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L’actualité des médias n°60 (rentrée 2007)

par William Salama,

Le gratuit s’impose - Concentrations en presse régionale et appels à vigilance – La bataille des Échos – Menaces sur l’audiovisuel public et l’audiovisuel extérieur. …

I. Presse écrite

1. Presse quotidienne

 Les gratuits s’imposent. C’est fait : « 20 Minutes est le quotidien le plus lu en France  » (La Tribune du 10 septembre 2007) tandis que « l’autre gratuit, Métro bondit de 28% à 2 millions de lecteurs, passant devant Le Parisien/Aujourd’hui qui perd 4,7%  ».

  Les quotidiens à bas prix renoncent. Après Springer [1], Amaury « "suspend" son projet de quotidien à bas prix car "le contexte économique du marché français de la presse quotidienne ne permet pas d’envisager un retour sur investissement dans un délai acceptable" », (Newsletter CB News, 14 septembre 2007).

 Les payants ripostent. Le Monde réfléchit « à un supplément hebdomadaire destiné à " renforcer l’offre de fin de semaine" » (Les Echos, 7 septembre 2007). Dans le même esprit, le projet de magazine du Parisien, actuellement en test, est maintenu. Il « serait vendu le samedi avec Le Parisien – Aujourd’hui en France. » (La Correspondance de la Publicité du 14 septembre 2007).

  La faute aux coûts de productions ? Après « s’est la faute aux gratuits » (modèle dans lequel les payants ont investi après l’avoir dénoncé [2] ), voici la nouvelle cause de tous les maux de la presse : les coûts de production et de distribution.

Déjà Springer avait renoncé à son projet de quotidien français à bas prix en accusant ce système [3]. Amaury fait de même (voir plus haut). Et, dans les médias en général, la charge est sonnée. Ainsi, dans Télérama du 12 septembre 2007, le système de production et de distribution et « l’égalitarisme [qui] est la base de ce système » sont mis en cause sur deux colonnes. Comme d’autres dénoncent les faux chômeurs ou les « privilèges » des cheminots, la revue spécialisée dans la consommation « culturelle » s’en prend aux « avantages acquis » des salariés des Nouvelles messageries de la presse parisienne (les NMPP) en révélant que : « dans les imprimeries(…), un ouvrier rotativiste œuvrant sur les quotidiens gagne bien davantage (actuellement, 4000 euros sur quatorze mois) que son collègue qui imprime les magazines. Résultat : les coûts d’impression et de distribution d’un quotidien représentent 75 % de son prix de vente  ». Colombe Schneck qui officie sur France Inter où elle anime une émission sur les médias dominants (« J’ai mes sources ») renchérit le 18 septembre, très fâchée, en prétendant briser le « tabou » du salaire des « ouvriers du livre » qui varierait de « 5000 à 6000 euros » Qui dit mieux ?

Heureusement, les NMPP vont être modernisées : « Lors du dîner annuel organisé par l’Humanité  », Christine Albanel, (ministre de la Culture et de la Communication ) a annoncé un « soutien de l’Etat au plan de modernisation sur trois ans des NMPP "à hauteur de 12 M€". » (AFP, le 14 septembre 2007). Ce plan, intitulé "Défi 2010", « s’articule autour de plusieurs axes visant à obtenir une réforme des structures, des gains de productivité, une clarification de l’offre et une meilleur rémunération des diffuseurs » selon Christine Albanel. [4].

  Cap au Net ! « Qui ose dénoncer aujourd’hui l’utopie de l’Internet participatif ? » (Pierre de Gasquet, Les Echos, 12 septembre 2007). Personne... Les succès des blogs et de Rue89.com sont passés par là. Libération du 11 septembre 2007 le « confirme » en annonçant « l’ouverture de deux nouveaux sites » : Bibliobs (bibliobs.nouvelobs.com), le « premier satellite communautaire du nouvelobs.com est dédié aux livres » et Le Post.fr, « développé dans le giron du Monde Interactif, filiale du quotidien du soir et du groupe Lagardère, mais [qui] se présente comme “un produit spécifique, développé de manière autonome, sans lien avec le journal Le Monde.” Cette subtile différenciation montre qu’une étape vient d’être franchie, qui n’est pas encore assumée mais qui vaut le coup d’être expérimentée. Car le credo du Post, prototype encore en version bêta, c’est “le mix de l’info”. Et, dans le mixeur, on trouve à la fois des contenus produits par la rédaction et des contenus produits par les internautes, en un flux non hiérarchisé et non thématisé. » Le Monde affirme ne pas avoir « d’objectif d’audience  » (Stratégies, 13 septembre 2007). Ni de traque à la publicité ?

