C’est en suivant le lien vers l’article « Esclave sexuelle de l’EI, une jeune fille de 17 ans raconte son calvaire », publié le 3 juin dernier sur le site des Inrockuptibles, que les premières interrogations surgissent. On remarque en effet que l’article est mis en ligne dans la rubrique « buzzodrome » du site, qui recense les publications qui font le « buzz » sur internet.
Premier constat : l’histoire d’une jeune fille violée, battue, fouettée et brûlée pendant neuf mois, se retrouve donc dans une rubrique qui surfe sur le « buzz ». Délicat.
Deuxième constat, sous forme de question : est-ce parce qu’il est classé en « buzzodrome » que ce drame est associé en fin de page à des articles majoritairement connotés « sexo » [1], ce qui, chacun l’avouera, est d’une rare élégance ?
Troisième constat : dans la mesure où le seul critère semble être le « buzz », la rubrique « buzzodrome » agrège, par définition, des sujets très divers, qui apparaissent les uns à la suite des autres, sans aucun tri thématique ou hiérarchique. Dans le cas du témoignage de la jeune fille « esclave sexuelle de l’EI », cela donne… ça :
Au-delà de cet exemple particulièrement frappant, c’est un mélange malsain des genres qui s’opère dans l’ensemble de la rubrique « buzzodrome » du site. Ainsi :
Ou encore :
Mais aussi :
Et :
Etc.
Ainsi, sous le slogan « L’actualité qui fait le buzz », la rubrique « buzzodrome » entretient délibérément la confusion entre information et divertissement. Si le phénomène de l’infotainment est désormais bien connu dans les programmes télévisés, le principe du portail des sites web aurait dû les prévenir de ce type de tentation, en attribuant justement à chaque sujet une catégorie pertinente.
À tout mettre dans le même sac, Les Inrockuptibles participent à la relativisation de tous les sujets, ce qui ne permet plus de rendre compte des enjeux de chacun, et proposent aux internautes un mélange indigeste… sinon des plus écœurants.
La course au clic est-elle à ce prix ?
Chloé Jiro et Julien Salingue