Vous vous souvenez peut-être de la fameuse chaussette trouée de Jean-Marie Messier, censée selon Paris-Match illustrer son naturel et sa simplicité. Cette fois, ce n’est plus Jean-Marie Messier qui fait la une des gazettes. Et encore moins ses chaussettes. Mais déjà, c’est vers les pieds d’un autre que les caméras se penchent pour y saisir un symbole. Ce symbole, celui de l’action, c’est la " semelle usée " par la fonction. Et c’est une semelle qui ne pouvait se trouver que dans le plus proche voisinage des pieds d’un ministre qui n’est pas le plus discret...
Je vous le dis en chuchotant, des fois qu’on nous écoute, mais c’est la triste vérité : notre propre ministre de l’Intérieur a les semelles usées. L’information m’avait échappé, naturellement ; Le Figaro, qui est un journal sérieux, n’a pas manqué de le relever. C’est d’ailleurs à cela que l’on sait distinguer le véritable professionnel du chroniqueur amateur : le premier perçoit au premier coup d’oeil ce qui fait sens dans l’actualité.
Tenez, le fameux soir où Nicolas Sarkozy profitait sur France 2 de ses " 100 minutes pour convaincre ", je n’étais même pas devant ma télé (je disposais pour ma part de 100 minutes pour convaincre une charmante demoiselle d’accepter une invitation à dîner). L’éditorialiste du Figaro, lui, était tout absorbé par son écran ; il buvait les paroles du sécurisateur insatiable pendant que j’en buvais de plus aimables. Et pendant que le ministre défendait ardemment ses chiffres de novembre, l’éditorialiste, lui, n’en avait que pour ses jambes. Oui, vous avez bien lu : pour ses jambes.
(Pierre Lazuly poursuit par l’évocation de l’émission préférée des responsables politiques : l’émission de Michel Drucker sur France 2.)
Quoi qu’il en soit, il faut tout de même reconnaître à Michel Drucker un mérite : grâce à lui, nous savons désormais à quoi peuvent servir les porte-avions de l’armée française, et pourquoi il était nécessaire d’en construire si rapidement un deuxième. Je vous le dis en chuchotant, des fois que Ben Laden essaie d’intercepter nos secrets militaires : un porte-avions nucléaire, ça sert à catapulter Michou à bord d’un Super-Etendard au cours d’une émission populaire. (Ce sera même le " clou du spectacle ", jeudi prochain sur France 2. Ils avaient pensé à Carlos, au départ, mais il paraît que notre arsenal de guerre est encore sous-dimensionné : il faudrait des budgets supplémentaires pour que l’armée française dispose enfin de moyens à la hauteur de ses besoins).
C’est triste à dire, mais jusqu’ici l’opinion française ne trouvait pas les porte-avions très sympathiques. Elle les trouvait un peu gris, un peu trop souvent en panne, aussi. Il fallait leur montrer que les porte-avions, eux aussi, savaient se divertir. Ce à quoi s’emploiera donc Michel Drucker, le 26 décembre, au cours de l’émission " Une nuit sur le Charles-de-Gaulle ". Je vous en livre le résumé publié sur le site FranceTV (et que je sois transformé en Roselyne Bachelot si j’en ai changé un seul mot) :
" Sous la houlette du sympathique Michel Drucker, une escouade de personnalités de la variété, du cinéma et du sport est rassemblée sur le pont du porte-avions nucléaire français Charles-de-Gaulle afin de démontrer qu’un bâtiment de guerre peut aussi être l’endroit rêvé pour passer une excellente soirée entre amis. Ce sera l’occasion de mieux connaître cette véritable cité flottante, fer de lance de la Force d’Action Navale, avec son équipage de près de deux mille âmes, sa haute technologie et sa batterie de trente-deux missiles Aster, dont la précision n’a d’égal que la puissance dévastatrice. A travers des reportages et une conversation à bâtons rompus avec ses invités - ponctuée de chansons - Michel Drucker soulignera la vocation première de ce fier vaisseau : la sauvegarde de la vie humaine et de l’environnement. "
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Pierre Lazuly