  Transhumance numérique encore. Les Echos ont lancé le 12 septembre 2007 une version « e-paper » qui offre à ses abonnés la possibilité « de lire sur un boitier spécifique le journal, réactualisé toutes les heures, et enrichi de nouveaux contenus ». Il s’agit « certainement d’une première mondiale » selon Philippe Jannet, directeur des éditions électroniques du groupe (Newsletter CB News 12 septembre). De son côté L’Equipe « lance une radio numérique » avec RTL (Les Echos, 7 septembre 2007).

 La bataille se judiciarise aux Echos . En plus de LVMH, avec qui Pearson (maison mère du quotidien économique Les Echos) est en négociation exclusive, un nouveau candidat s’est fait connaître : l’agence de notation financière Fimalac [5].

Fimalac « reste confiant » (Les Echos, 6 septembre 2007). La rédaction penche en effet de son côté puisque 210 journalistes opposés au rachat du titre par le groupe de luxe LVMH ont publié une lettre qui relaie une proposition de la direction de la rédaction de « renouveler son appel à Marjorie Scardino, [directrice du journal] pour qu’elle accepte de prendre en compte l’offre concurrente, celle de Fimalac » (Nouvelobs.com, 13 septembre 2007).

Par ailleurs, les élus du comité d’entreprise des Echos qui qualifient désormais l’attitude de Pearson d’« hostile », « […] ont décidé de saisir la justice, en dénonçant “l’opacité du processus” et un “simulacre de concertation” [6] » (Les Echos du 12 septembre 2007). Et ce, même si, le 5 septembre, Pearson a finalement consenti devant la pression à dévoiler aux élus du comité d’entreprise (CE) du quotidien la clause d’exclusivité signée avec LVMH : ce que le groupe britannique se refusait à faire jusque là. Au 20 septembre, la situation se tend. Les élus du comité d’entreprise se déclarant « prêt à poursuivre leur action juridique au pénal pour lever l’opacité sur le processus de vente" du groupe de presse. […] aujourd’hui, le comité d’entreprise estime que la direction cherche "à passer en force". » (Newsletter CB News).

À noter que le même Pearson « envisagerait de se désengager du Financial Times Deutschland (Les Echos, 12 septembre 2007). Pas au profit d’un LVMH outre-rhénan mais d’un éditeur de presse (incroyable, non ?) : Spiegel.

2. Presse régionale

  Concentration dans le grand Sud Ouest. Le groupe Sud Ouest (GSO), a approuvé le projet de rachat des Journaux du Midi au groupe Le Monde (Newsletter CB News, 10 septembre 2007). Immédiatement, « les représentants du Syndicat national des journalistes (SNJ) des différents titres concernés par le projet de rachat [...] ont appelé à la vigilance notamment sur "le maintien intégral du périmètre des titres" » (AFP, 9 septembre 2007). GSO vient également de se rapprocher du groupe La Dépêche du Midi en constituant le GIE Média Sud Europe. Ainsi, dans des départements comme l’Aude, l’Aveyron, le Gers ou le Lot-et-Garonne la presse quotidienne régionale, nous le redoutons pourrait ne plus parler que d’une seule voix.

