Nous sommes fin juillet 2000. Camp David est un échec. L’offensive idéologique israélienne peut se déployer. Elle sera conduite par un homme dont le rôle dans toute cette opération est central : Shlomo Ben-Ami. Négociateur à Camp David, il sera nommé par Barak ministre des Affaires étrangères au mois d’août 2000. Dans un entretien au Monde daté du 29 août, celui-ci accentue la pression sur Arafat : « Il s’agit maintenant de trancher, dit-il, d’atteindre un accord final. » Cinq semaines après la fin officielle de Camp David, les tractations se poursuivent en effet en coulisses. Ce délai supplémentaire sera d’ailleurs présenté ensuite comme une nouvelle manifestation de la générosité israélienne.
Mais il n’y a pas de négociation. Il n’y a jamais eu de négociation. L’offre, toujours aussi imprécise, est à prendre ou à laisser. L’idée qu’Arafat hésite, qu’il tergiverse alors qu’il a en mains tous les éléments, est discrètement insinuée. Ben-Ami ajoute : « Nous pensons que le marché global aujourd’hui sur la table des négociations n’est l’idéal pour aucune des parties, mais c’est un marché raisonnable. » Et il conclut sur ces mots menaçants, déjà : « Aurons-nous le courage de saisir l’occasion et d’éviter de nous engager dans un processus sans fin ? » Le « nous », en l’occurrence, c’est évidemment Arafat. Est-il incapable de décider ? Le message en tout cas est à peine voilé : ou bien il accepte ce qu’on lui donne sans piper mot, ou bien ce sera l’épreuve de force. Georges Marion, le journaliste du Monde, note cependant que M. Ben-Ami s’est « refusé à révéler les détails de ce "marché global" ». Et pour cause : les termes en sont extrêmement flous. Et ils n’ont surtout rien à voir avec ce que Ben-Ami va ensuite propager.