tout prix ? (La pompe à phynance, 13/01) – « Mais les choses deviennent moins simples quand “Charlie” désigne – et c’est bien sûr cette lecture immédiate qui avait tout chance d’imposer sa force d’évidence – quand “Charlie”, donc, désigne non plus des personnes privées, ni des principes généraux, mais des personnes publiques rassemblées dans un journal. On peut sans la moindre contradiction avoir été accablé par la tragédie humaine et n’avoir pas varié quant à l’avis que ce journal nous inspirait – pour ma part il était un objet de violent désaccord politique. Si, comme il était assez logique de l’entendre, “Je suis Charlie” était une injonction à s’assimiler au journal Charlie, cette injonction-là m’était impossible. Je ne suis pas Charlie, et je ne pouvais pas l’être, à aucun moment. »
La vie ratée de Philippe Val (Les mots sont importants, 13/04) – « Revenons au plus grave dans cette diatribe en réalité aussi bête qu’ancienne. Était-ce d’ailleurs la peine de la signaler ? Non sans doute, si ce n’est pour ce passage hallucinant dans lequel de “société” en “système”, de “riches” en “juifs”, Philippe Val finit tout bonnement par traiter les sociologues d’antisémites. »
Val/Lapix, la question non-posée (Arrêt sur images, 10/04) - « Ce que ne rappelle pas la pourtant percutante Anne-Sophie Lapix, c’est qu’un groupe de onze salariés de Charlie, constitué après les attentats, réclame une redistribution des actions du journal à tout le personnel. Et pourquoi ? Parce qu’on a découvert alors les faramineux dividendes empochés en son temps par Val, notamment après les bonnes ventes de la fameuse couverture "C’est dur d’être aimé par des cons" (300 000 euros pour la seule année 2008, et 1,6 million pour tout l’exercice de son mandat de directeur, selon BFMTV). Pourquoi ces pudeurs ? »
Le sexisme et ses avatars
Voilà ce que je refuse de voir le 8 mars (Slate.fr, 07/03) – « Rien n’est réellement mis en œuvre par les chaines pour donner davantage de place aux femmes dans leurs émissions TV. En revanche, le 8 mars, ces mêmes chaines pensent combler leurs graves lacunes en proposant un “Motus” ou seules des candidates s’affrontent, un “N’oubliez pas les paroles” avec un public exclusivement féminin ou encore un inévitable “Grand journal” 100% filles (qui rime avec “hihihi”). »
Le nu, étendard sexiste des valeurs occidentales (Culture visuelle, 09/02) – « L’unique raison pour laquelle de nombreux journaux reprennent cette information, malgré l’absence de déclaration explicite de l’actrice comme de réaction des autorités iraniennes, est parce qu’elle mobilise un stéréotype islamophobe, permet de reproduire un schéma médiatique éprouvé qui renvoie une image positive de l’Occident – et fournit accessoirement un petit frisson d’excitation sexuelle. »
Du déni des victimes
Statistiques de l’islamophobie : misère du journalisme mensonger (Blogs de Mediapart, 26/02) – « Dans sa chronique du 15 décembre 2014 sur France Culture, la journaliste Caroline Fourest remet en cause notre intégrité professionnelle et le caractère scientifique de notre livre Islamophobie (La Découverte). Elle est récidiviste puisque lors de sa parution en 2013, elle nous avait déjà attaqué, sur la même antenne, en nous accusant d’être des “chercheurs-militants”, dont le livre aurait eu pour “fil conducteur” le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), “association communautariste” influencée par Tariq Ramadan et financée par le milliardaire George Soros et le Qatar. »
France 2 s’acharne sur Zyed et Bouna (Télérama.fr, 20/03) – « Souvenez-vous. 10 novembre 2005. David Pujadas : “Depuis le début de cette vague de violence, beaucoup soulignent le sang-froid et le professionnalisme des forces de l’ordre.” Déjà, à l’époque, nous sommes tous policiers. “Mais, pour la première fois aujourd’hui, huit policiers ont été suspendus dans le cadre d’une procédure disciplinaire.” Une procédure disciplinaire initiée… par France 2 !!! »
Et aussi...
Respecter une victime présumée de viol ne doit pas empêcher un journaliste de vérifier les faits (au contraire) (Slate.fr, 08/04) – « Pour Rolling Stone, les erreurs ont été faites parce que la journaliste et la rédaction ont eu peur d’avoir l’air de douter du récit d’une victime de viol. L’éditeur et la journaliste, Sabrina Rubin Erdely, disent qu’ils ont été trop accommodants avec Jackie car ils voulaient éviter de la traumatiser et qu’elle refuse ensuite de coopérer. »
On n’est pas rendu… (reportage à l’enregistrement d’“On n’est pas couché” sur France 2) (Article11, 29/01) – « Le fameux chauffeur de salle. Celui dont on entend toujours parler quand on évoque les émissions télévisées enregistrées en public. Ce qui frappe en premier, c’est son air désabusé, las, vide. Cet homme n’habite pas son corps, il le pilote. Comme s’il appliquait à lui-même la méthode qu’il utilise sur le public. “Alors, alors, vous êtes en forme ?” Malgré l’énergie qu’il tente d’insuffler à sa prestation, la voix est traînante. Il se force, n’y croit pas. C’est tout à fait fascinant, mais ça n’a l’air de choquer personne. Et surtout pas l’homme qui hurle dans mon dos, façon marionnette montée sur ressorts. “Ouuuuiiiiiii !” »
Témoignage d’une pigiste de Radio France (Lundi.am, 06/04) – « Le boulot de pigiste c’est : tu fais la même chose qu’un titulaire, c’est-à-dire que tu fais des reportages, tu fais aussi de la présentation de journaux et on t’appelle quand il y a un journaliste en moins, tu bouches les trous, tu es remplaçant. »
Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse » (Le Monde.fr, 10/04) – « “Il est assez scandaleux qu’on puisse faire autant de bénéfice sur une ressource publique.” La sentence prononcée par la députée PS Martine Martinel, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, mercredi 8 avril, résume assez bien les critiques déclenchées par le rachat de Numéro23. »
Facebook veut vassaliser la presse en accueillant ses contenus (blog « L’An 2000 », 24/03) – « Si elle était prévisible, cette évolution n’en est pas moins inquiétante pour la presse. Elle confirme que les médias sont devenus accros à Facebook et ses 1,4 milliards d’utilisateurs, au point de consentir à n’être plus que des sous-traitants. La presse se met dans la position de la Grèce face à ses créanciers. Au bord du précipice, elle risque d’accepter cette injection de pages vues fraîches en échange d’une perte de souveraineté. »
[http://nonvirgule.tumblr.com/] (Tumblr.com) – Une sélection d’articles dont le titre commence par « Non, », « parce que les articles sur les vraies infos, c’est un peu trop facile ».