  Concentration dans le Sud-est. À la suite de l’échec du projet « Pôle sud » [7], le Groupe Hersant Médias (GHM), ex- France-Antilles, a racheté les quotidiens du sud-est détenus par Lagardère (La Provence, Nice-Matin, Var-Matin, Corse-Matin et le gratuit Marseille Plus) pour 160 millions d’euros. Comme le souligne le SNJ-CGT dans un communiqué, « Le rachat des titres du groupe Lagardère constitue bien une opération de concentration qui met un peu plus à mal le pluralisme. En effet, le groupe Hersant possède déjà 31 titres de presse quotidienne, parmi lesquels Paris-Normandie, les deux titres du Havre en Normandie, L’Union - L’Ardennais de Reims et l’Aisne Nouvelle en Champagne-Ardennes et 6 titres outre-mer, 16 hebdomadaires régionaux sur la côte atlantique et en Normandie. Le groupe est un acteur majeur de la presse gratuite avec le groupe Comareg éditant les titres ParuVendu, distribué dans 260 villes, et le Journal des plages, distribué en juillet et août sur les lieux de villégiature balnéaire (il contrôle aussi le site CarrièreOnline). Mais, surtout, le groupe est un opérateur majeur de la télévision locale avec Canal 32 à Troyes, Télé Grenoble, Paris Cap’, Télé Alsace et des participations dans Orléans TV (37,8 %), Cityzen TV à Hérouville-Saint-Clair et Caen et Télé Miroir à Nîmes. Enfin, Philippe Hersant, qui est résident suisse, possède 4 quotidiens à Nyon et Neuchâtel et deux télévisions locales, Léman Bleu (au côté de la ville de Genève) et TVM3, chez nos voisins helvètes. »

 Concentration adoubée dans le Grand Est. Pour Philippe Hersant, cette opération a un goût de revanche puisqu’il avait été doublé par le groupe de l’Est Républicain lors du rachat des quotidiens du groupe Rhône-Alpes de l’ex-Socpresse (Le Progrès, Le Dauphiné libéré, Le Journal de Saône-et-Loire et le Bien Public). Il avait d’ailleurs déposé un recours auprès du Conseil d’Etat qui avait conduit à une annulation. Pourtant, le 28 août 2007, « la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, a donné son feu vert au rachat de cinq quotidiens régionaux de la Socpresse par Ebra (L’Est Républicain et le Crédit Mutuel) » (Nouvelobs.com, le 3 septembre 2007). Le 30 août 2007, le SNJ-CGT dénonçait « l’opacité entretenue » autour de ce rachat qui « permet à l’Est Républicain et au Crédit Mutuel de créer un groupe de presse qui est sans concurrence sur une zone englobant cinq régions  ». Toujours selon le SNJ-CGT, le « pluralisme recule encore et les personnels vont être les victimes de mesures de rationalisation. »

  Concentration dans le Centre. « Centre-France-La Montagne, basé à Clermont-Ferrand, va prendre 35% du capital de la République du Centre aux côtés des deux actionnaires actuels du quotidien orléanais, la SPARC et la Nouvelle République du Centre Ouest (NRCO, basée à Tours)  » (AFP, 14 septembre 2007). La « structure s’appellera "Grand Centre"  » et aura pour noble tâche de porter des « "projets industriels ou éditoriaux communs" en dégageant des synergies entre les trois groupes, notamment en matière d’impression, d’internet, de télévision ou de journaux gratuits » et « n’aura en revanche aucun impact rédactionnel sur les différents titres du nouvel ensemble », a ajouté leur attaché de direction à la République du Centre. (AFP, 14 septembre 2007)

  Concentration dans le nord-ouest et en région parisienne. Plus haut sur la carte, Publihebdos (SIPA/Ouest-France), « premier groupe français de presse hebdomadaire régionale (PHR), va acquérir les 14 titres du pôle PHR du Groupe Hersant Media, avec lequel des négociations exclusives sont en cours » (Newsletter CB News, 30 août 2007). Lire ici même le communiqué du SNJ.

  Plan social. L’Yonne Républicaine « va mettre en œuvre un plan de réorganisation qui prévoit notamment la suppression de vingt à trente emplois » selon l’AFP (13 septembre 2007) qui précise que le quotidien « bénéficie d’une structure économique originale pour une entreprise de presse puisqu’il ne fait partie d’aucun groupe de presse [...] Société coopérative ouvrière de production (SCOP), le journal appartient majoritairement à ses salariés qui détiennent chacun une part de son capital. ».

3. Presse magazine

  Le Crédit Agricole complète son portefeuille de titres. André Giovanni le propriétaire de Santé Magazine (chiffre d’affaire : « 14,5 millions d’euros ») l’a cédé à « l’entreprise de presse Uni-Editions », une filiale du « groupe Crédit Agricole » qui gère déjà « les magazines Dossier familial, Détente Jardin, Maison créative, Régal » (Newsletter CB News, 12 septembre 2007).

  Le gratuit de TF1 arrive. La co-entreprise du groupe TF1, de la holding Artemis (Pinault) et du japonais Recruit, créée le « 24 mai dernier », et baptisée le 30 août 2007 par la Commission européenne permet le lancement du « projet de" magazine urbain gratuit" mensuel offrant des coupons de réduction pour des commerces de proximité ». Il « sera lancé d’abord à Grenoble et à Rennes » (Newsletter CB News, 31 août 2007).

II. Audiovisuel.

  Le financement du service public audiovisuel. Comment remédier au sous-financement de France Télévisions ? Lors de sa conférence de presse de rentrée, Patrick de Carolis a envisagé deux hypothèses résumées ainsi par Le Monde (le 13 septembre 2007) : « soit une hausse de la redevance, soit l’introduction d’une coupure publicitaire dans les émissions dites de flux comme les divertissements, les variétés et les magazines de France 2. » Selon La Tribune du 12 septembre 2007 « le président de France Télévisions sait qu’il n’a aucune chance d’obtenir une hausse de la redevance que le candidat Sarkozy s’est engagé à ne pas augmenter ». Dans un entretien à l’AFP (13 septembre 2007), la ministre de la Culture et de la Communication, Christine Albanel, a évoqué au contraire « l’hypothèse d’un "petit ajustement" de la redevance télé, exprimant en revanche des réticences sur une coupure publicitaire supplémentaire pour accroître les revenus de France Télévisions ».

La coupure publicitaire supplémentaire s’est heurtée au mur du lobbying actif et tactique des affamés du secteur privé. Ainsi, Bertrand Meheut, le président du Groupe Canal « a estimé qu’il fallait considérer avec "une grande prudence" la question d’une éventuelle coupure publicitaire dans les programmes de flux sur les chaînes de France Télévisions, celle-ci risquant de "déstabiliser toute une profession" » (Newsletter CB News ,12 septembre 2007). TF1 et M6 l’on rejoint évoquant « 60 à 70 millions » d’euros de « "cadeau" fait au public  » (La Tribune du 12 septembre 2007). Par ailleurs, selon le site du Journal du dimanche (13 septembre 2007), les syndicats professionnels de la presse quotidienne (SPQN), de la presse régionale (SPQR) et de la presse magazine (SPMI) auraient écrit au chef de l’Etat pour s’assurer que cette mesure, qui « risque de déstabiliser le marché publicitaire français alors que la presse traverse une période de mutation » ne serait pas mise en œuvre.

  Quel avenir pour l’audiovisuel extérieur ? C’est peut-être nos amis belges qui sauveront l’intégrité de TV5 Monde. Leur pays est « contributeur […] à hauteur de 5,2 millions d’euros annuellement » du budget de cette chaîne. Et Le Monde du 7 septembre 2007 révèle que «  le gouvernement de la Communauté française de Belgique [...] redoute "certaines velléités visiblement très franco-françaises" de rapprocher la chaîne de France 24 et Radio France Internationale (RFI).  ». Mieux, selon leur ministre de la Culture, TV5 « ne saurait être transformée en "un instrument essentiellement au service du rayonnement international de la France" ». Dans l’immédiat, « Georges-Marc Benamou, conseiller pour la culture et l’audiovisuel à l’Elysée, » l’a rassuré en excluant « toute "fusion totalitaire"  » (sic) et a affirmé que « TV5 Monde "restera une chaîne généraliste, multilatérale et francophone", qui sera "modernisée" » (AFP, 6 septembre 2007). S’agit-il d’une traduction diplomatique de « la lettre de mission adressée récemment par le président Sarkozy à M. Kouchner pour le prier de procéder aux "réorganisations nécessaires" en vue d’assurer "un pilotage efficace et coordonné" de l’audiovisuel extérieur » (Le Monde du 4 septembre 2007) ? A suivre [8]

 L’information est une compétition. i-Télé « dispute la place de " première chaîne d’information "  » (Le Monde, 13 septembre 2007) à BFM-TV qui « ambitionne  » la même chose en « se démarquant par "un traitement non conformiste de l’actualité, contre la routine informative", [et] en donnant la priorité au direct. », notamment « grâce à des moyens légers de transmission en reportages » (Newsletter CB News 11 septembre 2007). CB News (10 septembre 2007) décrypte la stratégie de ces chaînes quant à l’information : « allonger, simplifier,"pipoliser" les programmes ».

 Bolloré « restructure ». Le groupe Bolloré a annoncé « la "fusion" de Euro Média Télévision, société qui regroupe toutes ses activités de prestataire audiovisuel (Euro Media, SFP, VCF et Tatou), avec le néerlandais UBF Media Group (Cinevideogroup, Videohouse...). » (CB Newsletter du 12 septembre 2007).

  Compétitions sportives.. « L’appel d’offres sur les droits TV de la Ligue 1, aujourd’hui détenus en exclusivité par Canal+, doit être lancé début novembre par la Ligue de football professionnel (LFP) ». L’enjeu financier est énorme. D’ailleurs, voilà le puissant club de l’Olympique Lyonnais, qui refuse que les dits droits soient « " inférieurs à 750 millions d’euros annuels" » et fait monter la pression sur les chaînes : « des "opérateurs étrangers" pourraient faire leur apparition sur le marché ». (Newsletter CB News, 10 septembre 2007). Les opérateurs sont concernés par ce créneau. La Tribune (14 septembre 2007) évoque le coup de sang de Neuf Cegetel qui «  assigne en référé Eurosport. La chaîne, liée par une exclusivité à CanalSat, [ayant] coupé son signal aux abonnés de Neuf TV », alors qu’Orange lance « sa propre chaîne sport ». Lagardère, enfin, préparerait une nouvelle acquisition dans le sport, après celle de Sportfive, selon une interview d’ « Arnaud », parue dans Les Echos du 13 septembre 2007 : « Nous avons trois ou quatre dossiers à l’étude hors d’Europe  ».

III. Et encore…

1. Des journalistes compétitifs

  Etienne Mougeotte. L’ancien vice-président de TF1, et « conseiller auprès de Nonce Paolini » (nommé en mai dernier directeur général du groupe TF1), a « pris ses fonctions de directeur de la rédaction du Figaro Magazine » (Newsletter CB News 21 août 2007).

  Benoît Duquesne. Europe 1 veut un « électrochoc pour reconquérir son audience » (Les Echos, 5 septembre 2007) et engage Benoît Duquesne comme « directeur de la rédaction ». Toutefois il reste à la tête du magazine de France 2 « Complément d’enquête ». Jean-Pierre Elkabbach, le directeur de la station (qui selon lui entre « cette année dans "une phase de conquête et d’anticonformisme” », Le Monde du 5 septembre 2007) ne voit aucun inconvénient à ce que le légendaire intervieweur casqué de Jacques Chirac « soit aussi sur France 2, tout comme Guillaume Durand, qui assurera cette année le "18-20" d’Europe 1. Au contraire ! C’est une chance pour Europe 1 ! Tout le monde peut faire autre chose, ça ne me choque pas si la plus grande partie de leur talent et de leur énergie va au service de l’entreprise ».

  Christine Ockrent. Christine Ockrent a jugé « "sexiste" et "insultante" la mise en cause » par le Syndicat national des Journalistes (SNJ) de France 3 et le SNJ-CGT qui ne s’interrogeaient pourtant que « sur la "crédibilité" de l’information au sein de "Duel sur la 3" [son nouveau magazine politique sur France 3], alors que le conjoint de la journaliste, Bernard Kouchner, "est un membre éminent du gouvernement en exercice" ». Pour sa part, « Paul Nahon, directeur de l’information de France 3, a souligné qu’il était "garant de l’intégrité, de l’honnêteté" du magazine et qu’il ne voyait pas en quoi la situation de Christine Ockrent pouvait poser un problème » (AFP, 13 septembre).

2. Des industriels compétitifs aussi.

  Les prises de position stratégiques de Vincent Bolloré et de Lagardère (mesures l’audience et études). Vincent Bolloré va siéger au conseil d’administration de Médiamétrie en tant que représentant du groupe Havas, son groupe de publicité. Il saura sûrement faire abstraction de ses actifs médiatiques, n’en doutons pas [9]. Ce n’est pas tout : « Le secteur des sondages politiques et des études de marché intéresse Vincent Bolloré. Un an après avoir acquis une participation dans la société CSA, il vient d’en prendre le contrôle opérationnel [...] Autre signe de cet intérêt : l’entrée au capital de la société d’études américaine Harris Interactive ». En clair : « Ces prises de position sont considérées comme stratégiques par M. Bolloré. La compréhension des comportements des consommateurs et des citoyens est un enjeu crucial aussi bien pour les entreprises que pour les acteurs institutionnels. Or l’homme d’affaire se targue de vouloir développer un groupe de communication intégré, présent sur la chaîne complète, de la connaissance du consommateur à la création de contenus et à leur diffusion.  ». (Le Monde, 17 septembre),

  Les industries de Lagardère se portent bien. Lagardère (au 1er semestre, une croissance de son résultat opérationnel courant de 34,1%) a confirmé aux Échos (12 septembre 2007) qu’il resterait un groupe industriel (EADS). Par ailleurs, « la croissance du pôle média a été de 13,5%, hors contribution de Lagardère Sports (intégration de SportFive) » mais « il souligne que les "bons résultats des activités magazines, distribution et livre ont notamment contribué à cette progression" ». Aucune précision sur le plan social. Peu avant, (fin août 2007) il rachetait Nextedia, « une agence de conseil en publicité interactive. Le groupe a payé, dans un premier temps, 50 M€ pour cette société » et en versera 50 autres plus tard (Newsletter CB News, 30 août 2007). Lire plus haut, « Compétitions sportives ».

 NextRadioTV paye cher son papier. Le groupe audiovisuel NextRadioTV (BFMTV, BFM, RMC) subit le contrecoup de son investissement ambitieux en presse écrite (l’acquisition au printemps du Groupe Tests [10]) avec « un résultat net négatif de -12,1 M€ au 1er semestre 2007 » (Newsletter de CB News, 18 septembre).

 
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Notes

[1Lire « Bild : Springer renonce et dénonce à mots couverts les syndicats » dans « L’Actualité des médias n°59, (1er juin- 10 juillet 2007) ».

[2Le Monde, par exemple. Aujourd’hui associé à Bolloré dans Matin plus, le « journal de référence » a dans un premier temps dénoncé la presse gratuite avec virulence. Pour un florilège de déclarations éthiques, lire ici même « Les gratuits et les vertueux ».

[3Voir « Le Bild français doit s’imprimer en France » dans « L’actualité des médias n°56 ».

[4L’Etat apporte donc son soutien à une « réforme des structures »… sur fond de chantage de la part de Lagardère. Celui-ci détient 49% des NMPP et menace de se retirer (avec ses magazines qui pèseraient 15% du chiffre d’affaire de la société) si les éditeurs (qui détiennent les 51% restant) persistent dans leur volonté de suspendre la redevance annuelle de 17 millions d’euros que Lagardère perçoit en tant qu’opérateur. Cette suspension intervient dans un contexte de pertes lourdes (12 millions d’euros en 2005). Lire aussi sur ce point « Clash aux NMPP » dans L’Actualité des médias n°58.

[6« Les élus du comité d’entreprise du quotidien Les Echos ainsi que les syndicats SNJ, SNJ-CGT, CFDT, CFTC et CFE-CGC ont saisi en référé le Tribunal de grande instance de Paris dans le cadre du projet du groupe britannique Pearson de vendre ce quotidien au groupe LVMH, indique un comité intersyndical publié jeudi 13 septembre 2007

[7Lire ici même « Un Monde sans Colombani ».

[8Lire aussi le communiqué syndical : « Audiovisuel extérieur : Quel avenir pour RFI ? ».

[9Comme Didier Quillot ? Le « président du directoire de Lagardère Active, va prendre la place de Christophe Sabot, patron du pôle musique du groupe, au sein du conseil d’administration de Médiamétrie. Il siègera en tanq que représentant permanent de sa filiale audiovisuelle, la société "Promotion et Spectacles” d’Europe 1. » (Newsletter CB News, 20 septembre).

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Sortie du Médiacritiques n°52 : Médias et écologie

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